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Culture - Page 256

  • Papiers d'Alechinsky

    « Les palimpsestes » est le titre de l’exposition proposée par Pierre Alechinsky au Centre de la gravure et de l’image imprimée, à La Louvière, depuis le début du mois. En chemin, j’ai lu sur une façade cette citation d’un autre artiste de Cobra, Christian Dotremont : « La vraie poésie est celle où l’écriture a son mot à dire. » Voilà qui correspond bien à cette pratique littéraire du texte superposé à un autre : ici, peindre sur des papiers imprimés, tapuscrits, manuscrits, cartes géographiques, prendre des empreintes, par frottage, sur des plaques d’égouts ou d’autres supports.

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    Au fond de la grande salle du rez-de-chaussée consacrée aux « estampages » (l’exposition occupe trois niveaux), une œuvre spectaculaire attire le regard (je m’en approcherai plus tard), en rouge et noir comme sur la droite le clavecin peint, dont tous les éléments sont constitués de papiers imprimés surchargés de motifs peints.

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    Sur la gauche, Débâcle de mars (1987), une grande œuvre avec bordure et prédelle (succession de petites cases dans la partie inférieure) caractéristiques d’Alechinsky est étiquetée comme suit : « estampage : tour d’arbre en fer, 19e siècle / prédelle : encre et acrylique sur papier de Chine marouflé sur toile ».

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    © Pierre Alechinsky, Débâcle de mars, 1987,
    estampage : tour d’arbre en fer, 19e siècle / prédelle : encre et acrylique sur papier de Chine marouflé sur toile

    Quelle fête ce sera d’observer, de suivre le pinceau du peintre d’œuvre en œuvre, de se laisser séduire par des couleurs, des contrastes, des motifs d’un langage inimitable qui fait reconnaître d’emblée son univers ! Et de lire l’étiquette pour situer son inspiration : Bruxelles, Paris, Liège, New York, Pékin…

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    © Pierre Alechinsky, Société de sauvetage, 1991, encre sur vélin, estampage sur papier de Chine

    En couleurs ou en noir et blanc. Au-dessus de l’empreinte de la « Société centrale de sauvetage des naufragés », dotée d’une ancre, une marine montre, sous un ciel étoilé, un petit navire à l’horizon, alors que se lève, à l’avant-plan, une gigantesque vague.

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    © Pierre Alechinsky, Passerelle, 1986, acrylique avec estampages en bordure sur papier de Chine marouflé sur toile

    Œuvre phare en rouge et noir, Passerelle, peinture à l’acrylique avec bordure d’estampages, est un superbe exemple de l’art d’Alechinsky. On pourrait la décrire ainsi : quinze rectangles aux bords irréguliers, déclinés trois par trois (verticalement, un carré, un petit rectangle plus large que haut, un grand rectangle plus haut que large). A l’intérieur, des paysages, des sinuosités, des ouvertures qui invitent au voyage imaginaire – tout est mouvement. Une seule figure, centrale : un homme coiffé d’une toque regarde les fleurs qu’il tient à la main.

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    © Pierre Alechinsky, Dactile, 1984, encre sur mémorandum de 1902

    Au premier étage, une vidéo montre l’artiste (né à Bruxelles en 1927) dans son atelier, dessinant de la main gauche ; l’école Decroly où il a fait ses études primaires ne tolérait pas les gauchers : « Ils m’ont laissé la main gauche pour le dessin, les menus travaux. » (Dossier pédagogique)

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    © Pierre Alechinsky, Roue, 2011, encre et acrylique sur pièces comptables marouflées sur toile (détail)

    Des œuvres très variées, au mur ou sous vitrines, dans tous les formats. Ici Alechinsky peint à l’encre sur d’anciennes actions au porteur ou autour d’un vieux billet de banque démonétisé, là il invente un jeu, L’Oie belge, et une affiche pour les 150 ans du pays. On découvre des complicités : avec Michel Butor qui lui a donné des tapuscrits comme supports d’études à l’encre, avec Marcel Moreau (Deux lettres avec vue sur chaos), entre autres.

