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Passions - Page 536

  • Histoire de l'art

    « En histoire de l’art, l’intérêt des interprétations ou des théories n’est pas qu’elles soient définitives, mais que leur cohérence et leur pertinence nous obligent à vraiment regarder une œuvre, et nous offrent ainsi une chance de se l’approprier. »

    Jacques Bonnet, Des bibliothèques pleines de fantômes

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     Mai en janvier ? Pourquoi pas, le temps d'un livre ?  

    Bonne année 2011 à vous qui passez me lire.  

     

    Tania  

  • Pleines de fantômes

    Une mère Noël attentionnée m’a offert un livre qui rend joliment compte de la vie (surtout) et de la mort (un peu) des livres quand ils franchissent notre seuil :
    Des bibliothèques pleines de fantômes, un essai de Jacques Bonnet. Il s’ouvre sur une citation chère à Dominique : « Après le plaisir de posséder des livres, il n’y en
    a guère de plus doux que d’en parler. »
    (Charles Nodier)

     

     

    Lorsque Bonnet, alors au service d’une maison d’édition parisienne, a dîné dans un restaurant russe avec Pontiggia, écrivain et critique italien, les deux hommes se sont tout de suite entendus en découvrant leur point commun : « nous possédions tous deux une bibliothèque monstrueuse de plusieurs dizaines de milliers d’ouvrages. Non pas une de ces bibliothèques de bibliophile aux ouvrages si précieux que leur propriétaire ne les ouvre jamais de crainte de les abîmer, mais une bibliothèque de travail où l’on n’hésite pas à écrire dans les livres, à les lire dans son bain, et où l’on conserve tout ce qu’on a lu – livres de poche compris et les multiples éditions éventuelles d’un même ouvrage – ou que l’on a l’intention de lire plus tard. »

     

    Bonheur et malédiction. Pas un mur d’épargné, à part au-dessus de son lit (pour échapper au sort d’un compositeur, Alkan, mort écrasé par sa bibliothèque). Si leurs visiteurs occasionnels réagissent à peu près de la même manière et avec les mêmes questions en découvrant leur monde de papier, eux s’étonnent plutôt, lorsqu’ils pénètrent chez quelqu’un, ou de l’absence de livres ou de la maigre collection « d’un soi-disant confrère » ou encore des rangements « d’apparat » derrière des vitres.

     

    Comment en arrive-t-on à rassembler plus de vingt mille ouvrages (minimum envisagé par les deux convives pour un projet d’association jamais abouti) ? Pourquoi tant de livres ? Parmi les réponses de Jacques Bonnet, il y a ce « besoin d’avoir à sa disposition tous les livres, puis toutes les peintures, les musiques, les films, comme éléments de liberté intérieure. » Les bibliothèques décrites dans les romans, la différence entre collectionneurs spécialistes et « entasseurs », les ouvrages rares, les lecteurs acharnés… Les sujets abordés sont légion. Sans limites, la curiosité « se nourrit d’elle-même, ne se satisfait jamais de ce qu’elle trouve, va toujours de l’avant, et ne s’épuise qu’avec notre dernier souffle de vie. »

     

    La question du rangement et du classement se pose à quiconque possède une bibliothèque – Perec, Manguel l’ont abordée à leur façon. Bonnet préconise « le panachage de plusieurs ordres avec une grande latitude vis-à-vis des règles que l’on s’est fixées. » – « Il s’agit d’un principe pouvant d’ailleurs être étendu à la vie en général ! » Voilà le ton de cet érudit sans pédanterie, mais généreux en références et en citations, on n’en attendait pas moins d’un tel bibliomane. Il s’est permis depuis longtemps, écrit-il, de séparer Flamands et Wallons sur ses rayonnages, classement par langue oblige, mais ne dit pas où il place les écrivains francophones de Flandre ou de Bruxelles.

     

    La lecture est le cœur battant des Bibliothèques pleines de fantômes. Comment on
    lit pour se mettre « en présence des richesses et des misérables banalités auxquelles peut se résumer l’existence humaine » ; comment le titre d’un livre lu n’a plus rien à voir alors avec ce qu’il représentait auparavant, quelle que soit la manière dont il survit dans notre mémoire ; comment certains livres arrivent dans notre bibliothèque à la suite d’une conversation, d’une rencontre, chargés ensuite de souvenirs.

