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fondation gianadda

  • De profil

    renoir,exposition,martigny,fondation gianadda,art,peinture,impressionnisme,portrait;paysage,sculpture,vitraux,kime en joong,hns erni,culture« Partagée entre sa femme, ses enfants et quelques amis, l’existence de Renoir, à partir de la quarantaine, sera consacrée à peindre les créatures bénévoles qui s’offriront à ses pinceaux. Des servantes comme la fidèle Gabrielle, des voisines comme la Boulangère, ou ces Italiennes que nous retrouvons dans vingt tableaux exécutés à Cagnes : parfois des modèles choisis à Paris viendront poser pour le peintre perclus de douleur qui renouvellera à l’infini le thème des Baigneuses. On peut dire que le nu sera désormais sa grande préoccupation. Il rêve de grandes compositions « pleines à craquer », à la manière de Rubens ou de Véronèse, mais qu’il ne réalisera pas, car, malgré tout, ses préférences le ramènent à la figure isolée, et, de plus en plus, il évite l’éparpillement de la mise en scène. »

    Claude Roger-Marx, Renoir, 1937 in Catalogue Renoir, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2014.

    Renoir, Jeune fille en buste, vue de profil, 1905, Collection Fondation Pierre Gianadda, Martigny

  • Renoir à Martigny

    L’exposition Renoir à Martigny a de quoi séduire les estivants, habitués ou non de la Fondation Pierre Gianadda et de son jardin qui embellit d’année en année – arbres, étang, sculptures... 

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    Renoir, Femme s’essuyant la jambe droite, vers 1910,  Museu de Arte de Sao Paulo - Assis Chateaubriand

    Déjà autour dun Faisan sur la neige (1879), on reconnaît la touche mousseuse du peintre et sa manière singulière de capturer la lumière sur la toile. Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), « peintre de la femme », a souvent privilégié la figure humaine, mais il n’a cessé de peindre aussi des paysages : ceux de la petite salle d’angle au début de l’exposition sont pleins de charme, lac ou bord de Seine, chemins de promenade, en été le plus souvent.

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    Renoir, Femme à l’ombrelle dans un jardin, 1873-1875, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid

    Annonciatrice de son chef-d’œuvre exposé au musée d’Orsay, Au jardin – Sous la tonnelle du Moulin de la Galette, prêt du musée Pouchkine, montre une jeune femme de dos, en robe rayée bleue et blanche, appuyée sur une ombrelle pour bavarder avec des personnages attablés dans la verdure, une image de plaisirs simples et partagés. 

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    Renoir, Au jardin - Sous la tonnelle au Moulin de la Galette, Musée Pouchkine, Moscou

    Renoir est un portraitiste. La comtesse de Pourtalès, les fillettes Alice et Elisabeth Cahen d’Anvers (Rose et bleu) ou Madame X montrent une grande attention à la personnalité, aux visages, aux vêtements aussi – même si la préférence du peintre va aux modèles nus, ses célèbres « Baigneuses », qu’il peindra toute sa vie avec sensualité et enthousiasme. « Renoir me dit que le nu lui paraît être une des formes indispensables de l’art », écrit Berthe Morisot dans son Carnet, le premier janvier 1886, après une visite à son ami. 

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    Renoir, Rose et bleu – Alice et Elisabeth Cahen d’Anvers, 1881, Museu de Arte de Sao Paulo - Assis Chateaubriand 

    Dans la première partie du parcours, deux autres paysages m’ont frappée, issus de collections particulières : d’abord Etude de mer – Marine à Capri, une petite toile délicate où mer et ciel mêlent leur palette, puis Paysage d’Alger – Le jardin d’essai, qui m’a rappelé l’exposition de Gérard Edsme inspiré par ce jardin luxuriant. 

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    Renoir, Etude de mer (Marine à Capri), 1881, Collection particulière 

    Une autre salle d’angle présente, près des Enfants de Martial Caillebotte, Jean et Geneviève assis avec leurs livres (le peintre possède l’art de rendre la grâce enfantine, le garçon porte les cheveux longs comme il était courant à l’époque) et d’une Jeune fille au chapeau noir à fleurs rouges au regard franc, un magnifique portrait de Julie Manet, la fille de Berthe Morisot : avant de mourir, celle-ci avait confié sa fille à Renoir, qui devient son tuteur. Quel que soit le format de la toile, Renoir assure présence à son sujet, on peut encore le vérifier dans une ravissante petite huile appartenant à la fondation Gianadda, Jeune fille en buste, vue de profil. 

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    Renoir, Mlle Julie Manet, vers 1894, Musée Marmottan Monet, Paris

    Femme s’essuyant la jambe droite, affiche de l’exposition, annonce une série de nus, le plus souvent dans un cadre de verdure, où Renoir donne libre cours à son enthousiasme pour la beauté féminine, son type de femme plutôt ronde et colorée : « Ce que j’aime, c’est la peau, une peau de jeune fille, rosée, et laissant deviner une heureuse circulation. » Ses modèles devenaient ses maîtresses ou l’inverse, je ne sais. Renoir peignait ceux qui vivaient auprès de lui, ses enfants, ceux de ses amis. L’exposition se termine sur un autoportrait de 1910 où il s’est peint de profil, la barbe et la moustache aussi blanches que son chapeau, l’œil toujours vif, curieux. 

