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Le temps du Courrier

A cette période de l’année où nous échangeons nos voeux, difficile de ne pas songer au temps qui passe. Autour de ce lieu commun, le dernier Courrier international propose un numéro spécial très intéressant : « Le temps passe-t-il trop vite ? De Buenos Aires à Pyongyang, de Dar Es-Salaam à Berlin, comment notre rapport au temps influence nos modes de vie ».

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Cartographie.
Le tour du monde en vingt-quatre fuseaux © Courrier international, 

« La carte du temps » présente l’échelle du temps UTC (temps universel coordonné) basée sur le temps atomique international, plus précise que le temps GMT (temps moyen de Greenwich). Les fuseaux horaires peuvent se transformer pour des raisons politiques ou économiques. Si aux Etats-Unis (6 fuseaux horaires), chaque Etat est libre d’avancer d’une heure au printemps et de retarder d’une heure en automne, en Chine (5 fuseaux horaires), tout le territoire est dans le seul fuseau UTC+8, à l’heure de Pékin depuis 1949. Un mathématicien polonais propose d’adopter un seul fuseau horaire en Europe, au lieu de trois.

Les Européens n’ont pas tous le même rythme de vie. El País (Madrid) s’est demandé ce qu’ils font à 18h : les Espagnols sont au bureau (jusqu’à 19h30), les Suédois dînent, les Néerlandais rentrent chez eux ou vont à la salle de sport, les Finlandais sortent, au cinéma ou ailleurs. Pour les Britanniques, c’est l’heure du journal télévisé ou de dîner ; les Allemands quittent le boulot ou, en fin de semaine, vont boire une bière. Les Italiens font leurs courses avant l’apéro. Les Français s’apprêtent à terminer leur journée, ils dîneront entre 20 et 21 heures.

Dans The Guardian (Londres), Alan Jacob, professeur de littérature anglaise au Texas, voit en Trump « une créature de l’ici et maintenant, qui ne réagit qu’aux stimulus immédiats » et recommande la lecture de vieux livres pour « s’instruire sur l’existence d’autres possibilités à peu de frais ». Il voit dans les « petites phrases » des médias sociaux et des journaux télévisés un terrain fertile pour le moi « ténu », « sensible uniquement aux nécessités de l’instant » et invite à élargir notre gamme de fréquences temporelles.

Le syrien Yassine Al-Haj Saleh raconte dans Al-Jumhurya (Istanbul), comment les réfugiés vivent « entre parenthèses ». Un prisonnier essaie de neutraliser le temps en s’adonnant à des activités utiles, un réfugié « fait ce qu’il peut pour essayer de demeurer maître de sa vie ». Cela suppose au minimum « un point de stabilité, un logement si possible ». Il distingue ceux qui vivent dans l’attente du retour, comme « en suspens », dans un pays proche, de ceux qui s’installent dans des pays plus éloignés pour y rester, tout en espérant la fin de la guerre.

On apprend que les deux Corées viennent de corriger la demi-heure de décalage horaire entre Nord et Sud ; qu’au Japon, les femmes travaillent de plus en plus et n’ont plus le temps de cuisiner pour leur famille, d’où le succès de produits alimentaires rapides à préparer : « vingt minutes, découpage des légumes et assaisonnement compris ».

Un article du East African (Nairobi) explique que « les Tanzaniens ne sont pas paresseux », mais « pragmatiques ». « Le temps africain est celui que vous prenez pour accueillir votre employé, la tasse de thé que vous offrez à un visiteur, les vingt minutes de trajet supplémentaire pour rendre visite au père d’un ami à l’hôpital, les cinq minutes de retard à cause d’un détour pour déposer un voisin. » Sa conclusion : « Et nous espérons que la machine à broyer et uniformiser du temps ne nous changera pas. »

Vous trouverez quelques titres du dossier « Le temps passe-t-il trop vite ? » sur le site (articles réservés aux abonnés), ainsi qu’une vidéo de présentation. On y analyse les raisons de notre impatience grandissante, du manque de ponctualité. On y dessine différentes visions du temps et de l’histoire de six façons différentes, et pas seulement la ligne (vision linéaire) et le cercle (vision cyclique). On y parle des changements d’heure, du travail à la demande, des files d’attente, du temps sur Mars où les jours sont plus longs que sur la terre, du tic-tac interne de l’être humain…

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© Katie Paterson, Future Library, 2014

Enfin, sous le beau titre « Les écrivains au bois dormant », Merve Emre présente dans le New York Times la Bibliothèque du Futur conçue par l’écossaise Katie Paterson. En 2014, mille épicéas ont été plantés en Norvège pour cent ans. En 2114, ils deviendront pâte à papier pour la « Future Library » qui réunira cent livres, un par année de croissance. Quatre écrivains y ont déjà contribué : Margaret Atwood, David Mitchell, Sjón et Elif Shafak. L’article examine tous les aspects de ce projet qui paraît futile voire insupportable à certains – ces livres ne sont pas destinés à être lus mais à « rendre palpable la matérialité de la culture » – et pourtant d’une haute valeur symbolique. Ce numéro du Courrier international ne m’a pas fait perdre mon temps.

