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Art - Page 138

  • De profil

    renoir,exposition,martigny,fondation gianadda,art,peinture,impressionnisme,portrait;paysage,sculpture,vitraux,kime en joong,hns erni,culture« Partagée entre sa femme, ses enfants et quelques amis, l’existence de Renoir, à partir de la quarantaine, sera consacrée à peindre les créatures bénévoles qui s’offriront à ses pinceaux. Des servantes comme la fidèle Gabrielle, des voisines comme la Boulangère, ou ces Italiennes que nous retrouvons dans vingt tableaux exécutés à Cagnes : parfois des modèles choisis à Paris viendront poser pour le peintre perclus de douleur qui renouvellera à l’infini le thème des Baigneuses. On peut dire que le nu sera désormais sa grande préoccupation. Il rêve de grandes compositions « pleines à craquer », à la manière de Rubens ou de Véronèse, mais qu’il ne réalisera pas, car, malgré tout, ses préférences le ramènent à la figure isolée, et, de plus en plus, il évite l’éparpillement de la mise en scène. »

    Claude Roger-Marx, Renoir, 1937 in Catalogue Renoir, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2014.

    Renoir, Jeune fille en buste, vue de profil, 1905, Collection Fondation Pierre Gianadda, Martigny

  • Renoir à Martigny

    L’exposition Renoir à Martigny a de quoi séduire les estivants, habitués ou non de la Fondation Pierre Gianadda et de son jardin qui embellit d’année en année – arbres, étang, sculptures... 

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    Renoir, Femme s’essuyant la jambe droite, vers 1910,  Museu de Arte de Sao Paulo - Assis Chateaubriand

    Déjà autour dun Faisan sur la neige (1879), on reconnaît la touche mousseuse du peintre et sa manière singulière de capturer la lumière sur la toile. Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), « peintre de la femme », a souvent privilégié la figure humaine, mais il n’a cessé de peindre aussi des paysages : ceux de la petite salle d’angle au début de l’exposition sont pleins de charme, lac ou bord de Seine, chemins de promenade, en été le plus souvent.

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    Renoir, Femme à l’ombrelle dans un jardin, 1873-1875, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid

    Annonciatrice de son chef-d’œuvre exposé au musée d’Orsay, Au jardin – Sous la tonnelle du Moulin de la Galette, prêt du musée Pouchkine, montre une jeune femme de dos, en robe rayée bleue et blanche, appuyée sur une ombrelle pour bavarder avec des personnages attablés dans la verdure, une image de plaisirs simples et partagés. 

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    Renoir, Au jardin - Sous la tonnelle au Moulin de la Galette, Musée Pouchkine, Moscou

    Renoir est un portraitiste. La comtesse de Pourtalès, les fillettes Alice et Elisabeth Cahen d’Anvers (Rose et bleu) ou Madame X montrent une grande attention à la personnalité, aux visages, aux vêtements aussi – même si la préférence du peintre va aux modèles nus, ses célèbres « Baigneuses », qu’il peindra toute sa vie avec sensualité et enthousiasme. « Renoir me dit que le nu lui paraît être une des formes indispensables de l’art », écrit Berthe Morisot dans son Carnet, le premier janvier 1886, après une visite à son ami. 

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    Renoir, Rose et bleu – Alice et Elisabeth Cahen d’Anvers, 1881, Museu de Arte de Sao Paulo - Assis Chateaubriand 

    Dans la première partie du parcours, deux autres paysages m’ont frappée, issus de collections particulières : d’abord Etude de mer – Marine à Capri, une petite toile délicate où mer et ciel mêlent leur palette, puis Paysage d’Alger – Le jardin d’essai, qui m’a rappelé l’exposition de Gérard Edsme inspiré par ce jardin luxuriant. 

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    Renoir, Etude de mer (Marine à Capri), 1881, Collection particulière 

    Une autre salle d’angle présente, près des Enfants de Martial Caillebotte, Jean et Geneviève assis avec leurs livres (le peintre possède l’art de rendre la grâce enfantine, le garçon porte les cheveux longs comme il était courant à l’époque) et d’une Jeune fille au chapeau noir à fleurs rouges au regard franc, un magnifique portrait de Julie Manet, la fille de Berthe Morisot : avant de mourir, celle-ci avait confié sa fille à Renoir, qui devient son tuteur. Quel que soit le format de la toile, Renoir assure présence à son sujet, on peut encore le vérifier dans une ravissante petite huile appartenant à la fondation Gianadda, Jeune fille en buste, vue de profil. 

