Le dimanche, il y a du monde au lac de Genval. A une demi-heure de Bruxelles en voiture, c’est un bel endroit pour aller se promener. Le lac n’est pas bien grand, on aime en faire le tour, s’installer dans l’herbe ou à une terrasse et admirer la vue. Côté lac, avec son jet d’eau, ses voiliers, ses palmipèdes, et côté rives, avec les demeures de caractère, les restaurants.
Les rhododendrons et les azalées dans les jardins, les iris jaunes au bord de l’eau – l’iris des marais est l’emblème de la région de Bruxelles-Capitale, hélas abandonné cette année sur le drapeau régional pour une stylisation médiocre –, les glycines…, les floraisons de mai sont généreuses. Mais nous sommes ici entre Brabant flamand et Brabant wallon (séparés depuis 1995). La frontière linguistique traverse le lac, entre Overijse et Rixensart.
Certaines propriétés, Belle époque ou modernes, se laissent découvrir des promeneurs, d’autres ont élevé des murs pour protéger leur intimité, surtout celles qui ont les pieds dans l’eau, on les contemplera de loin, de l’autre rive. La Pommeraie, une ancienne ferme, a gardé son environnement champêtre.
Au début du XXe siècle, le modeste étang alimenté par la rivière Argentine, qui longe la rive nord et la Meerlaan (avenue du Lac), est devenu un beau lac de tourisme autour duquel on a créé un quartier cossu. Place au Lac de Genval.
Cet écrin de verdure attire les propriétaires les plus aisés, mais aussi les oiseaux, et bien sûr on y regarde s’affairer des poules d’eau, des canards, des oies – et des poussins bien mignons. Quant aux poissons du lac, une petite pêcheuse les attend au tournant avec une canne rudimentaire, pleine d’optimisme.
Près du Château du Lac (Etablissement d’eaux minérales reconverti en hôtel cinq étoiles), des messieurs en blanc font une partie de croquet.
Sur la grande pelouse, on célèbre un mariage, face au jet d’eau. Endroit huppé, belles voitures, des passants s’arrêtent pour écouter les discours prononcés au micro. De la promenade de ce côté du lac, on aperçoit des maisons aux terrasses quasi sur l’eau.
Un joli trio de villas : au centre, la flèche de Guillaume Tel, réplique d’une chapelle suisse devenue maison d’hôtes, de part et d’autre, des maisons de style normand, le style dominant dans ce qui fut d’abord une villégiature pour la noblesse et la bourgeoisie bruxelloises – les promoteurs immobiliers s’en inspirent encore aujourd’hui.
Sur la promenade, un mur de graffiti détonne, au décor plutôt surréaliste –le propriétaire du Château du Lac a proposé aux participants d’un festival de hip hop, en 1999, de pérenniser ainsi leur passage par une fresque sur le thème des quatre éléments (une façon peut-être aussi de décourager les taggeurs).
En retrait, de grandes maisons pleines de charme semblent délaissées, certaines sont à vendre. Je vous recommande deux beaux sites qui proposent des vues du lac de Genval, de ses demeures et des environs, Rétro Rixensart avec des cartes postales et des vues anciennes et Objectif Rixensart, des photographies actuelles.
Chaque fois que je me promène là, je me demande quelle maison a inspiré celle de La plage d’Ostende : Jacqueline Harpman, au chapitre 2 (« Genval »), raconte comment le père d’Emilienne, la narratrice, les emmène un jour d’avril, sa mère et elle, « visiter une grande maison au bord du lac de Genval. Elle était assez délabrée car elle n’avait pas été occupée pendant quatre ans. » Emilienne Balthus en était tombée « amoureuse » aussitôt et Léopold Wiesbeck, le peintre follement aimé, en sera l’hôte le plus désiré.