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    © Pierre Alechinsky, La première heure, 1968-1974, peinture à l’acrylique, dans la prédelle : 5 encres sur tapuscrits de Michel Butor

    L’artiste s’en donne à cœur joie sur des écrits anciens : courrier, formulaires administratifs, factures… Il a peint une série d’aquarelles très colorées sur des lettres « du duc Prosper d’Arenberg à son conseiller » datant de la première moitié du XIXe siècle.

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    © Pierre Alechinsky, Lettre du duc Prosper d’Arenberg à son conseiller – Monsieur Stock, 1986, encre sur pli de 1849 remis à monsieur Stock

    Le peintre et les ensortilèges naît d’une lettre d’Ensor à Emma Lambotte. Voici des érotiques, des gravures, des livres illustrés – nul doute, comme il l’a dit lui-même, Alechinsky est un peintre « qui vient de l’imprimerie ». Cela se confirme avec un bel ensemble d’affiches et puis des cartes géographiques et plans de villes au deuxième étage.

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    © Pierre Alechinsky, Le peintre et les ensortilèges, 1980, lettres de James Ensor à Emma Lambotte (détail)

    Ne manquez pas « Les palimpsestes » de Pierre Alechinsky, une facette de son travail rarement montrée dans une telle diversité. Allégresse de peindre et humour corrosif sont de la partie. L’exposition dure plusieurs mois, jusqu’au 5 novembre.

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    © Pierre Alechinsky, Page d’atlas universel, III – Nantes et Rouen, 1984, encre sur carte de géographie du XIXe siècle

    Pour info, le Centre de la gravure et de l’image imprimée (rue des Amours) est accessible en quelques minutes à pied, quasi tout droit en montant de la gare de La Louvière-centre, près de laquelle on peut aussi garer sa voiture. (Si vous avez du temps libre, il y a d’autres musées intéressants à La Louvière, je vous en parlerai prochainement.)

  • Porte dérobée

    lessing,doris,le carnet d'or,roman,littérature anglaise,liberté,communisme,féminisme,création littéraire,amitié,culture« Et en y réfléchissant, ce que j’ai fait si souvent, je découvre que j’arrive par une porte dérobée à l’une des autres questions qui m’obsèdent. Je veux dire la question de la « personnalité ». Dieu sait si l’on nous empêche d’oublier que la « personnalité » n’existe plus. C’est le sujet d’un roman sur deux, c’est celui des sociologues et de tous les autres –ologues. On nous a tellement rabâché que la personnalité humaine s’est désintégrée sous la pression de toutes nos connaissances que je l’ai même cru. Pourtant, quand je revois ce groupe sous les arbres et que je le recrée dans ma mémoire, je comprends soudain que c’est absurde. […]

    lessing,doris,le carnet d'or,roman,littérature anglaise,liberté,communisme,féminisme,création littéraire,amitié,cultureLes moments que je me rappelle ont tous cette assurance absolue d’un sourire, d’un regard, d’un geste sur un tableau ou dans un film. Suis-je alors en train de dire que la certitude à laquelle je m’accroche appartient à l’art visuel et non au roman – pas du tout au roman, conquis par la désintégration et l’effondrement ? Quel intérêt un romancier éprouverait-il à s’accrocher au souvenir d’un sourire ou d’un regard, alors qu’il connaît bien les complexités qui s’y dissimulent ? Et pourtant, si je ne le faisais pas je serais à jamais incapable de tracer un seul mot sur le papier : de même que je me retenais au bord de la folie, dans cette froide ville du nord, en me remémorant délibérément la sensation du soleil chaud sur ma peau. »

    Doris Lessing, Le carnet d’or

    Photo de Doris Lessing en 1962 (The Guardian - Photograph Stuart Heydinger/Observer)