Commentaires

  • Je me suis procuré depuis quelques jours ce CÎ spécial que vous aviez indiqué, je découvre à l'instant (en vacances en France, j'attendrai d'être rentré pour le lire à l'aise) .le prjet de l'artiste écossaise. L'idée de matérialiser la culture me rappelle la réflexion de l'épouse d'un écrivain liégeois qui, lors d'une présentation d'un des ouvrages de ce dernier, insistait sur lidée d'objet-livre comme aboutissement. Elle montrait le bouquin serré dans la main, quelque chose de concret au bout d'un chemin de création..

  • On a tous présent en mémoire je pense ce que représentait "l'heure bantoue", qui n'avait pas vraiment de forme pour les européens qui voulaient s'y ... fier :)

    Et je pense aussi à la notion de beaucoup ou peu... Un de mes amis Cherokee m'a raconté que son père avait appris l'anglais à l'école et qu'on leur interdisait, naturellement, de parler leur langue. Aussi père et fils avaient-ils du mal à communiquer, puisque le plus vieux parlait à peine l'anglais et le petit ne pouvait le parler. Un jour ils construisaient une sorte de hutte dans la forêt, et le père dit au petit d'aller lui chercher beaucoup de feuilles pour recouvrir. "Beaucoup? Combien?" demande l'enfant, et son père de répondre par la seule quantité "blanche" qu'il connaisse et lui semble correspondre à "beaucoup", et répond "3000" :D

    Le pauvre petiot était effaré :D

    Joyeuses fêtes et bon passage au prochain chapitre :)

  • Pour te souhaiter une bonne année, bonne et même excellente, cette chanson qui parle du...temps, oui!
    https://www.youtube.com/watch?v=ISSZYTPhqVo


    besos

  • J'aime bien ta conclusion. Et pourquoi donc le temps passe-t'il de plus en plus vite lorsque l'on vieillit ? Les interrogations à propos du temps sont infinies. Bonne fin d'année et bon passage à la suivante Tania.

  • Merci, ça me passionne, je vais essayer de mette la main sur ce numéro, j'aime bien les Tanzaniens, tiens!

  • @ Christw : Bon passage à l'an dix-neuf dans le même fuseau horaire. Le livre en tant qu'objet, vous savez que j'y suis attachée, j'y vois aussi un aboutissement, pour l'auteur, un commencement, voire une présence, pour ses lecteurs.

    @ Edmée De Xhavée : Merci pour cette histoire et rendez-vous l'année prochaine, Edmée.

    @ Colo : Une chanson à ajouter à la sélection du Courrier, merci. Bonne soirée, Colo avec ou sans réveillon, mais avec le temps d'un baiser pour se dire à bientôt.

    @ Aifelle : Parce que le temps "qui reste" s'amenuise forcément ? Mais vieillir, c'est aussi mieux savourer le moment présent, je trouve (disons, quand tout va bien). Bon passage à 2019, Aifelle.

    @ Keisha : J'ai beaucoup aimé cet article sur le temps "africain", moi aussi, Keisha. Prenons ce temps pour les autres. Ce soir, demain...

  • une bonne idée que ton billet, un thème qui me titille depuis longtemps longtemps longtemps :)
    très belle année à toi

  • et en voyage, le temps qu'on passe à attendre des bus, des avions, la nipotina, à faire la queue à des guichets de toutes sortes..., ton billet tombe à pic avec les réflexions que je me faisais ces jours-ci en attendant... :-)

  • @ Dominique : Ce Courrier offre plein de pistes de réflexion. Merci, Dominique, bonne année à toi aussi, bonne santé.

    @ Adrienne : En profiter pour observer ? pour méditer ? ;-)

  • La lecture de ton article s'est concrétisée pour moi par l'achat de ce numéro de "Courrier International". Je me réjouis à l'idée de lire et d'approfondir tous ces articles. Merci Tania !

  • La thématique du temps est toujours passionnante. Merci, Tania ! Tous mes vœux pour une année 2019 heureuse et... à ton rythme.

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