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    Renoir, Mlle Julie Manet, vers 1894, Musée Marmottan Monet, Paris

    Femme s’essuyant la jambe droite, affiche de l’exposition, annonce une série de nus, le plus souvent dans un cadre de verdure, où Renoir donne libre cours à son enthousiasme pour la beauté féminine, son type de femme plutôt ronde et colorée : « Ce que j’aime, c’est la peau, une peau de jeune fille, rosée, et laissant deviner une heureuse circulation. » Ses modèles devenaient ses maîtresses ou l’inverse, je ne sais. Renoir peignait ceux qui vivaient auprès de lui, ses enfants, ceux de ses amis. L’exposition se termine sur un autoportrait de 1910 où il s’est peint de profil, la barbe et la moustache aussi blanches que son chapeau, l’œil toujours vif, curieux. 

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    Renoir, Jeune fille au chapeau noir à fleurs rouges, vers 1890, Collection particulière, Photo Jean-Louis Losi

    Dans le forum, on peut admirer une nature morte aux fruits exotiques, Bananes et ananas. Près de sa célèbre Venus victrix en bronze (Renoir & Richard Guino), une belle Etude de nu – Baigneuse du musée Rodin m’a plu par son inachèvement, ses couleurs, l’attitude du modèle. Si vous passez par Martigny cet été, ne manquez pas le passionnant documentaire projeté au sous-sol, qui montre Renoir à l’œuvre et les lieux où il a vécu. Dans ses derniers jours, le peintre aurait dit en peignant, les pinceaux attachés à ses doigts pleins de rhumatismes : « Je commence à y comprendre quelque chose. »  

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    Une exposition annexe présente les vitraux offerts par la Fondation Pierre Gianadda aux deux chapelles de Martigny dont la rénovation vient de se terminer. Les fac-similés exposés permettent de les découvrir à hauteur des yeux, une occasion rare. C’est le Père Kim En Joong, créateur des nouveaux vitraux de la cathédrale St Lambert à Liège, qui a peint ceux de la chapelle catholique de la Bâtiaz. 

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    Pour la chapelle protestante, construite en 1932 par le grand-père de Léonard, Baptiste Gianadda, Hans Erni a dessiné dix-sept vitraux sur des thèmes bibliques liés à la vie et à la renaissance – il en a découvert la maquette le jour de ses 105 ans ! 

  • Patineuse

    Marmottan Morisot.JPEG« Il est singulier qu’une virtuose du blanc comme Berthe Morisot ait si rarement abordé le thème de la neige. (…) C’est durant l’hiver 1879-1880, l’un des plus rigoureux du siècle, que Berthe Morisot peint Jeune femme remettant son patin. Contrairement à Monet, qui consacre une suite de peintures aux bouleversements occasionnés par la débâcle de la Seine, Berthe Morisot choisit le cadre préservé du Bois de Boulogne pour poser son chevalet.

    Le lac aménagé en patinoire pour le plus grand plaisir des Parisiens est le décor de cette grande esquisse. La composition repose principalement sur le contraste entre le noir du vêtement de la patineuse qui s’est assise pour remettre son patin et le blanc savamment nuancé du bois enneigé. » 

    Marianne Mathieu in Les impressionnistes en privé, Cent chefs-d’œuvre de collections particulières, Hazan / Musée Marmottan Monet, Paris, 2014. 

    Berthe Morisot, Jeune femme remettant son patin, vers 1880 – Collection particulière

  • Impressions privées

    Il vous reste jusqu’au 6 juillet pour visiter à Paris l’exposition « Les impressionnistes en privé » : le musée Marmottan fête ses 80 ans avec ces « Cent chefs-d’œuvre de collections particulières » qui attirent beaucoup de monde. Trop, sans doute, pour regarder à l’aise certaines toiles comme ce petit « Voilier dans le port de Honfleur » de Jongkind non loin de « Bénerville, la plage » de Boudin ou de « Ville d’Avray, le grand étang et ses villas » de Corot. Ces précurseurs de l’impressionnisme rendent les variations de l’air et de la lumière dans des paysages où une ligne d’horizon assez basse donne au ciel sa part essentielle.

