« La curiosité de Mlle Wolfermann était piquée au vif, plus encore qu’à l’accoutumée. En vain : ce chantre se faufilait dans l’église bien avant l’arrivée de la foule ; il se postait aux côtés de l’orgue de manière à n’être vu par personne, pas même par les occupants de la loge princière, mais dans un angle étudié et choisi pour le faire bénéficier de la meilleure acoustique ; seul l’organiste savait son identité, mais il demeurait d’une discrétion absolue à ce sujet. Celui-ci ne prenait même plus ombrage de ce que l’aura du chantre invisible éclipsait sa propre virtuosité, l’éclat de son jeu d’anches ou la sonorité distinguée de ses flûtes et hautbois ; de toute façon il n’était pas ingénieur, jamais sa technique n’étouffait l’art. »
Pierre Assouline, Sigmaringen
Entrée principale du château de Sigmaringen, photo Berthold Werner (Wikipedia)