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Le duo de Green Book

Avec Green Book : Sur les routes du Sud, le réalisateur américain Peter Farrelly a remporté trois Oscars cette année : meilleur film, meilleur scénario original, meilleur second rôle. Green Book raconte la tournée musicale du trio Don Shirley (piano, violoncelle et contrebasse) de New York vers le Sud, en 1962. Don Shirley a vraiment existé (1927-2013). Pianiste et compositeur américain d’origine jamaïcaine, il résidait à Carnegie Hall dans un appartement au décor extraordinaire.

Le film est porté par un formidable duo d’acteurs. Viggo Mortensen campe Tony Vallelonga, dit Tony Lip, qu’on découvre au début du film dans un cabaret new-yorkais où il travaille comme videur. Mais la boîte ferme et il se retrouve sans emploi. (C’est son fils, Nick Vallelonga, qui a écrit le scénario du film.) Sans ressources pour nourrir sa femme et leurs deux enfants, il court le cachet ou met sa montre en gage. Quand on lui propose de se présenter au Dr Don Shirley à Carnegie Hall, il ignore tout de l’homme qu’il va rencontrer.

Le grand noir élégant à l’air hautain qui le reçoit assis sur un véritable trône, Don Shirley, formidablement interprété par Mahershala Ali, a tout ce qu’il faut pour dérouter ce petit blanc italo-américain, grande gueule et raciste. Le musicien cherche un chauffeur pour arriver à temps et à bon port dans chacun des hôtels chic de la tournée où son trio va donner des concerts devant la grande bourgeoisie blanche. D’abord réticent – pas question pour lui de servir comme un domestique – Tony finit par accepter, avec l’accord de sa femme, cette mission qui va le tenir éloigné de New York pendant deux mois.

C’est alors qu’on lui donne le livre de Green – une brochure qui recensait jusqu’en 1966 tous les endroits où les noirs pouvaient trouver un hébergement dans les Etats du Sud où sévissaient encore les lois Jim Crow sur la ségrégation raciale. Les voilà partis dans deux Ford bleu ciel. Le voyage en voiture donne à Don Shirley l’occasion d’apprendre à Tony quelques bonnes manières – vu qu’il l’accompagnera sur les lieux des concerts, où il sera chargé aussi de vérifier que le piano de scène est bien un Steinway, il tient à lui apprendre à mieux se tenir dans ce milieu qu’il ne connaît pas.

De son côté, Tony va découvrir l’immense talent du pianiste, sa grande solitude aussi, et comprendre peu à peu pourquoi celui-ci avait besoin d’un garde du corps. L’histoire de Tony à la recherche d’un job laisse ainsi la place à la rencontre entre deux hommes que tout sépare. Huit semaines ensemble dans une voiture, huit semaines pour apprendre à se connaître, à dépasser leurs préjugés, à s’entendre.

Bien sûr, on entend beaucoup de musique dans ce film, mais le déroulement de cette tournée permet de toucher à différents thèmes, sans insister trop, avec efficacité. Peter Farrelly décrit surtout la ségrégation raciale, les comportements racistes – parfois ouvertement, parfois d’une façon feutrée qui n’est pas moins violente – et l’absurdité des conventions (on applaudit l’artiste mais il n’a pas sa place au restaurant, par exemple).

En plus de cette thématique sociale, Green Book montre les longues routes qui mènent d’un Etat à l’autre, la solitude de l’artiste – Don Shirley a dû opter pour une musique populaire, lui qui rêvait de jouer Chopin sur scène –, le rôle de l’éducation, le courage et la peur. Notez que des membres de sa famille ont protesté contre les inexactitudes du personnage.

Par petites touches, avec humour et pudeur, il est question de toutes sortes de sujets que vous découvrirez si vous allez voir cette belle histoire d’amitié, même de la manière d’écrire des lettres d’amour. Comédie dramatique bien menée, Green Book divertit grâce aux étincelles inévitables entre le musicien cultivé et son chauffeur. Le film illustre les difficultés de chacun, blanc ou noir, pour sortir de son milieu et de ses préjugés.

Commentaires

  • C'est en effet un film avec beaucoup de charme dont on ressort en se sentant bien car il transmet un message positif.
    Bonne journée.

  • Une comédie américaine comme on les aime. Bonne journée, Colo.

  • Il m'attire, ce film, j'avais peur qu'il soit trop "sentimental à l'américaine" (ils ont parfois le don d'en faire juste trop, juste assez pour que ça fasse Harlequin...) :D

  • Je comprends. Même quand il dénonce des stéréotypes, le cinéma américain en véhicule au passage. Le duo d'acteurs l'emporte ici.

  • Haï bien aimé ce film, mais c'est vrai que c'est du cinéma classique américain. Bien fait mais sans surprise.

  • Haï bien aimé ce film, mais c'est vrai que c'est du cinéma classique américain. Bien fait mais sans surprise.

  • Ah, le drôle de lapsus ;-) Je voulais lire ta critique, mais je ne la trouve pas. Tu pourrais mettre un lien ici ? Merci, Luocine.

  • J'ai beaucoup aimé aussi Tania ! Sujets sensibles traités avec pudeur et sans trop en faire. Un film qui fait du bien.
    Merci à toi pour ce résumé pointu. Bises.

  • Merci pour le partage, Claudie, bises.

  • J'ai vu ce filme samedi soir avec ma mère, dans la salle de cinéma municipale, récemment ouverte, de son petit village. Nous étions une douzaine de personnes et c'était très agréable. J'ai beaucoup aimé ce film où la bêtise la plus crasse côtoie la fraternité.

  • Une salle de cinéma dans un village, chouette ! Au cinéma White qui s'est ouvert dans un nouveau centre commercial pas loin de chez moi, l'après-midi, nous ne sommes parfois que deux.

  • J'ai beaucoup aimé ce film moi aussi ; je ne savais pas que des membres de la famille avait protesté. En tout cas pour le spectateur c'est un bon moment et c'est aussi instructif sur la ségrégation de l'époque.

  • On reprocherait au réalisateur d'évoquer cette relation entre Don Shirley et son chauffeur du point de vue des "blancs" et de déformer la relation du musicien avec sa famille. Quoi qu'il en soit, je trouve que le film est un bel hommage à Don Shirley.

  • j'ai beaucoup apprécié le film qui m'a permis de découvrir un magnifique musicien - je suis aussi au courant de la polémique de la part de sa famille par rapport au film - le fils aîné de Tony Vallelonga s'est inspiré des souvenirs de son père pour écrire le scénario, il n'est donc pas possible que tout soit faux comme le dit la famille de Don Shirley

  • Mais oui, tu en as parlé et je suis allée te relire avec grand plaisir. J'ajoute le lien ici et plus haut, merci Niki.

    http://sheherazade2000.canalblog.com/archives/2019/02/26/37132624.html

  • Avec de telles récompenses, le film va certainement rester à l'affiche un bon bout de temps.

  • J'aurais pu y penser plus tôt. Bonne soirée.

  • Je n'ai pas encore eu l'occasion de voir ce film dont tu racontes fort bien le sujet, il a reçu de belles récompenses, on les sent méritées... Douce journée Tania. brigitte

  • Il vaut la peine, j'espère que tu auras l'occasion de le voir. Bises.

  • j'attendrai patiemment qu'il soit disponible sur le net car je me déplace difficilement mais ce film me tente énormément

  • J'ignore dans combien de temps le film y sera diffusé, bonne patience, Dominique & bon courage.

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