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liège - Page 2

  • Cavalier

    21 max-liebermann-reiter-am-strand.jpg« L’un des plus grands peintres impressionnistes allemands, Max Liebermann, naît en 1847 à Berlin. Il sera le peintre par excellence de la transition entre les anciens et les modernes. (...) Les nazis hésitent avant de qualifier ses œuvres « d’art dégénéré ». En effet, celles-ci restent figuratives et, en dépit de leur facture impressionniste, relèvent d’un certain classicisme. Mais le fait que Liebermann soit juif et libéral, défauts majeurs aux yeux des nazis, décide de leur sort ; elles sont finalement qualifiées « d’art dégénéré ». Pourtant seules six toiles sont retirées des musées allemands.
    Parmi elles, Reiter am Strand, saisie à la Bayerisches Staatsgemälde-Sammlung de Munich en 1937 et vendue en 1939 par la galerie Fischer au Musée des Beaux-Arts de Liège pour 3200 CHF. Liebermann est rapidement réhabilité après la guerre en Allemagne. »

    Catalogue 21 rue La Boétie, La Boverie / Tempora, Liège, 2016.

    Max Liebermann, Reiter am Strand (Le Cavalier sur la plage), 1904, Musée des Beaux-Arts, Liège.

  • Galerie P. Rosenberg

    21 rue La Boétie : le titre du récit d’Anne Sinclair (pas encore lu) est celui de la belle exposition que je viens de visiter à Liège, au musée de la Boverie (jusqu’au 29 janvier 2017). L’histoire d’un grand-père juif, Paul Rosenberg (1881-1959), et de sa galerie d’art parisienne emportée dans la tourmente du nazisme. S’il n’y a aucune commune mesure entre la « solution finale » et le pillage des œuvres d’art pendant la seconde guerre mondiale, c’est néanmoins une très intéressante période de l’histoire de l’art et de l’histoire tout court qui se déroule là.

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    La galerie Paul Rosenberg s’ouvre à Paris en 1910, quand les galeries marchandes se multiplient dans la capitale française et inventent une autre façon de présenter les œuvres d’art que celle des « salons » traditionnels. La reproduction en grand de l’enseigne publicitaire peinte par Watteau pour Gersaint, marchand d’art, forme un beau portail au seuil de l’exposition. De nombreux textes (en français, néerlandais, allemand, anglais) jalonnent ce parcours très didactique dans l’histoire de la galerie Paul Rosenberg.

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    Watteau, L'Enseigne de Gersaint (1720)

    On y découvre une affaire de famille, du commerce d’art et d’antiquités d’Alexandre Rosenberg avenue de l’Opéra (le père venu de Slovaquie en 1878) aux galeries fondées par ses fils. Léonce Rosenberg, l’aîné, défend les cubistes à L’Effort moderne, puis son frère ouvre au 21, rue La Boétie la galerie Paul Rosenberg, avant Londres (1936) et New-York (1941). Une vidéo sur écran panoramique raconte cet essor des galeries d’art à Paris et « le système Rosenberg », à savoir les méthodes qui ont permis au galeriste un tel succès.

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    Paul Rosenberg en 1914, au 21 rue La Boétie © Archives Paul Rosenberg.

    En plus des expositions périodiques de qualité qu’il organise et fait connaître par le biais d’affiches, de catalogues, d’annonces dans la presse, Paul Rosenberg présente chez lui des ensembles décoratifs mêlant œuvres d’art et meubles d’antiquaires : ainsi, il donne à ses clients une idée de l’effet d’un tableau dans un intérieur. En accrochant à l’étage des toiles de maîtres du XIXe siècle, il rassure ceux qui hésitent encore devant la peinture moderne.