  • Les carnets de Doris

    Le carnet d’or de Doris Lessing (traduit de l’anglais par Marianne Véron), ce gros roman dévoré avec passion il y a quarante ans, trônait depuis longtemps à l’avant de ma bibliothèque – allait-il tenir le coup à la relecture ? Je l’ai rouvert : « Les deux femmes étaient seules dans l’appartement. »

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    Aquarelle de John Jones d’après la couverture originale du roman

    Londres, été 1957. Anna et Molly, deux amies, discutent de Richard (l’ex-mari de Molly s’est annoncé) et de Marion, avec qui il vit à présent. « Dans leurs rapports, un équilibre s’était établi très tôt : Molly était plus au fait des choses de ce monde, mais Anna la dominait intellectuellement. » Aux yeux des autres, elles sont des « femmes libres », mènent le même genre de vie, sans être mariées. « Femmes libres », ce sera le titre de cinq parties du roman où « Le carnet d’or » s’intercale avant la dernière.

    Molly, une grande blonde aux cheveux courts, est actrice ; avant cela elle a beaucoup « bricolé – peinture, danse, théâtre, élucubration littéraire ». Elle ne supporte pas qu’Anna n’écrive plus, avec le talent qu’elle a. Anna n’aime pas trop Richard, mais il est venu la voir pour parler de Tommy, son fils de vingt ans qui « passe son temps à rêvasser ». L’homme d’affaires supporte mal que Molly, sa mère, se préoccupe si peu de son avenir. Anna, une petite brune menue aux cheveux « vaporeux », et Molly partagent leur « vie émotionnelle au jour le jour », se racontent presque tout.

    Le premier roman d’Anna Wulf sur un groupe de communistes en Afrique du Sud, « Frontières de guerre », a remporté un succès tel qu’elle vit encore sur l’argent ainsi gagné. Il traite aussi des rapports entre les blancs et les noirs, c’est en fait le choc de la ségrégation raciale qui a suscité son engagement politique (comme celui de Doris Lessing). On lui propose régulièrement d’en tirer un film, mais elle résiste aux scénarios réducteurs. Depuis cette publication, elle est bel et bien en proie à un blocage littéraire.

    Molly et Anna ont la même psychanalyste (elles l’appellent « Maman Sucre ») qui cherche aussi à la faire écrire. En réalité, Anna tient en secret des carnets de quatre couleurs : un noir qui concerne son travail d’écrivaine, un rouge pour la politique, un jaune où elle invente des histoires d’après son expérience, un bleu où elle tente de tenir son journal. Tour à tour, dans chacune des parties, nous lisons le contenu de ces quatre carnets.

    Le carnet d’or, paru en 1962, traite de questions on ne peut plus actuelles, même si la société a changé depuis lors : l’engagement social et politique (Molly et Anna adhèrent un temps au parti communiste, puis le critiquent en découvrant son aveuglement doctrinaire et le peu de considération accordée aux intellectuels), les relations entre les femmes et les hommes (le goût et le prix de l’indépendance), la vie de femme seule avec un enfant (Anna chérit sa fille Janet), la vie sexuelle, les règles, la psychanalyse et l’analyse des rêves, la solitude, la dépression…

    Et, bien sûr, l’écriture, la création littéraire y occupent une grande place. En 2007, le prix Nobel de littérature a couronné la romancière britannique (1919-2013) qui montre ici comment l’expérience personnelle et la construction imaginaire s’imbriquent, s’affrontent, se nourrissent l’une de l’autre. C’est passionnant de voir comment Anna transpose sa propre vie dans un univers fictif et cherche à écrire « la vérité ». Doris Lessing considérait Le carnet d’or comme un « roman expérimental ».

    A la relecture de ce roman culte pour les féministes (« si j’étais un homme sans l’obligation de me contrôler sans cesse, je serais très différente » écrit un jour Anna, fatiguée de son rôle de mère qui lui tient tant à cœur), j’ai été à nouveau frappée par sa modernité. En rupture complète avec une structure romanesque classique, Doris Lessing livre une sorte de radiographie de la société britannique des années 1950-1970 sans jamais répondre définitivement aux questions que se posent ses personnages, alliant analyse critique et ouverture.