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    Renoir, Jeune fille au chapeau noir à fleurs rouges, vers 1890, Collection particulière, Photo Jean-Louis Losi

    Dans le forum, on peut admirer une nature morte aux fruits exotiques, Bananes et ananas. Près de sa célèbre Venus victrix en bronze (Renoir & Richard Guino), une belle Etude de nu – Baigneuse du musée Rodin m’a plu par son inachèvement, ses couleurs, l’attitude du modèle. Si vous passez par Martigny cet été, ne manquez pas le passionnant documentaire projeté au sous-sol, qui montre Renoir à l’œuvre et les lieux où il a vécu. Dans ses derniers jours, le peintre aurait dit en peignant, les pinceaux attachés à ses doigts pleins de rhumatismes : « Je commence à y comprendre quelque chose. »  

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    Une exposition annexe présente les vitraux offerts par la Fondation Pierre Gianadda aux deux chapelles de Martigny dont la rénovation vient de se terminer. Les fac-similés exposés permettent de les découvrir à hauteur des yeux, une occasion rare. C’est le Père Kim En Joong, créateur des nouveaux vitraux de la cathédrale St Lambert à Liège, qui a peint ceux de la chapelle catholique de la Bâtiaz. 

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    Pour la chapelle protestante, construite en 1932 par le grand-père de Léonard, Baptiste Gianadda, Hans Erni a dessiné dix-sept vitraux sur des thèmes bibliques liés à la vie et à la renaissance – il en a découvert la maquette le jour de ses 105 ans ! 

  • A Murnau

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    Kandinsky, Lanzenreiter in Landschaft (Lancier dans un paysage), 1908

     

    « En 1908, Münter et Kandinsky reviennent à Munich, après différents voyages et séjours à l’étranger. Ils découvrent la petite ville pittoresque de Murnau, et y passent l’été à peindre. Jawlensky et Werefkin les rejoignent et les quatre artistes oeuvrent de concert, discutant les résultats de leurs travaux. La similarité des problèmes auxquels se confronte leur peinture indique qu’en ces premiers moments du dialogue, Jawlensky est l’élément moteur. Les leçons qu’il a apprises de Matisse et des Fauves ont sur Münter un effet libérateur, mais semblent aussi encourager Kandinsky à émanciper la couleur de la forme et de sa fonction traditionnelle au service de la représentation. Toutes les peintures réalisées à Murnau ont cette touche expressive, qui incorpore de multiples motifs, les fond les uns dans les autres, définit, dans les corrélations d’une surface plane, des relations spatiales. »

     

    Armin Zweite, « Le Cavalier bleu » (catalogue « Van Gogh, Picasso, Kandinsky… Collection Merzbacher », Fondation Pierre Gianadda, Martigny, Suisse, 2012.)

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    Gabriele Münter, Jawlensky et Werefkin, 1908-1909

    P.S. D'autres illustrations sur http://rumeurdespace.wordpress.com/2012/07/28/le-mythe-de-la-couleur/

     

     

  • Couleurs à Martigny

    « Le mythe de la couleur », annonce en sous-titre la Fondation Gianadda pour sa grande exposition d’été, « Van Gogh, Picasso, Kandinsky… Collection Merzbacher », une riche sélection déjà montrée avec succès à Jérusalem, au Japon, à Londres, à Zurich et au Danemark. Werner Merzbacher a souvent prêté des œuvres de sa collection, mais en 2006 à Zurich, il est sorti de l’anonymat, notamment pour exprimer sa reconnaissance envers la Suisse où il a été accueilli, enfant juif allemand, pendant la seconde guerre mondiale – ses parents sont morts à Auschwitz. Il le rappelle dans un petit mot émouvant au début du parcours (il y en aura quelques autres, adressés aux visiteurs, qu’on retrouve en préface du catalogue).

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    André Derain (1880-1954), Bateaux dans le port de Collioure, 1905,
    Huile sur toile, 72 x 91 cm, © 2012, ProLitteris Zurich / Photo : Peter Schälchli

    Sa rencontre avec la peinture a débuté par un coup de foudre devant les quelques toiles modernes de premier plan des grands-parents de sa femme, Gabrielle Mayer. Werner Merzbacher les découvre en 1954, notamment, visibles à Martigny, Le Couple de Picasso (période bleue) et Intérieur à Collioure, La sieste de Matisse, accroché non loin d’un Derain de la même eau (Bateaux dans le port de Collioure). Les Merzbacher se tourneront surtout vers les peintres fauves et puis les expressionnistes.

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    Sisley, Saules au bord de l’Orvanne

    L’exposition s’ouvre sur un Sisley d’une fraîcheur incomparable, Saules au bord de l’Orvanne, où les verts et les bleus bruissent dans la lumière. Un Monet le sépare de La Pelouse ensoleillée de Van Gogh : l’herbe y bouge par vagues au jardin public de la place Lamartine. Un enchantement, cette ouverture fin XIXe.

