IX. « Au temps du « sublime » et de l’héroïsme, on aurait parlé de « vertu médiane » ; et ce terme ancien nous offre justement une interprétation opportune à ce stade de notre parcours ; les vertus communes, et la « mesure » au premier chef, ne « prennent » pas facilement ni ne s’épanouissent dans les caractères tragiques, dans les tempéraments orageux, dans cette forêt romantique et détraquée qui peuple un si grand nombre de romans modernes ; ce sont des vertus qui s’accordent avec la basse continue. Nous ne les remarquons pas ni ne les apprécions : « Avouons-le à notre honte, la vertu mesurée ne nous passionne guère. Nous voulons des excès ; et les excès sont des vices. » (Antoine Houdar de La Motte, Discours sur la tragédie à l’occasion de « Romulus », 1754)
Carlo Ossola, Les vertus communes
Commentaires
Hé bien moi je ne renâcle pas à un excès de mesure ... ;-)
La mesure n'est-elle pas une forme de réserve, de distance ? C'est d'ailleurs son sens dans le langage des escrimeurs : « Distance convenable pour parer ou pour porter un coup de fleuret ou d'épée. »
Ni élan, ni trop grande retenue.
Elle peut être cruelle :
« Dès qu’on déplaisait à mademoiselle de La Mole, elle savait punir par une plaisanterie si mesurée, si bien choisie, si convenable en apparence, lancée si à propos, que la blessure croissait à chaque instant, plus on y réfléchissait. »
(Stendhal, Le Rouge et le Noir)