    Sur près de six cents pages, Anna et Molly, « femmes libres » en lutte permanente pour rester fidèles à leurs convictions, observent la société, l’actualité politique, les comportements et les relations interpersonnelles, leur propre vie. C’est un point de vue original et décapant, une vision fragmentée très contemporaine. J’y ai trouvé certaines longueurs, mais je suis heureuse de m’être replongée dans ce roman si stimulant et si peu conformiste. Oui, comme l’a écrit Joyce Carol Oates : « On ne dira jamais assez combien ce livre a compté pour les jeunes femmes de ma génération. Il a changé radicalement notre conscience. »

  • Olivia Hernaïz

    Tout au bout du musée d’Ixelles, côté jardin, l’installation d’Olivia Hernaïz s’intitule « As Long As the Sun Follows Its course ». La lauréate d’ArtContest 2016, sous des couleurs pimpantes, propose une vision faussement « soft » du monde dominé par la politique, l’argent, les multinationales, et interroge les mythes contemporains en trois temps.

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    « Make Yourself Comfortable » : un canapé arrondi plein de coussins colorés permet de s’asseoir bien à l’aise pour mettre un des casques accrochés à la table basse et regarder une vidéo. Des tentures imprimées aux fenêtres parachèvent ce décor « cosy ». A y regarder de plus près, tout est parodie. Par exemple, les tissus reprennent des symboles de mouvements politiques de divers pays et des logos d’institutions financières.

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    « All About You » : derrière un paravent aux motifs tirés du langage des mains utilisé à la Bourse, une table de massage où s’allonger pour regarder et écouter un clip. Olivia Hernaïz chante avec une voix douce les slogans rassurants des banques. En quelque sorte : endormez-vous, bonnes gens, nous nous occupons du reste.

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    « The Solar Economy » : un petit homme en costume sombre à tête de soleil (emprunt à un logo politique japonais) se mêle à des publicités pour des nouveautés technologiques (années 80) qui surfent sur les beautés de la nature que leur modèle de croissance met en péril. Crânement, Olivia Hernaïz « exagère les traits du système dans lequel on vit afin d’en démontrer l’absurdité ».

  • De la Chine à Taïwan

    Une belle exposition vient de s’ouvrir au musée d’Ixelles : « From China to Taïwan. Les pionniers de l’abstraction (1955-1985) ». A l’exception de Zao Wou-Ki, ces peintres chinois étaient des inconnus pour moi. Or Zao Wou-Ki, Chu Teh-Chun et Lee Chun-Shan ont tous les trois étudié puis enseigné à l’école des Beaux-Arts de Hangzou, dont certains professeurs s’étaient formés en Europe. En 1948, Zao Wou-ki part s’établir à Paris. En 1949, quand Mao Zedong prend le pouvoir, les deux autres s’installent à Taipei (plus d’un million de Chinois quittent alors le continent chinois pour Taïwan).

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    S’écartant du conservatisme, ces jeunes peintres découvrent par eux-mêmes l’art occidental et se tournent vers l’abstraction. Huit élèves de Lee Chun-Shan créent en 1956 le groupe Ton Fan (1956-1971), ce qui veut dire « Orient » en chinois et exprime leur volonté de ne pas renier la tradition orientale. Leurs œuvres sont exposées dans la grande salle au rez-de-chaussée. La présentation du groupe Wuyeu ou Fifth Moon (1957-1972) – « mois de mai » en chinois, le mois de leur exposition annuelle – se poursuit à l’étage.

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    Tous ces artistes cherchent une troisième voie picturale, entre Orient et Occident. Sur les petites vidéos-portraits placées près de certaines notices biographiques (à lire sur le site de la Galerie Sabine Vazieux – l’auteure du catalogue les a rencontrés dans leur atelier), ils font souvent part de leur volonté de renouveler la peinture chinoise sans tourner le dos à la tradition. Ils cherchent à « s’inscrire dans la modernité internationale tout en exprimant leurs racines profondes » (Dossier de presse).

