Beaucoup d’entre vous ont déjà lu Immortelle randonnée de Jean-Christophe Rufin. J’étais intriguée par ce « Compostelle malgré moi » (en sous-titre) et curieuse, bien sûr, de ce célèbre chemin de pèlerinage ou de randonnée qui ne cesse d’attirer du monde, croyant ou pas.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A8lerinage_de_Saint-Jacques-de-Compostelle
Ce qui m’a plu tout de suite, c’est le ton du récit. Rufin dit les choses telles qu’il les a vécues, ressenties, en s’appuyant d’abord sur les aspects concrets de l’entreprise. Comment s’inscrire et obtenir la « credencial », le carnet à faire tamponner aux étapes, le choix du point de départ et du chemin – pour lui, en partant d’Hendaye, ce seront huit cents kilomètres – « environ quarante jours » – vers Compostelle par le nord (en passant par Irun, Bilbao, Santander, Oviedo).
Bien sûr, l’état d’esprit diffère d’un marcheur-pèlerin à l’autre et aussi selon qu’on marche seul ou à deux voire en groupe. Si l’auteur a choisi cet itinéraire, c’est parce qu’il est moins fréquenté que le Camino frances. Il tient à cheminer seul et surtout, autant que possible, à dormir seul – impossible pour lui de trouver le sommeil en collectivité. Il emporte une tente légère dans son sac à dos.
Lire Immortelle randonnée, c’est donc l’accompagner dans cette entreprise et découvrir avec Rufin, de son point de vue forcément, en quoi consiste ce « pèlerinage » ancien vers Saint Jacques, sur les traces du roi Alfonse II qui le premier s’est rendu à Compostelle pour voir les reliques du saint, pour les « Jacquets » des temps contemporains. Le récit en aborde tous les aspects : chaussures, ravitaillement, balises, auberges, rencontres, solitude, météo, motivations, fatigue, religion, commerce, tourisme, beautés et laideurs.
Le plus fascinant, qui se dessine peu à peu à la lecture, c’est la transformation qui se produit à la longue, décrite avec simplicité et sincérité, m’a-t-il semblé. La réalité des paysages traversés s’écarte du chemin imaginé, les motivations de départ font place à d’autres. Non seulement le corps se façonne aux aléas du chemin, mais l’esprit aussi, l’idée qu’on se faisait du chemin, des autres et de soi-même. On croit faire le chemin et c’est le chemin qui vous façonne. « Le Chemin est une alchimie du temps sur l’âme. »
Ainsi cette confidence : « Sans doute ne suis-je pas le seul à goûter les choses et les êtres au moment où ils nous quittent. Mais j’ai poussé plus que d’autres le vice ou la gourmandise jusqu’à m’éloigner souvent de ce que j’ai de plus cher, pour en mesurer le prix. Jeu dangereux où l’on peut gagner beaucoup, mais où il y a encore plus à perdre. » Ou encore « Le Chemin réenchante le monde. »
Comme il l’explique à la fin, Jean-Christophe Rufin n’a pas pris de notes en chemin, ce n’est que bien plus tard qu’il cèdera à la demande de deux amis éditeurs de mettre par écrit ce qu’il leur racontait. Ce n’est donc ni un carnet ni un guide de voyage sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. L’écrivain ne recourt à l’histoire ou ne décrit un lieu que parce qu’il y a mis les pieds, sans se donner en exemple ni prétendre à une quelconque performance. Immortelle randonnée est le partage d’une aventure personnelle.
Commentaires
Je baigne là -dedans, ma petite ville en Périgord est traversée par les pélerins; à côté de chez moi, le village de La coquille, c'et tout dire. J'ai longtemps rêvé de le faire, en 2 mois, de chez moi, c'est possible; certains de mes enfants en ont fait des bouts. Je ne crois pas que maintenant, j'en sois capable...J'ai une amie qui l'a fait 5 fois en empruntant des routes différentes; on en revient toujours changé!
Bonne nouvelle semaine. pour moi, justement, une fois encore, ...sur la route, mais pas à pied!
Blogueuse du Périgord vert, entre Limoges et Périgueux, uu sais donc tout du chemin de Saint Jacques, j'imagine, Hier un reportage sur France 5 en montrait une partie (en Aubrac) où les gîtes renaissent grâce à l'affluence.
Lire Rufin m'a rapprochée un peu de ce rêve d'y marcher, jamais concrétisé non plus.
ça m'intéresse! tant de gens que je connais en ont fait un bout plus ou moins grand... une ancienne collègue a fait le camino total mais à bicyclette, une amie a fait à pied le camino francès,, deux neveux une part du chemin etc etc
Il y a tant de façons de suivre ce chemin, en effet (j'ai corrigé le nom du chemin français, avec l'orthographe de Rufin, merci). Et tant d'états d'esprit différents. J'ai beaucoup aimé la façon dont Rufin l'aborde et le raconte.
En tout cas j'ai beaucoup aimé cette narration!
