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Place réservée

proust,a la recherche du temps perdu,la fugitive,albertine disparue,roman,littérature française,relire la recherche,albertine,charlus,mme verdurin,jalousie,amour,homosexuels,musique,art,venise,culture« Une heure est venue pour moi où, quand je me rappelle le baptistère, devant les flots du Jourdain où Saint Jean immerge le Christ, tandis que la gondole nous attendait devant la Piazzetta, il ne m’est pas indifférent que dans cette fraîche pénombre, à côté de moi, il y eût une femme drapée dans son deuil avec la ferveur respectueuse et enthousiaste de la femme âgée qu’on voit à Venise dans la Sainte Ursule de Carpaccio, et que cette femme aux joues rouges, aux yeux tristes, dans ses voiles noirs, et que rien ne pourra plus jamais faire sortir pour moi de ce sanctuaire doucement éclairé de Saint-Marc où je suis sûr de la retrouver parce qu’elle y a sa place réservée et immuable comme une mosaïque, ce soit ma mère. » 

Marcel Proust, La fugitive

Le baptême du Christ. Vers 1352-54. Venise, Basilique Saint-Marc. Mosaïque du vestibule du Baptistère.
http://cedidoca.diocese-alsace.fr/bible-en-images/nouveau-testament/la-vie-publique-du-christ/le-bapteme-du-christ/

 


 

 

 

 

Commentaires

  • Marcel et Jeanne. Je trouve sur le site du CAIRN un article qui prolonge ce très bel extrait qui m'a intéressé, vous aussi peut-être ?
    Voir https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2001-2-page-153.htm

    Vous trouverez le PDF parmi les travaux de M Schneider : https://www.cairn.info/publications-de-Schneider-Michel--3405.htm

  • Merci pour cette intéressante lecture psychanalytique où Michel Schneider aborde Proust en mêlant la vie et l'œuvre.

  • Les références de christw sont très intéressantes. … Les commentaires de Michel Schneider, déjà cité précédemment, sont très utiles. … Son dernier paragraphe entraîne une réflexion profonde sur le temps qui nous régit dans la complexité d'un "système". … :

    « Ce n’est pas le temps comme dimension qui chez Proust est perdu et retrouvé, c’est le temps comme matière, espace, image. C’est, plus que le temps, le passé. Un passé construit par le désir, rêvé dans la nostalgie qui n’a jamais existé, un passé dans lequel le temps pourrait s’être arrêté, figé, fixé comme une chose et non plus un flux. Quand on dit : « dans le temps » – et quels sont les romans qui ne commencent pas par cet « il était une fois » des vieux contes – on ne dit qu’une chose, un regret, une nostalgie : « Dans le temps, le temps n’existait pas encore. »

  • Comme je suis heureux, Doulidelle, que vous ayez précisément pointé cet aspect du temps si bien compris et exprimé dans le texte de Schneider.
    Puis Proust doit la Recherche à sa mère, au fond.
    "Car après un temps, le temps de la douleur, le fils se remit à écrire, pour oublier Maman, l’enterrer sous le papier, la couvrir de noms et de sensations. Sans doute s’imaginait-il que si elle sentait le poids léger de ses phrases, elle respirerait moins mal. Le devenir écrivain de Proust s’est joué autour du baiser de Maman, écran nécessaire pour arrêter la mort, arrêt sur image d’un temps dénié, fétiche de l’amour. La mère, la mort, on ne peut jamais leur échapper, mais ce n’est que pour le tenter qu’on écrit."

  • @ Doulidelle : Moi aussi, j'ai trouvé ce passage très beau, et particulièrement cette description du temps "comme matière, espace, image".

    @ Christw : Merci pour votre réponse et d'avoir repris cet autre passage de Schneider.

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