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Promesse de visages

« Promesses d’un visage, L’art du portrait des primitifs flamands au selfie », c’est le titre en français de l’exposition Promises of a Face aux Musées royaux des Beaux-Arts (MRBAB) – l’affiche en anglais cible les touristes ; j’ai saisi l’occasion de revoir des peintures tirées des réserves, entre autres de feu le Musée d’Art moderne. A voir à Bruxelles jusqu’au 15 juillet.

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« Memling, Rubens, Van Dyck, Gauguin, Ensor, Chagall, Delvaux, Bacon, Tuymans, Borremans, Fabre, Vanfleteren… À travers cette exposition, le visiteur redécouvrira dans un nouveau contexte certains chefs-d’œuvre des Musées royaux des Beaux-Arts. Les maîtres anciens y dialoguent avec les créations les plus contemporaines et les célébrités d’hier et d’aujourd’hui se côtoient de façon inédite. » (site des MRBAB)

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On aperçoit d’en haut en arrivant le « troupeau » de Jan Fabre, un ensemble spectaculaire d’autoportraits en bronze ou en cire, une vingtaine, à différents âges, tous affublés d’oreilles ou de cornes animales, non sans ironie : « L’autoportrait comme une aspiration vers ce qui est étrange et autre. » Ils font face à des autoportraits de peintres de différentes époques.

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Ecole des Pays-Bas méridionaux, Paysage anthropomorphe. Portrait d'homme, seconde moitié du XVIe s., MRBAB, Bruxelles

Puis l’accrochage est chronologique, des portraits anciens, parfois flanqués d’une œuvre contemporaine (comme la photo d’un sans-abri par Serrano près d’un portrait du XVe siècle), aux portraits modernes. Pas de panneaux explicatifs ; les peintures et quelques sculptures sont groupées par type – portraits de famille, portraits royaux, épouses d’artistes, enfants…

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Lambert Suavius (attribué à), Portrait de Guillaume de Norman le jeune ?, vers 1540, MRBAB, Bruxelles

Devant les portraits de bourgmestres flamands ou ceux des archiducs Albert et Isabelle par Cornélis de Vos, on repense à ce qu’écrivait Baudelaire dans Le peintre de la vie moderne, un passage lu près du Portrait de Guillaume de Norman le jeune (des citations et notices sont proposées tout au long du parcours sur des feuillets collés au mur avec un adhésif, voir ci-dessus) : « (…) la plupart des beaux portraits qui nous restent des temps antérieurs sont revêtus des costumes de leur époque. Ils sont parfaitement harmonieux, parce que le costume, la coiffure et même le geste, le regard et le sourire (chaque époque a son port, son regard et son sourire) forment un tout d’une complète vitalité. »

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Rembrandt, Portrait de Nicolaes van Bambeeck, 1641, MRBAB, Bruxelles

Après une longue série de portraits masculins, parfois accompagnés de celui d’une épouse ou d’une famille, je m’arrête devant deux peintures magistrales : l’une signée Frans Hals, Portrait de Johannes Hoornbeek, professeur à l’université de Leyde, un livre à la main, date de 1645 ; l’autre, Portrait de Nicolaes van Bambeeck par Rembrandt, de 1641 (ci-dessus). Des visages qui vivent, des personnalités perceptibles en plus d’un statut social.

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Jean Delville, Portrait de la femme de l'artiste, 1916, MRBAB, Bruxelles

Il faut attendre les XIXe et XXe siècles pour plus de liberté ou de fantaisie dans la représentation et souvent pour des sujets féminins, quoique Femme en gris (1904), le premier portrait de Nel par Rik Wouters soit fort austère par rapport à la façon dont il la montrera plus tard. Jean Delville peint sa femme dans une pose très souple, rêveuse, plus rassurante que le Portrait de madame Stuart Merrill aussi appelé Mysteriosa.            promesses d'un visage,portraits,exposition,musées royaux des beaux-arts,bruxelles,peinture,sculpture

Paul Gauguin, Portrait de Suzanne Bambridge, 1891, MRBAB, Bruxelles

Gauguin a trouvé des bleus et des roses délicats pour le portrait de Suzanne Bambridge (1891), dont les parents s’étaient installés à Tahiti. Cette peinture vient d’être restaurée. Non loin, Femme lisant et fillette de Van Rysselberghe (1899) date de la même époque – portraits ou scène de genre ? –, les deux façons de peindre sont très éloignées l’une de l’autre.

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Léon Spilliaert, Profil, 1907, Encre de Chine, craie rouge et bleue sur papier, MRBAB, Bruxelles
Edouard Agneessens, La flamande, ca. 1867, huile sur toile ovale, MRBAB, Bruxelles

Parfois l’association de deux tableaux n’est que formelle : entre Profil de Spilliaert et La Flamande d’Agneessens, quelle différence de peinture et d’univers aussi ! Quarante ans séparent ce portrait symboliste et le tondo de belle facture classique.