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    Picasso, Etudes pour du papier à lettres pour la galerie Paul Rosenberg

    A la demande du galeriste, Picasso dessine une vue pour son papier à lettres : on peut voir dans une vitrine diverses études d’une vue sur mer par une fenêtre ouverte où les lettres « P » et « R » s’arrondissent dans le fer forgé du balcon. Puis un portrait de Paul Rosenberg qu’il a dessiné à la mine d’un plomb, près d’une grande photographie. « Picasso, Matisse, Braque, Léger… » annonce l’affiche de « 21 rue La Boétie » ; il manque à cette liste des artistes phares de la galerie le nom de Marie Laurencin, la première artiste vivante à être promue par Paul Rosenberg, dès 1913. 

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    Marie Laurencin, Les deux Espagnoles, 1915, collection particulière

    Il est vrai qu’avec Picasso, le plus célèbre, qui le rejoint en 1918, se noue une véritable complicité : Paul Rosenberg l’installe dans un atelier confortable au 23, rue La Boétie, à côté de chez lui. Cette année-là, Picasso, en pleine période cubiste, peint dans une facture classique le portrait de Mme Rosenberg et de sa fille Micheline (grand-mère et mère d’Anne Sinclair) en voisin et ami de la famille – la petite l’appelait « Casso ».

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    Fernand Léger, Le déjeuner (Le grand déjeuner), 1921-1922, MOMA, New York

    Magnifique grand Déjeuner de Fernand Léger (1921-1922), un prêt du MOMA, où le peintre installe trois femmes « post-cubistes » aux longs cheveux noirs rassemblés d’un côté du visage, un livre, du thé, un chat, dans un décor tout en rythme géométrique, droites et courbes : du rouge, du jaune, des aplats de couleurs pures animent cette composition qui évoque à la fois la vie moderne et le quotidien. Près d’une grande photo de la cage d’escalier du 21, rue La Boétie dans les années 30, une visionneuse permet de voir d’autres photos N/B de la galerie et de de la manière d’y présenter les œuvres.

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    Corot, La liseuse, ca. 1845-1850, Collection Fondation E.G. Bürhle, Zurich

    Des documents d’époque rendent compte des activités de la galerie Paul Rosenberg : feuillets d’expositions, lettres, et c’est un formidable inventaire de peintres qui ont marqué l’histoire de l’art au XIXe siècle et dans la première partie du XXe. Si La route de Versailles de Sisley est un prêt du musée d’Orsay, Sur la route de Versailles à Louveciennes (La Conversation) par Pissarro, Avant le départ (sur un champ de courses) et un portrait du vicomte Lepic par Degas viennent de la Fondation Bührle à Zurich. De même, une belle Liseuse de Corot : en montrant des peintres dont la réputation ne laisse aucun doute, Paul Rosenberg rassurait sa clientèle fortunée sur la valeur des peintres contemporains.

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    Georges Braque, Femme à la mandoline, 1937, MOMA, New York

    Que les admirateurs de Georges Braque ne manquent pas cette exposition, notamment pour Femme à la mandoline et Le Duo, deux superbes compositions. De Braque, on découvre une nature morte en mosaïque de marbre dans une table basse, une des quatre tables où Paul Rosenberg, avant de vendre sa maison parisienne après la guerre, a fait poser les mosaïques qui ornaient les murs de sa salle à manger (le « Quartet Rosenberg »). Une très belle nature morte de Picasso, toute en nuances de gris avec un accent rouge, Pichet et coupe de fruits (1931), est restée longtemps dans la famille Rosenberg. J’ai aussi aimé sa Nature morte à la tête antique (1925, Centre Pompidou), un des dons de P. Rosenberg à la France en 1946.

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    Picasso, Pichet et coupe de fruits, 1931, Collection David Nahmad, Monaco

    De Marie Laurencin, on expose de belles toiles comme Les deux Espagnoles (1915, collection particulière) et La Répétition, un groupe de jeunes femmes avec un chien, entre autres. Mariée à un baron allemand, elle avait dû s’exiler en Espagne durant la Grande Guerre. Matisse, qui a longtemps vendu ses œuvres en toute indépendance, rejoint Paul Rosenberg en 1936. Leçon de piano, Robe rayée, de beaux Matisse figurent à l’exposition. On y montre aussi le côté souvent méconnu ou caché du marché de l’art : Paul Rosenberg était connu pour bien payer les artistes et on affiche le barème qu’il utilisait en 1936 pour fixer la valeur des toiles qu’on lui confiait, selon leur format et leur sujet (figure, paysage, marine).

