« Aujourd’hui, que peuvent bien signifier les codes du faubourg Saint-Germain pour des jeunes qui passent leur temps sur les réseaux sociaux ? Et quelle est leur capacité d’absorption de la phrase proustienne lorsque tout se tranche en cent quarante caractères ? Questions en réalité sans objet. Enseigner la Recherche à Los Angeles ou en Chine, c’est, pareillement, éprouver l’universalité d’un texte qui fait s’effriter tous les particularismes culturels, d’âge, de classe. Depuis vingt ans, un groupe se retrouve régulièrement dans un café de Buenos Aires pour lire le même livre, indéfiniment : En busca del tiempo perdido. Ce book club d’un genre particulier a fait l’objet d’un documentaire, Le Temps perdu (2020), de Maria Alvarez. On y voit une dame élégante au regard vif déclarer : « Tout ce qui se passe dans ce roman, à un moment donné de ma vie, je l’ai ressenti. Tout. » Cette phrase, n’importe qui, dans le monde entier, peut la prononcer. »
Laure Murat, Proust, roman familial
Commentaires
La dame au regard vif du documentaire, qui a retrouvé tout d'elle dans La Recherche, exprime d'une phrase l'envergure du roman, son exploration approfondie de la mémoire, de l'amour, de l'art et du passage du temps.
J'ai lu votre billet précédent, bien fait et riche ; il serait bien que je trouve du temps pour lire Laure Murat, mais je ne peux me permettre l'abandon des lectures entamées.
Proust est si loin et je regrette souvent de ne pas m'y être davantage attaché ces dernières années, hormis une conférence de Raphaël Enthoven en 2014.
Merci, Christw, d'apprécier cette lecture. Je comprends très bien que soyez requis par vos lectures en cours et je vous souhaite de trouver un jour une belle plage de temps pour la Recherche.
Moi-même, j'ai attendu que ce livre-ci soit disponible à la bibliothèque et ce n'est pas plus mal de lire quand le souvenir des critiques s'est un peu estompé.