« Il avait été le roi de la vie, couronné de dons éclatants, de désirs, de force, de joie, et c’était de tout cela qu’il venait lui demander pardon à elle, qui avait été l’esclave soumise des jours et de la vie, qui ne savait rien, n’avait rien désiré ni osé désirer et qui pourtant avait gardé intacte une vérité qu’il avait perdue et qui seule justifiait qu’on vive. » (Annexes, Feuillet V)
La mère de Camus (source)
« Je veux écrire ici l’histoire d’un couple lié par un même sang et toutes les différences. Elle semblable à ce que la terre porte de meilleur, et lui tranquillement monstrueux. Lui jeté dans toutes les folies de notre histoire ; elle traversant la même histoire comme si elle était celle de tous les temps. Elle silencieuse la plupart du temps et disposant à peine de quelques mots pour s’exprimer ; lui parlant sans cesse et incapable de trouver à travers des milliers de mots ce qu’elle pouvait dire à travers un seul de ses silences… La mère et le fils. » (Annexes, Le premier homme (Notes et plans))
Albert Camus, Le premier homme
Commentaires
Que rajouter? Nous ne sommes pas Camus. Tout est dit ici!
C'est ce qu'il me semble aussi, c'est pourquoi j'ai choisi ces extraits cités en annexe.
Tiens cela vient de me sauter aux yeux, ce rapprochement mère-fils avec Myriam la silencieuse des Evangiles et Yeshoua , le fils " jeté dans toutes les folies de notre histoire..." Camus y a-t-il pensé ? On peut imaginer tout ce qu'on veut !
Camus n'était pas croyant, même s'il avait fait sa communion comme tout le monde à son époque. II a écrit : "Mon royaume tout entier est de ce monde."
Quel extrait émouvant, ces mots""...elle traversant la même histoire comme si elle était celle de tous les temps." me touchent particulièrement en pensant à certaines femmes âgées que je connais fort bien.
Bon week-end.
Oui, nous en connaissons encore, de ces femmes-là. Bon week-end, Colo.
très émouvant, cela me donne envie de lire le livre
Je te le recommande, Niki. A bientôt.
Ah oui, moi j'ai toujours fui ce livre (j'ai sans doute eu une indigestion due à l'école, quand on "devait" lire et analyser un livre et qu'on tombait mal, que ce soit le livre, l'auteur, nos propres hormones ou humeurs...) mais là... je suis tentée!
Ravie de te donner envie de revenir à Camus, Edmée.
je l'ai déjà dit, j'ai adoré ce livre et il m'a terriblement émue, de bout en bout
Merci de le redire ici. Bonne fin de journée, Adrienne.
Bien choisies ces notes, merci !
Vous les retrouverez en Folio ou mieux, si cela vous tente, dans le tout nouveau Quarto qui vient de paraître : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Quarto/OEuvres20
Quel talent ! A relire c'est certain.
Très intéressant le lien (sur la jeunesse de Camus) sous la photo de sa mère. Merci pour cet article Tania !
Merci d'attirer l'attention sur ce lien, intéressant et bien illustré.