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    Matisse, La Leçon de piano, 1923, Collection particulière

    Si l’entre-deux-guerres est une période féconde, les années 1940 voient s’effondrer tout un univers. De façon très pertinente, l’exposition de Liège montre la rupture idéologique créée par les nazis entre l’art « allemand » et l’art « dégénéré » : une large section de 21, rue La Boétie explique et illustre cet épisode de notre histoire de façon très intéressante, avec des films d’archives, des photos, des affiches des expositions organisées à ce sujet en Allemagne. Et des tableaux deux par deux, un même sujet peint tantôt de façon réaliste ou académique, tantôt de façon moderne. Ainsi peut-on apprécier à quel point par exemple Gauguin, avec Le sorcier d’Hiva Da (1902), ou Picasso, avec La famille Soler (1903, acquis par la ville de Liège à la vente « de Lucerne » en 1939), créaient au début du XXe siècle un art absolument nouveau.

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    Entrée de l'exposition "Art dégénéré"
    https://www.welt.de/kultur/gallery1020894/Die-Diffamierungs-Ausstellung-der-Nazis.html

    On peut même y écouter de la musique « dégénérée ». Tout ce qui touchait de près ou de loin à ce que les nazis appelaient la « juiverie » était visé par ces odieuses campagnes de propagande. J’ai été frappée, en regardant un film, par les visages impassibles des gens qui se pressaient à l’exposition d’art dit « Entartete kunst », comme s’ils évitaient à tout prix de manifester leur sentiment. Le comble, c’est que cette exposition tournante montrée dans les grandes villes allemandes a été vue par plus de trois millions de visiteurs, le record pour une exposition d’art moderne à cette époque !

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    Galerie Paul Rosenberg, New York

    Ce sont des années fatidiques pour la galerie Paul Rosenberg à Paris. C’est même dans sa propre maison, au 21, rue La Boétie, que s’installe en 1941 « l’infâmant Institut d’Etude des Questions Juives ». Heureusement Rosenberg avait des œuvres à l’étranger, à New York ; les nazis ont fini par s’emparer de celles qui avaient été cachées à Bordeaux ou dans un coffre à la banque. Le pillage des œuvres d’art par l’occupant allemand, aidé de collaborateurs – près de 22000 objets d’art, dans plus de 200 collections privées ! – est un autre chapitre très bien montré à l’exposition, ainsi que tout le travail d’après-guerre pour faire restituer les œuvres à leur propriétaire légal. L’organisation impeccable de Paul Rosenberg a été très précieuse pour permettre cette récupération : chaque œuvre qui passait par sa galerie était photographiée et soigneusement fichée, on peut en voir des exemples à l’exposition. L’itinéraire d’un tableau de Matisse, Profil bleu devant la cheminée, est raconté, étape par étape, depuis sa création à Nice en 1937 jusqu’à son retour dans la famille Rosenberg en 2014 !

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    Anne Sinclair près de son portrait (1952) par Marie Laurencin 

    Anne Sinclair, au début du catalogue, remercie tous ceux qui ont réussi à rendre compte de ce destin de galeriste dans « l’aventure que fut l’art moderne » en rassemblant quelque 60 toiles passées par la galerie de son grand-père, et en particulier Benoît Remiche et Elie Barnavi, commissaires de cette exposition originale et très bien montée, alliant l’art et l’histoire. Celle-ci se termine sur un joli petit portrait d’Anne Sinclair à quatre ans par Marie Laurencin.