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Louis Gallait, Simonne Bucheron à trois ans, 1872 / Louis Faider à trois ans, 1879, MRBAB, Bruxelles

Louis Gallait a peint Simonne Bucheron à trois ans en 1872, Louis Faider au même âge en 1879. La fillette regarde sur le côté, sa pose est assez naturelle, celle de son chien aussi, tandis que le gamin et son chien sont campés tout droit. Lui est en promenade, avec son bâton, elle à l’intérieur, près d’un fauteuil. Stéréotypes du genre.

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Georges Verbanck, dit Geo, Fillette affligée, bois polychrome, 1917, MRBAB, Bruxelles

L’ensemble contient de belles choses, de grands noms, il m’a paru pourtant hétéroclite ; les rapprochements ne permettent pas vraiment de comprendre comment a évolué la peinture du portrait. Avec ces 160 œuvres sélectionnées dans les collections, comme l’écrit Guy Duplat, l’exposition offre « une balade comme un autoportrait du musée, avec un fil assez ténu » (La Libre Belgique).

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Au niveau – 3, entre autres activités ludiques, des feuillets sont à disposition pour écrire un commentaire
à coller avec un adhésif près d’une reproduction (ils ne sont pas tous aussi sympathiques).

Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de visiter le Musée d’art moderne avant sa fermeture, c’est l’occasion d’en découvrir certains chefs-d’œuvre, quoique hors contexte. Pour tout le monde, c’est l’occasion d’une trouvaille ou l’autre, par exemple, pour moi, cette sculpture de Geo Verbanck si expressive, Fillette affligée. Ou encore de s’exprimer par écrit à la sortie de cette exposition conçue comme un « libre parcours » (Michel Draguet).

Commentaires

  • Cette "Fillette affligée" est splendide, les œuvres de Jean Delville et Jan Fabre me séduisent elles-aussi. J'aime dans une expo, être surprise ou émerveillée par une œuvre ou deux, elles vivent longtemps dans ma tête et c'est plaisant. C'est un fil conducteur qui prend naissance là et qui continue son chemin en douceur... Bises, belle journée Tania. brigitte

  • "La fillette affligée" me frappe moi aussi ; et les roses et bleus de Gauguin sont très beaux.

  • @ Adrienne : J'espère que tu auras ouvert le lien juste au-dessus, nettement plus élogieux. Tu sais, je finis par penser que mon "manque" de notre Musée d'art moderne déteint sur mes impressions quand je suis entre ces murs.

    @ Plumes d'Anges : Tu as raison, cela suffit... et j'y retournerai peut-être. Bonne après-midi, Brigitte.

    @ Aifelle : Les collections belges comportent deux autres beaux Gauguin que tu peux voir ici : https://www.fine-arts-museum.be/fr/la-collection/artist/gauguin-paul-1?letter=g

  • très beau billet, tania - j'y vais dans 15 jours avec ma copine historienne d'art (visite guidée) - merci de m'en avoir donné un aperçu

  • Bonsoir Tania, j'apprécie beaucoup ton billet avec les liens.
    La sculpture de "la fillette affligée" est remarquable. J'ai tout aimé, un grand merci Tania.
    Douce soirée, bisous ♥

  • @ Niki : La visite guidée en donnera certainement une vision plus intéressante.

    @ Denise : Ravie que tu ouvres les liens, Denise. Oui, cette petite est fort expressive. Bonne journée - ici sous un grand ciel bleu ce matin.

  • Si je comprends bien une exposition pas totalement satisfaisante. Ce que tu dis donne l'impression d'un travail un peu "bâclé". Dommage !
    Heureusement certaines oeuvres sont magnifiques. J'ai beaucoup aimé le contraste entre les tableaux de Delville et de Gauguin.
    Comme toi (?), toujours agacée par ces titres en anglais. Le plaisir du voyage est pourtant bien de se perdre un peu...

  • J'en attendais davantage. Peut-être une deuxième visite me permettra d'approfondir le face à face, les oeuvres en valent la peine. (Oui, cette communication en anglais m'agace quand elle gomme nos langues nationales.)

  • Similitude entre ce que tu nous présentes et une expo "ceci n'est pas un portrait" que j'ai eu l'occasion de voir (et de croquer) qui présentait Murillo, Fragonard, Aubert....Tu aurais certainemet aimé.

  • Tu n'avais pu y croquer que l'affiche (j'ai trouvé ton billet). Bonne fin de journée, Chinou. Par ce dimanche quasi estival ici, une balade dans la nature s'imposait.

  • Je ne pourrai plus en écrire un billet car un problème chez canalblog m'empêche d'avoir accès à l'administration de mon blog. Ils prétendent que le problème est chez moi, alors qu'en onze ans je n'ai jamais eu de problème de ce type. Mon fils aîné est informaticien et confirme. Je pense que ma belle aventure de blogueuse se termine

  • Oh, pas possible, Niki, quelle tuile ! C'est scandaleux de te priver ainsi de l'accès à ton blog. J'espère qu'il y aura une solution. Courage.

  • Tant mieux, Claudialucia. Je suis loin de tout apprécier dans l'oeuvre de Jan Fabre, mais ici cette autodérision "multipliée" m'a plu.

  • Merci pour ce billet Tania... j’irai voir l’exposition pour « l’occasion de la trouvaille » !

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