« William donc, at five, prenait le thé, et si ce n’était pas du thé, oubliant tout alibi anglomane, du café, du chocolat, de la brioche, des tartines, une glace, solides et liquides censés réparer des forces mises à l’épreuve par une énième prouesse domestique. Et lorsque Willy exerçait, la bonne âme, ses talents de pâtissier, c’était face à une épouse que renvoyaient à l’anorexie la seule perspective de collationner au beau milieu de l’après-midi, et le bloc compact de ce cake fauve aux tranches grenues, et les rectangles dodus, liserés d’or brun, de ces financiers aux amandes qui étaient à proprement parler la madeleine de William, sa mère lui ayant appris la recette, entre V. et Saint-Brévin-les-Pins, de cette douceur du même ordre que l’illustre proustienne – d’un petit gâteau à pâte molle que William trempait, lui, dans un café viennois houppé de crème Chantilly, plus volontiers que dans la sobre transparence d’un thé… »
Muriel Cerf, La femme au chat