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Inhibitions

vivian gornick,attachement féroce,récit,autobiographie,littérature anglaise,etats-unis,apprentissage,new york,famille,culture,relations« Quand nous nous arrêtons devant une vitrine, comme à cet instant, nous devons bien reconnaître que certaines femmes réfléchissent à leur tenue, et nous mesurons alors notre propre incapacité commune, incarnant alors ce que nous sommes souvent : deux femmes aux inhibitions étonnamment proches, liées parce qu’elles ont passé toute leur vie ou presque dans l’orbite l’une de l’autre. A des moments comme celui-ci, notre rapport mère-fille sonne comme une note étrangère. Je sais que c’est parce que nous sommes mère et fille et que nos réactions sont la même image inversée dans un miroir, et pourtant le mot filial ne me semble pas approprié. Au contraire, l’idée de famille, d’une vie de famille, nous déconcerte : elle soulève des doutes chez elle autant que chez moi. Nous sommes tellement habituées à nous voir comme deux femmes mal préparées à la vie, socialement inadaptées (elle veuve, moi divorcée), incapables à jamais d’avoir une vie de famille. Et pourtant, devant ce magasin, la « vie de famille » semble être un fantasme pour elle autant que pour moi. Les vêtements exhibés là me donnent l’impression que nous sommes dans la confusion sur notre identité profonde, et sur la façon de parvenir à nos fins. »

Vivian Gornick, Attachement féroce

Commentaires

  • Un grand chaos intérieur...
    On pourrait discuter pendant des heures de l'identité mais je pense que si on arrêtait de lier ce concept à un pays, à un groupe de gens, à une religion et ne considérait que les personnes individuelles avec chacune leur vécu, on ferait un grand pas vers une harmonie avec soi-mème.

  • Dans le cas de Vivian Gornick, l'écriture y a certainement aidé. Merci, Colo.

  • Un texte riche qu'il faudrait développer plus encore.
    J'ai connu une fille bâtie comme sa mère, pareil, et qui s'habillait comme sa mère; parfois l'une achetait le vêtement en double: un pour elle, un pour sa fille (ou pour sa mère)
    Elle ne s'est jamais mariée; je pense que n'importe quel homme voyait en découvrant la mère comment serait celle qu'il voulait épouser...Elles donnaient toutes deux une image troublante.

  • Quand le lien est si fusionnel, il y a de quoi troubler et se troubler, en effet. Les liens familiaux sont si complexes.

  • Ça met mal à l'aise cette confusion des personnalités, mais que c'est bien écrit. Ce qui me frappe dans cet extrait, c'est qu'elles n'ont pas l'air d'avoir envie d'y remédier.

  • La narratrice emploie le "nous" dans ce passage où elles sont ensmble, mais la plupart du temps sa mère et elle sont en désaccord - et c'est peu dire.

  • Il y a eu une période où on faisait des photos mère fille où elles semblaient plus sieurs que mère et fille. Bises

  • Comme des soeurs, oui, je me souviens de cela, notamment pour des campagnes publicitaires. Certaines se ressemblent fort.

  • J'ai lu ce livre avec un certain malaise (nous l'avions choisi pour nos séances du groupe littérature). Les relations mère / fille sont toujours troublantes mais dans le cas de Vivian Gornick elles sont toxiques. Sa lucidité frôle la méchanceté par endroit. Nous avons lu dans la foulée "Dites lui que je l'aime" de Clémentine Autain et L'effet maternel de Virginie Linhart.. Trois histoires différentes et pourtant semblables sur un point : la difficulté à réchapper d'une relation avec la mère ambigûe (amour / haine) annihilante.

  • Pour ma part, je n'ai pas ressenti de malaise en lisant ce récit, même si Gornick parle de sa mère avec une certaine dureté - une mère pas commode, qui n'a pas été tendre avec elle non plus. C'est compliqué et parfois toxique, oui, entre mère et fille, nous en connaissons toutes des exemples. Je ne connais pas les deux autres titres, je vais chercher un peu. Avez-vous lu "Les filles et leurs mères" d'Aldo Nouari ? Bonne journée, Zoë.

  • D'après les extraits que tu as présentés, le titre "Attachement féroce" est parfait. Il semble y avoir une certaine animalité dans leur lien, un manque de recul, d'analyse, de réflexion. Surement renforcés par une vie passée l'une avec l'autre, "dans l'orbite l'une de l'autre" comme l'auteur l'écrit.
    Merci pour cette présentation et tout plein de bises.

  • Autour d'elles, il y a toute une vie new-yorkaise, dans l'immeuble de la mère et ailleurs, quand la fille échappe aux limites de son milieu, grâce aux études d'abord.
    C'est moins une analyse qu'un récit du vécu, du ressenti, voire du ressentiment. Merci, Claudie.

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