Soleil couchant, soleil levant,
Gros soleil toujours prêt à pondre.
Mais, ni derrière ni devant,
La syllabe qui sait répondre.
Tes petits jours, ô paysan,
Bien au chaud dans ta main serrée,
Tes petits jours, tes petits ans,
O tes jours de fine cendrée,
Je les vois jusqu’au fond du sang,
Et fer et chair et glaise et glose,
Mais dis-moi, la profonde rose,
L’as-tu respirée en passant ?
Or voici le vin du pays,
Cul-terreux, levons notre verre
Et dis-moi si tu l’as cueilli,
Ce fleuron qui fendait les pierres.
Soleil levant, soleil couchant,
Ta joie est entre deux soleils,
Ta joie est dans ce mince chant
Où s’élance un bouton vermeil.
Mais va l’arracher si tu l’oses,
Paysan, ta profonde rose !
Norge (Goût du bonheur)
Lumières du soir en Drôme provençale, IX/2020 (Photos T&P)