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    Johan Barthold Jongkind, Voilier dans le port de Honfleur, 1863 - Collection particulière © Brame & Lorenceau, Paris 

    Les impressionnistes peignent aussi la ville, comme Caillebotte avec ses vues plongeantes sur une rue de Paris ou un refuge pour les piétons au milieu d’un carrefour. C’est depuis une fenêtre d’un appartement du boulevard Haussmann qu’il a peint « Intérieur, femme à la fenêtre » : une femme de dos, en robe bleu foncé, regarde par la fenêtre ; près d’elle, un homme lit le journal. Mais dans l’immeuble en face (quelques lettres dorées permettent d’identifier l’hôtel Canterbury, détruit pour la construction des Galeries Lafayette) – voilà qui titille l’imagination –, on distingue une petite silhouette à une fenêtre. Le contre-jour, les rideaux de dentelle et les volutes du fer forgé, l’harmonie du blanc, du bleu et de l’or pâle, tout cela forme un magnifique tableau d’atmosphère. 

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    Gustave Caillebotte, Intérieur, femme à la fenêtre, vers 1880 - Collection particulière

    « La petite danseuse de quatorze ans », la célèbre sculpture de Degas exposée ici est un bronze fondu après 1922 dit la notice, un des rares exemplaires encore en mains privées « sinon le seul, parmi les vingt-neuf recensés à ce jour » (catalogue). De belles peintures de Degas montrent son sens original du cadrage, qu’il évoque le mouvement des chevaux sur le champ de courses, une femme à sa toilette ou une danseuse au repos. Ou encore sa fameuse gravure au format vertical représentant « Mary Cassatt au Louvre ». 

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    Eva Gonzalès, Le moineau, vers 1865-1870 - Collection particulière

    J’ai admiré un ravissant portrait au pastel de sa jeune sœur par Eva Gonzalès, « Le moineau », mais je me suis arrêtée bien plus longuement devant les Berthe Morisot : « Portrait de jeune femme » (en robe de mousseline à fleurettes), « Les lilas à Maurecourt » (sa sœur Edma et ses deux enfants dans un parc) et « La Fable » où Julie Manet, la fille de Berthe et d’Eugène Manet, sur un pliant, fait face à sa nourrice qui se repose sur un banc. 

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    Berthe Morisot, Jeune fille à la potiche, vers 1889 - Collection particulière

    Le génie de Berthe Morisot, son art de capter la vie en touches légères, dans toute sa fraîcheur, apparaît aussi dans « Jeune femme remettant son patin » où une patineuse en robe sombre est entourée d’un tourbillon glacé, un décor presque abstrait. Autre découverte – rien que pour ces Morisot, l’exposition vaut le voyage, à mon avis – « Jeune fille à la potiche », où elle a peint sa nièce : une œuvre inachevée, mais un portrait plein de présence de la jeune fille au regard franc.  

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    Il y a d’autres figures à découvrir dans l’exposition : chez Renoir,  le « Portrait de Lucie Bérard au tablier blanc » par exemple, ou ces « Jeunes filles au bord de la mer » reprises en couverture du catalogue. Et cette charmante « Gardeuse d’oies au bord du Loing », un pastel de Sisley. Tous ces portraits et paysages portent les signatures les plus fameuses de l’impressionnisme.  

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    Alfred Sisley, Gardeuse d’oies au bord du Loing - Collection particulière

    Pour ce qui est de Monet, le musée Marmottan a de quoi combler ses visiteurs dans ses collections permanentes. En descendant au sous-sol, quel bonheur de retrouver tant de chefs-d’œuvre et cette fois dans des salles vastes et paisibles, des « Glycines », des « Nymphéas »… Michel Monet, le fils de Claude Monet, a légué sa collection personnelle au Musée Marmottan en 1966. Trente ans plus tard, les descendants de Berthe Morisot lui ont eux aussi légué de nombreuses œuvres qui forment à présent la collection Morisot la plus importante réunie dans un musée (salles au premier étage).