Relu avec plaisir les passages que tu cites, Keisha. http://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2013/07/immortelle-randonnee.html
j'ai beaucoup aimé le livre de jean-christophe rufin - et j'ai toujours été attirée par les chemins de compostelle, mais ayant discuté avec une personne qui les avait parcouru, cela ressemblait tellement à un lieu surpeuplé que j'ai abandonné l'idée - il faut dire aussi que c'est quelque chose que j'aurais aimé faire plus jeune, là je pense que je n'y arriverais vraiment pas
Il n'y a pas toujours eu cet afflux de pèlerins ou marcheurs observé ces dernières années. Comme le montrait le documentaire de France 5 hier, l'offre de logement, les haltes gourmandes et le transport des bagages d'une étape à l'autre ont considérablement facilité l'entreprise, en particulier pour les "moins jeunes".
Rufin a choisi le chemin du nord dans le but de faire une marche solitaire. Mais il ne cache pas qu'en réalité le chemin est un lieu de rencontres, "pour ne pas dire de drague" !
C'était comme un rêve de faire ce camino
Je ne l'ai pas fait quand c'était possible: je ne peux que lire les récits de ceux qui l'ont fait
(comme quoi il ne faut pas tarder à faire les choses quand elles sont encore possible)
Contente de te retrouver ici, Coumarine, j'espère que cela veut dire que tu vas bien mieux. Nous sommes certainement nombreux à en avoir rêvé sans pouvoir le faire, pour toutes sortes de raisons. C'est le premier récit que je lis sur ce sujet et peut-être en lirai-je d'autres, Dominique en a conseillé plus d'un (A sauts et à gambades).
Un plaisir déjà de l'entendre en parler, https://vodeus.tv/video/jean-christophe-rufin-12-faire-le-chemin-de-compostelle-462
Une expérience différente pour chacun, c'est sûr. Lui il a préféré être seuls, d'autres en groupe. Certains sont croyants, d'autres passionnés par l'architecture des nombreux sites...
Un jour je le lirai, merci
Merci pour le lien, j'ajoute celui que tu m'as recommandé par ailleurs : http://www.lesideesmenentlemonde.fr/821-jean-christophe-rufin.htm
Chacun fait son chemin à sa manière, celle de Rufin ne manque pas d'humour et d'autodérision même, j'espère que tu auras autant de plaisir à le lire qu'à l'écouter.
Bonjour Tania, je n'ai pas lu le livre mais je peux dire que le chemin de Saint-Jacques de Compostelle traverse nos campagnes dans les vignes et lors de promenades, j'ai rencontré des pèlerins. En échangeant quelques mots, j'ai appris qu'ils étaient parti d'Allemagne. C'était bien sympathique. Je note le titre du livre.
Bisous ♥
D'Allemagne, c'est un fameux parcours ! Rufin note que le point de départ "fixe la hiérarchie subtile entre les pèlerins. Quand deux marcheurs se rencontrent, ils ne se demandent pas "Où vas-tu ?", la réponse est évidente, ni "Qui es-tu ?", car sur le chemin on n'est plus rien d'autre qu'un pauvre Jacquet. La question qu'ils posent est "D'où es-tu parti ?" Et la réponse permet immédiatement de savoir à qui l'on a affaire." (p. 16)
Bonne lecture si tu vas à la rencontre de ce pèlerin-ci, Denise.
J'ai beaucoup d'admiration pour ces marcheurs. J'adore marcher mais je ne saurais pas partir comme cela, j'aime bien mon petit confort. Mais je suis persuadé que c'est une expérience formidable. Je n'ai jamais entendu quelqu'un déçu.
Il faut aussi une bonne santé pour marcher jour après jour. J'imagine qu'il y a des modes de cheminement plus confortables aujourd'hui, encore faut-il se libérer de ses activités pour le faire. Merci pour ton passage.
J'avais beaucoup aimé cette lecture et bien sûr je rêve de faire un jour ce chemin vers Compostelle.... mais tant d'autres chemins sont possibles aussi, et bien plus près d'ici. Et puis cela semble maintenant très fréquenté. J'admire pourtant ceux qui s'y lancent.
Bonne journée !
Tu vis dans une région où les beaux chemins ne manquent pas, c'est vrai. Bonne journée, Marie.
Un des meilleurs récits que j'ai lus sur le chemin de Compostelle. Plusieurs personnes autour de moi l'ont fait, plusieurs fois pour certains ; malgré l'affluence dans certains lieux, on sent qu'ils y ont vécu des moments enrichissants et surprenants. Pour avoir une idée du chemin quand il n'était pas à la mode, il faut plutôt lire "la balade des pélerins" d'Edith de la Héronnière.
Merci beaucoup pour ce titre, Aifelle, j'en prends note.
Ce récit du chemin parait très personnel et me tente. Merci Tania ! Plusieurs amies l'ont parcouru, seules, par étapes ou pour une d'un seul tenant en 4 mois. Une d'elle après cheminé cinq fois dans la totalité, va se lancer sur la Via Francigena en Italie. J'admire, elle n'est plus toute jeune...
Belle journée d'automne chez toi !
Laisse-toi tenter, Claudie, cela vaut le coup. Bravo à tes amies pélerines. Il pleuvine ce matin,, mais hier nous avons eu de belles éclaircies pour nous promener au parc et dans les alentours.
j'ai plutôt aimé ce récit de Ruffin après m'en êtrre méfiée
j'ai une version avec photos ce qui est très agréable
J'ignorais qu'il en existait une version illustrée, j'ai trouvé l'une ou l'autre page en ligne. Mais le récit se passe très bien d'illustrations, cela ne m'a pas manqué.
Lien corrigé ! Merci !
Ah, bien, la voie est libre vers Bonheur du Jour.