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    © Zao Wou-ki, 17.02.71- 12.05.76 (1971), collection privée
     

    De Nous deux (1955) encore inspiré de la calligraphie chinoise à ce paysage abstrait (ci-dessus) de Zao Wou-ki, l’évolution du grand peintre est déjà visible. En 1953, il disait tendre « vers une écriture imaginaire, indéchiffrable »  (Fondation Zao Wou-ki). Son travail aura une grande influence sur ses compatriotes, notamment après son séjour à Hong-Kong en 1958.

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    © Hu Chi-Chung, Sans titre (1960), collection privée

    Le passage vers l’abstraction s’accompagne d’expérimentations techniques. Fong Chung-Ray privilégie l’encre sur papier, noire ou rouge. Hu Chi-Chung mêle du sable à l’huile sur la toile, créant des effets de pastel. Liu Kuo-Sung fabrique de nouveaux papiers et pratique le « pelage » pour obtenir des traits blancs sur l’encre noire.

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    Vue d’ensemble de quelques toiles de Chuang Che

    Sur l’estrade au bout de la salle, on expose un bel ensemble de Chuang Che. Ce peintre mêle huile et acrylique sur ses grandes toiles à la fois graphiques et fluides, mystérieuses aussi. Elles invitent à la contemplation. « Maître du paysage abstrait sur toile, poète et philosophe, la spiritualité de ses œuvres est dans la lignée des grands artistes traditionnels chinois. » (Sabine Vazieux)

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    © Hsiao Chin, Red Cloud (1985), collection privée
     

    A l’étage, l’abstraction vire au minimalisme chez Richard Lin : il privilégie les lignes pures, appose de petites barres d’aluminium sur la toile, où le blanc domine, en subtiles variations. Ho Kan conjugue l’abstraction géométrique avec des signes calligraphiques issus de son héritage culturel. Hsiao Chin pratique l’encre sur papier de façon très personnelle, invente des rythmes, des cadrages. J’aime sa manière de jongler avec les formes et les couleurs.

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    © Ho’Kan, Sans titre (1967), collection privée
     

    Cette peinture chinoise de la seconde moitié du XXe siècle mérite absolument d’être découverte, je vous recommande cette exposition. L’accrochage de plusieurs œuvres de chaque artiste évite la sensation d’éparpillement. Chaque fois, un univers original s’offre au regard. En même temps, on perçoit une tendance commune au renouveau du langage pictural, d’une façon différente de celle proposée avant eux par les peintres abstraits occidentaux. Le musée d’Ixelles attirera sans doute beaucoup de visiteurs avec cette exposition inédite.

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    Vue d’ensemble de quelques toiles d’Elie Borgrave

    Comme à chaque fois, en plus de la grande exposition, des expositions temporaires sont à découvrir de l’autre côté des collections permanentes (qui valent la visite pour elles seules, avant les travaux d’agrandissement prévus en 2018). « Elie Borgrave. L’équilibre des contraires » est la première rétrospective consacrée à ce peintre belge (1905-1992). Son oeuvre abstraite a traversé plusieurs périodes (bruxelloise, américaine, italienne, hollandaise) déclinées ici en une quarantaine de tableaux et dessins. De quoi se régaler.

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    © Jean Coquelet, M 35. 3 (1997), collection privée
     

    Place ensuite à Olivia Hernaïz avec une installation très intéressante, je vous en parlerai dans mon prochain billet. Enfin, un « Hommage à Jean Coquelet » (1928-2015), ancien directeur du musée d’Ixelles, historien d’art qui avait d’abord étudié la sculpture, permet de découvrir ses magnifiques photographies du nu féminin. Ces expositions sont visibles durant tout l’été au musée d’Ixelles, jusqu’au 24 septembre.