En plus des promenades guidées du dimanche, vous l’aurez vu sur le programme des Estivales 2016, l’asbl PatriS (Patrimoine de Schaerbeek) organise des visites plus courtes le jeudi à midi trente. Yves Jacqmin nous y a donné un aperçu des collections artistiques de Schaerbeek à l’Hôtel communal, dont l’inventaire comporte plus de 1600 œuvres – la liste des artistes est disponible sur le site de la commune, non illustrée. (Désolée pour la très mauvaise qualité des photos prises sur place.)
Au premier étage de l'Hôtel communal, bustes des anciens bourgmestres de Schaerbeek.
Lors de l’agrandissement de l’Hôtel communal après l’incendie de 1911, on a prévu une salle pour les exposer – j’y ai vu plusieurs expositions intéressantes, il me semble qu’elles sont moins fréquentes ces dernières années – mais des peintures et des sculptures sont visibles un peu partout dans l’Hôtel communal, les plus précieuses à l’abri dans les cabinets du bourgmestre et des échevins.
Les trois Parques par Egide Rombaux (dans le fond, Jeune Hollandaise de Eugène Smits)
La visite commence par celui de l’échevin de l’Etat civil, qui a gardé son décor historique depuis 1887, l’incendie ayant surtout affecté l’aile droite de l’ancien bâtiment. « Le plus beau », affirme l’échevin, qui nous présente les œuvres les plus remarquables dans cette pièce, en rapport avec les différents âges ou états des personnes. Un magnifique ensemble sculpté par Egide Rombaux (1865-1942) décore le manteau de cheminée (ci-dessus) : Les Trois Parques, en bois de citronnier. On doit notamment à ce sculpteur la statue de Gabrielle Petit place Saint Jean et celle du Cardinal Mercier devant la cathédrale.
Vitraux aux fenêtres du cabinet de l'échevin de l'état civil
Symboles aussi des trois âges de la vie (enfance, maternité, vieillesse), ces trois figures fines et élégantes s’inspirent de la Renaissance italienne, comme les pilastres des lambris (en bois de Hongrie, ce que des visiteurs roumains ont contesté). Aux fenêtres donnant sur la place Colignon, des vitraux illustrent les quatre saisons – les vitraux de l’Hôtel communal parlent de sa construction (escalier d’honneur) et évoquent à chaque fenêtre la symbolique des différentes pièces. Parmi les tableaux accrochés ici, une Jeune Hollandaise par Eugène Smits, un verger en fleurs d’Yvonne Vonnot-Viollet (nièce de Viollet-le-Duc, épouse d’Oswald Poreau).
Classe des filles de Dagmar Furuhjelm
Nous passons dans le cabinet des Travaux Publics où on peut admirer de grandes peintures « de qualité muséale ». D’abord l’étonnante Classe des filles de Dagmar Furuhjelm (1868-1918). Cette Finlandaise, qui a séjourné en Belgique, a peint l’atelier réservé aux filles, distinct de celui des garçons, à l’académie alors située dans la petite rue des Secours. Le modèle se tient dans la lumière, face à la verrière exposée au nord. Des jeunes filles dessinent, peignent, sculptent ; dans l’angle, un artiste donne des conseils. Très beau rendu des couleurs et de la lumière, une œuvre pleine d’atmosphère.
Forge par Maurice Langaskens
Spectaculaire aussi, « La procession du quinze août à Heist » de Jan Verhas, où quatre jeunes filles en robe bleue, suivies par des enfants en blanc et des religieuses, portent une statue de la Vierge. Sur le trottoir, des gens s’arrêtent pour les regarder passer. Une image d’un passé révolu. Et puis voici des vaches dans une prairie peintes par Alfred Verwée, qui savait « travailler » ses ciels, et d’autres vitraux anciens aux fenêtres, des allégories du Commerce, de l’Industrie… Deux jolis marbres près de la cheminée, dont un Nu de Pierre Theunis – beaucoup de sculpteurs avaient leur atelier à Schaerbeek au XIXe siècle.
Cheval sculpté par G. Devreese, devant une toile de C. Barthélemy
Le cabinet de l’Economie renferme plusieurs œuvres animalières : d’Eugène Verboeckhoven, qui a souvent peint des moutons, une étonnante meute de loups ; un intérieur d’étable de Jan Stobbaerts ; près d’un cheval en bronze de Godefroid Devreese (vous vous souvenez du vase Bacchanale de l’avenue Louis Bertrand ?), une scène très enlevée signée par un Ardennais, Camille Barthélemy. Le linteau de cheminée porte une vue de Forge rougeoyante de Maurice Langaskens ; le monde du travail, des usines, est aussi le sujet traité par Oswald Poreau, juste à côté.
Le géographe par Léon Frédéric
J’arrête ici l’énumération : cette première partie de la visite illustre assez l’intérêt et la diversité des collections schaerbeekoises, vouées surtout aux artistes qui ont habité la commune ou y avaient leur atelier. Yves Jacqmin nous a emmenés ensuite au premier étage, où il y a aussi de belles choses à voir. Dans les couloirs, les tableaux sont souvent mal éclairés – « Le Géographe » de Léon Frédéric reçoit une meilleure lumière dans un escalier latéral – mais on peut tout de même y apprécier, entre autres, des vues de Schaerbeek, notamment de la place des Bienfaiteurs ou de l’ancienne église Saint-Servais qui se trouvait à mi-hauteur de l’avenue Louis Bertrand (et qui a abrité l’école de dessin avant d’être démolie).
Paysage par Euphrosine Beernaert (très mal éclairé)
De notre guide passionné par l’histoire de l’art à Schaerbeek, j’ai apprécié entre autres les observations sur les femmes artistes, trop longtemps empêchées d’exercer leur art ou cantonnées dans des genres mineurs. Merci à lui de s’être arrêté devant un beau paysage boisé d’Euphrosine Beernaert (1831-1901), « une rareté » de cette paysagiste ostendaise, dans le style de l’école de Barbizon.
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Du 12 au 18 septembre à la Maison des Arts : "Peintures, sculptures, dessins, portraits, scènes historiques et mythologiques… autant d’œuvres néoclassiques issues de la collection communale et à découvrir dans les salons et bibliothèque de la Maison des arts." (Schaerbeek Info)