  • Aller à pied

    Liège Boverie (33) bis.jpg« Le promeneur au 18e et au 19e siècle, tout comme aujourd’hui bien sûr, est un homme potentiellement issu de toutes les classes sociales ; nulle d’entre elles n’échappe à cette envie de se retrouver seul, en couple, en famille ou en groupe, avec la nature et ses « ornements » – ainsi que les artistes et les théoriciens du paysage nomment les arbres, les rochers, les plantes ou les cours d’eau. Que cela soit par nécessité – un déplacement professionnel ou familial – pour le plaisir de la marche et du sport aussi bien que dans un désir de méditation ou de détente, à tous les âges, on a toujours été amené à « aller à pied ».   

    Vincent Pomarède, Fragments introduisant à la représentation picturale des loisirs in Catalogue En plein air, La Boverie, Liège, 2016.

  • La Boverie nouvelle

    Entre la Meuse et sa dérivation, le parc de la Boverie n’est pas si facile à trouver pour qui connaît peu Liège – où se garer ? – mais une fois la voiture laissée sur l’autre rive, cela ne manquait pas de charme de découvrir à distance la nouvelle galerie vitrée du musée de la Boverie, de longer l’eau à pied jusqu’au pont Albert Ier, puis d’aborder le site côté jardin à la française, en pleine saison des roses.

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    « En plein air », l’exposition inaugurale, correspond bien à l’esprit du lieu. Le nouveau musée de la Boverie, installé dans l’ancien Palais des Beaux-Arts de Liège construit pour l’Exposition universelle de 1905, vient d’être réhabilité. Pourquoi y a-t-on ajouté cette « nouvelle salle hypostyle » (21 colonnes élégantes quoique en béton conçues par Rudy Ricciotti, le bureau d’architecte qui a œuvré à la rénovation de l’Hôtel de Caumont) laissée quasi vide pour l’instant ? Sa fonction n’apparaît pas, mais ce vaste espace permet de jouir largement de la vue sur les alentours.

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    On entre au musée de la Boverie du côté du parc à l’anglaise – après la visite, nous le quitterons par là et découvrirons la manière sans doute la plus agréable d’accéder au site : descendre à pied de la gare des Guillemins (700 m), traverser l’esplanade et emprunter la nouvelle passerelle « la belle Liégeoise » qui mène au parc de la Boverie. On peut aussi y accéder avec la navette fluviale qui le relie au Grand Curtius.

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    « En plein air », en collaboration avec le musée du Louvre, montre à travers une centaine de peintures, la plupart de musées français et étrangers, que la nature n’a pas attendu l’impressionnisme pour inspirer les peintres. Au XVIIIe siècle, certains travaillaient déjà « sur le motif », comme Alexandre-François Desportes. Au fil du temps, les couleurs se feront plus claires, plus vibrantes. J’aurais voulu vous montrer une belle Vue de Villerville en Calvados (musée de Liège) où Daubigny annonce l’impressionnisme, et Cernay, avril en fleurs d’Emmanuel Lansyer, mais ces peintures ne sont pas visibles sur la Toile.

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    Avant de découvrir le parcours chronologique en sept thèmes, j’attire votre attention sur le « Transparent du paysage des quatre saisons » de Carmontelle qui défile en fac-similé à l’entrée de l’exposition. Je n’ai regardé que les « Scènes nocturnes » de ce long rouleau « animé » de 42 mètres, par ignorance. Le catalogue où il est reproduit (en petit) indique que l’original (aquarelle, gouache et encre de Chine sur 119 feuilles de papier doublé de soie) est conservé au musée de Sceaux.