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    Vincent van Gogh (1853-1890), Pelouse ensoleillée. Jardin public de la Place Lamartine, 1888,
    Huile sur toile, 61 x74 cm, Photo : Peter Schälchli

    Les rapports de couleurs étonnent et fascinent depuis toujours. Klaus Stromer rappelle dans le catalogue comment leur perception a suscité maintes théories de l’antiquité jusqu’à nos jours (Penser en couleurs. Théories des couleurs). Werner et Gabrielle Merzbacher ont fondé leur collection sur le dynamisme des couleurs, l’énergie qui s’en dégage. Voici l’harmonie rose et mauve d’un portrait de femme par Toulouse-Lautrec (Sous la verdure), voilà Jeanne Hébuterne, assise que Modigliani a peinte le visage penché – la courbe d’un bras y répond –  sa peau douce et claire si lumineuse sur un fond subtilement partagé entre tons froids et chauds.

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    Amedeo Modigliani (1884-1920), Jeanne Hébuterne, assise, 1918,
    Huile sur toile, 92 x 60 cm, Photo : Peter Schälchli

    Quelques sculptures ponctuent le parcours, dont Femme assise de Kirchner, en bois. Ce dernier est très présent avec des toiles où tons et formes déconcertent au premier regard, comme dans Fillette et chat, Franzi, aux ombres et contours bleus, une scène où le rouge et l’orange dominent.

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    Kirchner, Femme assise

    Autre figure majeure, le Kandinsky encore figuratif, de 1908 à 1911, juste avant le passage à l’abstraction, est magnifiquement représenté par plusieurs paysages de Murnau aux couleurs intenses. Vlaminck, Derain, Jawlensky précèdent des expressionnistes allemands, dont Beckmann. Un festival de couleurs fortes, audacieuses et passionnées !

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    Vlaminck, Derain (vue d’ensemble)

    En descendant vers la suite de l’exposition au sous-sol, il ne faut pas manquer, dans la galerie qui mène vers la salle permanente de la collection Franck, de belles aquarelles et gouaches d’Emil Nolde, un Ciel du soir flamboyant, des Tournesols, un Jardin de fleurs avec femme en robe violette (à l’huile). En face, une Maison jaune de Paul Klee, mystérieuse et gaie, lui oppose une composition plus graphique.

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    Emil Nolde (1867-1956), Blumengarten - Frau mit rotviolettem Kleid, 1908,
    Huile sur toile, 56 x 84 cm, © 2012, ProLitteris Zurich / Photo : Peter Schälchli

    Puis on découvre Le juif à la Thora de Chagall : ses mains et son visage sont verts, son âge, jaune ; rouge, le Livre qu’il serre contre lui ; une pendule vole sous la lune, un village dort dans la neige. Plusieurs Kupka, quelques toiles futuristes. Au sol, une machine de Tinguely (Meta-Herbin Taxi) qu’on aimerait voir en mouvement fait de l’œil aux mobiles de Calder – pour ceux-ci, miracle, un léger souffle suffit à les animer (j’aime les encourager de la sorte, même sous les yeux attentifs d’un gardien – pas de remarque).

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    Gabriele Münter (1877-1962), Sonnenuntergang über dem Staffelsee, vers 1910-1911,
    Huile sur carton, 33 x 41 cm, © 2012, ProLitteris Zurich / Photo : Peter Schälchli

    Les femmes peintres ne manquent pas dans cette collection dédiée à la couleur : plusieurs Sonia Delaunay-Terk, Gabriele Münter avec un superbe coucher de soleil, Sophie Taeuber-Arp, Natalia Goncharova et quelques constructivistes russes. De Bridget Riley, Harmony in rose (1997) est l’œuvre la plus récente de cet accrochage.

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    Sam Francis (1923-1994), Untitled, 1958, Collage sur papier,
    75.5 x 56 cm, © 2012, ProLitteris Zurich / Photo : Peter Schälchli

    J’aimerais encore vous parler des champs colorés de Sam Francis, mais vous en savez assez, j’espère, pour ne pas manquer cette étape à Martigny. « Puisse cette exposition éveiller en vous des émotions positives, dans un monde difficile et si souvent triste. Je serais heureux qu’elle vous aide à échapper, ne serait-ce qu’un instant, à la grise réalité, à éprouver la joie de vivre et à comprendre tout ce que l’art peut apporter de positif. » (Werner Merzbacher)

  • Sauvagerie

    « Je suis dans un pays superbe de sauvagerie, un amoncellement de rochers terrible et une mer invraisemblable de couleurs ; enfin je suis très emballé quoique ayant bien du mal, car j’étais habitué à peindre la Manche et j’avais forcément ma routine, mais l’Océan c’est tout autre chose. »

    Claude Monet à Gustave Caillebotte (Catalogue Monet au musée Marmottan et dans les collections suisses, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2011)  

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    Claude Monet, Tempête sur la côte de Belle-Ile, 1886 (collection particulière)