Une invitation qui ne se refusait pas : Daardaar ou « le meilleur de la presse flamande en français » – un site dont je vous ai déjà parlé – proposait à ses abonnés de rencontrer l’équipe et de découvrir les huit épisodes de « Pardon ? ». Et où cela ? A deux pas de chez moi !
J’étais loin de soupçonner que derrière un banal immeuble résidentiel du boulevard Lambermont se déploie un grand espace de « coworking » en intérieur d’îlot, mais c’était bien là, une bannière de Daardaar flottait devant l’entrée. Au bout du couloir, un autre couloir et tout au fond, quelques personnes déjà assises pour la projection, d’autres en train de bavarder.
Accueillie aimablement par un membre de l’équipe, j’ai reconnu un seul visage : celui de Joyce Azar, « la jeteuse de ponts qui raconte la Flandre aux francophones » (SoirMag), journaliste à la VRT (flamande) et chroniqueuse à la RTBF (radio et télévision francophones) avec « Vu de Flandre ». Vous trouverez la photo et les fonctions de chacun sur le site de Daardaar.
Après un apéro qui a permis de faire connaissance avec l’un ou l’autre, Aubry Touriel, le réalisateur de « Pardon ? », a présenté ces nouvelles capsules diffusées sur le site de Daardaar et sur les chaînes bruxelloises Bruzz et Bx1. Dans le même esprit que Karambolage sur Arte, l’objectif est de créer des passerelles entre les communautés linguistiques. « Pardon ? » : on le dit aussi bien au nord qu’au sud du pays quand on n’a pas compris son interlocuteur.
Les enfants étaient impatients de voir les « dessins animés » : de petites histoires autour de quatre expressions flamandes expliquées en français et de quatre expressions françaises expliquées en flamand. La première projetée ironise gentiment sur la question « Quelle est la capitale de la Flandre ? » Bien vu pour illustrer l’expression « donner sa langue au chat ». Pour ma part, j’ignorais complètement ce que veut dire « De kogel is door de kerk », littéralement : la balle a traversé l’église !
Comme on le voit dans le générique de fin, beaucoup de personnes interviennent pour produire ce genre de clip vidéo, huit en moyenne. Il a fallu du temps pour les réaliser, d’autant plus que cette série a impliqué des citoyens, en faisant appel aux abonnés pour le choix des expressions et même pour les personnages des capsules. Le dessin d’animation est signé Camille Toussaint, comme celui figurant sur la bannière de Daardaar. Les huit épisodes sont à voir sur le site – amusez-vous !
La rencontre s’est terminée par des échanges. Du bon matériel didactique, a-t-on fait remarquer. Existe-t-il en Flandre un équivalent de Daardaar ? Non. Beaucoup souhaitent qu’on y fasse preuve de la même curiosité pour la presse francophone. Il a été question aussi, inévitablement, du financement. Rien que les droits d’auteur coûtent déjà très cher. Tous les membres de l’équipe de Daardaar sont bénévoles et gagnent leur vie par ailleurs.
Geen blad voor de mond nemen - YouTube / © Camille Toussaint
« Pardon ? » a été réalisé dans le cadre d’un appel à projets. Pour continuer, il faudrait des subsides tout en veillant à préserver l’indépendance totale de Daardaar, a insisté Joyce Azar, la responsable éditoriale. Une opération de crowdfunding les a aidés dans le passé, mais ce n’est pas à refaire régulièrement. L’asbl cherche donc des alternatives pour se financer et poursuivre son objectif : refléter en français ce qui se dit en Flandre. Si le travail de Daardaar vous tient à cœur et que vous souhaitez les soutenir, cliquez sur « Appel aux dons ».
Je suis ravie d’être allée à cette présentation sympathique et d’avoir découvert la jeune équipe enthousiaste de Daardaar. La région bruxelloise est bilingue, mais trop souvent encore, la barrière de la langue, voire de la culture, fait que les francophones et les néerlandophones s’y croisent sans se rencontrer. Le site de Daardaar est un bel endroit où apprendre à mieux se connaître. A découvrir absolument.
Commentaires
Quel plaisir, de vous lire et de découvrir cette initiative. J'aime beaucoup l'esprit de Karambolage. Je vais découvrir Daardaar.
Il y a des années, sur France-Culture, une petite équipe s'amusait à comparer des expressions imagées de même sens venues de des pays différents. Comme je regrette de ne pas avoir pris de notes. 'Fier comme un paon': la traduction de l'équivalent brésilien m'avait fait beaucoup rire. Oubliée ? oui.
Bonne journée Tania.
Bonjour, Elisabeth. De mon côté, j'irai me renseigner davantage sur Karambolage.
oui ce sont de belles initiatives!
en Flandre ce sont les journaux et magazines qui ont une page ou une rubrique consacrées à la Wallonie, par exemple Béatrice Delvaux, du journal Le Soir, a une rubrique dans Knack.
Oui, c'est bien. Il y a des initiatives des deux côtés, comme aussi Flandre info de la VRT : https://www.vrt.be/vrtnws/fr/
Merci Tania pour le récit de ton invitation. J'imagine ton plaisir.
Bisous printaniers et bel après-midi :-)
Merci, Denise & bonne journée.
Ont-ils expliqué le ou les critères de choix des articles en flamand? (à part les expressions)
Je ne sais pas s'il existe quelque chose de pareil entre le catalan et l'espagnol, à creuser....
C'est vraiment bien que tu y sois allée, à encourager oui!
Pour ce qui est des articles, l'objectif est de choisir des sujets peu ou pas traités du côté francophone, pour bien refléter ce dont on parle en Flandre. Plus les critères de qualité présentés sur le site (L'équipe/A propos). Tout ce travail bénévole mérite un coup de chapeau, en effet.
C'est merveilleux, juste à côté de chez toi ! J'ai envoyé sur ma boite mail le lien pour découvrir les différents épisodes, il y a de belles initiatives qui font du bien.
Et MERCI pour Rosa Luxembourg, un vrai cadeau ! Lumineuse journée Tania, bises de printemps. brigitte
N'est-ce pas, Brigitte ? Merci pour ton enthousiasme & bises en retour.
Quelle belle opportunité de voir l'envers du décor ou plutôt sa fabrication. J'aime bien Karambolage que je regarde de temps à autre, heureusement que nous avons Arte en France. Je vais aller voir les épisodes pour me faire une idée plus précise.
Les traducteurs de Daardaar travaillent chez eux en général, mais cela m'a fait plaisir de découvrir cet espace de travail à cette occasion. Et je n'imaginais pas tout le travail sous-jacent pour arriver à ces clips bien fignolés.
Ton enthousiasme fait plaisir à lire !
De belles rencontres et un décryptage du travail sur ces clips, ce devait être très intéressant.
Merci pour ton partage Tania !