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    Nicolas-Jean-Baptiste Raguenet (1715-1793), La joute des mariniers entre le pont Notre-Dame et le pont au Change, 1751
    (Paris, Musée Carnavalet)

    « Leçon d’amour dans un parc » : les sujets historiques et religieux font place, dans la peinture du XVIIIe siècle, à des sujets plus légers, plus proches de la nature et du quotidien, en tout cas pour les gens aisés. Dans Ascension d’une montgolfière à Aranjuez (1784), un prêt du Prado dont un détail est à l’affiche de l’exposition, Antonio Carnicero Mancio montre le public aristocratique rassemblé dans le jardin royal pour l’événement, mais aussi des bourgeois, des enfants, une marchande. Le musée des Beaux-Arts de Liège montre ici un des chefs-d’œuvre de ses collections : Promenade du dimanche au Bois de Boulogne (1899), signé Henri Evenepoel – on verra plus loin d’autres promeneurs sur l’esplanade des Invalides qu’il a peinte d’en haut.

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    Henri Evenepoel, Promenade du dimanche au Bois de Boulogne, 1899
    (Liège, Musée des Beaux-Arts)

    Les voyages des Anglais et des personnes fortunées en Europe et en Italie au XVIIIe siècle assurent le succès des « Vedute », ces panoramas de villes célèbres ou de paysages fameux à ramener chez soi, comme Vue du port de Toulon par Vernet. Une vue parisienne peinte par Raguenet en 1751 permet de revoir les habitations d’alors sur les ponts de la Cité, un Paris disparu difficile à imaginer aujourd’hui. Dans la même salle, un Monet prêté par le musée de Dallas montre avec une fraîcheur d’esquisse le Pont-Neuf un siècle plus tard, non loin du Louvre au printemps par Pissarro.

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    Claude Monet, Le Pont-Neuf, 1871 (Etats-Unis, Dallas Museum of Art)

    Aux promenades en ville, beaucoup préfèrent les bords de l’eau, les guinguettes au bord d’une rivière sont très populaires et c’est aussi un sujet de prédilection pour les peintres. Amusants, les costumes des dames dans Le chalet du Bois de Boulogne de Jean Béraud, « un de ces petits maîtres à grand succès » (catalogue). Dans Dimanche à Bougival de Félicien Rops, Léontine et Aurélie Duluc sont plus déshabillées. Max Liebermann peint les jeux de lumière et l’animation en terrasse au restaurant « De Oude Vink » à Leyde.

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    Félicien Rops, Dimanche à Bougival (Léontine et Aurélie Duluc), 1876 (Namur, Musée provincial Félicien Rops)

    Dans la vaste salle vitrée, deux espaces cubiques accueillent quelques toiles pour illustrer « les jeux » en plein air et « chambre avec vue » (thème un peu usurpé). Un coup de cœur pour L’enfant dans la mare de Maurice Denis, une petite toile presque carrée prêtée par le musée de Zurich (comme le Liebermann).

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    Max Liebermann, Le restaurant « De Oude vink » à Leyde, 1905 (Zurich, Kunsthaus)

    La dernière salle est consacrée aux vacances à la mer avec plusieurs scènes de plage de Boudin, des toiles du XIXe et du XXe dont un superbe Bonnard, Conversation à Arcachon ou Jeunes filles à Arcachon. D’autres artistes connus sont annoncés (Cézanne, Chagall, Dufy, Léger, Matisse, Picasso…), mais ne vous attendez pas à une succession de chefs-d’œuvre, la qualité est inégale. On peut voir dans un des petits films de Louis Lumière projetés à mi-parcours des enfants se jeter à l’eau du haut d’un ponton (1895).

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    Pierre Bonnard, Conversation à Arcachon, Jeunes filles à Arcachon, 1926-1930 (Paris, Musée du Petit Palais)

    Les toiles choisies rendent compte de l’évolution de la peinture européenne du XVIIIe au XXe siècle : couleurs, lumière, mise en page, touche, la façon de représenter la nature et les loisirs n’a cessé de se transformer.  « En plein air », première exposition de la Boverie, peut se visiter jusqu’au 15 août. N’hésitez pas à prendre un ticket combiné pour découvrir aussi les collections permanentes, elles en valent la peine.