    Jacques Bonnet, en quelque cent trente pages, traverse le bonheur de lire et de posséder des livres en tous genres. Son évocation des livres d’art est particulièrement stimulante. S’il constate qu’« Internet et la télévision ont chassé l’ennui qui a toujours été l’aiguillon le plus sûr de la lecture », l’auteur ajoute : « Curieusement, la source d’informations infinie que constitue Internet n’a pas pour moi le même statut magique que ma bibliothèque. »

  • Après Noël

    Les « Joyeux Noël » sont derrière nous, le réveillon, la belle table et la famille autour… Quel bonheur de passer Noël avec des enfants autour de soi, les yeux pleins de rêves ! Aujourd’hui le sapin a perdu ses cadeaux, les restes de dinde et de bûche attendent au frais. C’est l’heure des rangements, du tri et du partage des photos. La crèche reste en place, les guirlandes aussi, jusqu’à l’Epiphanie sans doute, Noël des orthodoxes. Quelques cartes de vœux s’entrouvrent sur les étagères, il en viendra encore, il en reste à écrire.

     

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    Les plus jeunes croient au père Noël, d’autres le détestent et rappellent le sens de la Nativité. La mère Noël non plus n’a pas dit son dernier mot. « Noël au balcon, Pâques au tison », ce n’était pas pour cette fois. Noël 2010, Noël blanc, nous a offert des paysages et une lumière hors de l’ordinaire. Dans la rue, sans chauffage, sans visite, sans personne, c’est une autre histoire – la véritable histoire ? Certains s’en sont souvenus à la messe de Noël, d’autres chez eux, retenus par le froid, la vieillesse, les routes ou les trottoirs glissants, l’isolement, la maladie. Il y en a que l’Eglise éloigne parfois des églises, c’est une autre histoire.

     

    Parmi ceux qui ne croient pas au ciel, certains font tout de même la fête à Noël, en famille ou avec des amis. Les magasins qui regorgeaient d’or et d’argent, de couleurs et d’emballages enrubannés, pâlissent déjà (bientôt les soldes). Mais avant, le passage vers la nouvelle année mobilise encore bien des équipages. Combien de feux d’artifice apercevrons-nous de notre nouveau perchoir, si les nuages ne les noient pas ? Bonne nouvelle, de toute façon : sans attendre de nouvel agenda, le jour reprend du terrain sur la nuit.

     

    Où va, vous demandez-vous, ce billet sans queue ni tête ? J’avais une idée, mais Armando m’a précédée. Je vous arrangerai un remerciement plus élaboré une autre fois, blogueuses et blogueurs qui passez ici, lectrices et lecteurs qui m’avez laissé vos mots cette année, visiteurs curieux mais discrets de Textes & prétextes. Je salue en particulier celles et ceux qui cherchent leur souffle en cette fin d’année et le retrouvent de temps à autre devant leur écran d’ordinateur.

    Entre deux lectures, entre deux fêtes, tant de pensées pourraient prolonger ce billet de Noël sans emballage ni paillettes, dans la lumière blanche d’un après-midi d’hiver. Je le dédie à deux amies. L’une me lit toujours, l’autre pas souvent, requise ailleurs à plein temps, son temps qu’elle donne sans compter. Je pense à vous.

  • S'il te plaît

    « Hogarth, mercredi.

    1er février 1922

     

     L’unique nécessité, selon le docteur, est une lettre du grand maître de la biographie. Cela me remettrait sur pieds. Alors s’il te plaît pose ce livre, de qui qu’il soit – serait-ce encore Voltaire ? – et écris une longue, longue lettre remplie à ras bord.

    (…)

    Ne pourrais-tu pas me prêter les épreuves de ton nouveau livre ?

    Cela ferait quelque chose à lire. Comment se fait-il – avec tous tes défauts – qu’on prenne plaisir à te lire ?

     

    V. W. »

     

    Virginia Woolf – Lytton Strachey, Correspondance

     

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