« Le mois de juin 1944 s’est installé silencieusement dans sa chair pour y inscrire l’empreinte d’un savoir impérissable qui lui a permis d’expliquer à ses sous-officiers : « Messieurs, la souffrance et la peur ne sont pas les seules clés qui ouvrent l’âme humaine. Elles sont parfois inefficaces. N’oubliez pas qu’il en existe d’autres. La nostalgie. L’orgueil. La tristesse. La honte. L’amour. Soyez attentifs à celui qui est en face de vous. Ne vous obstinez pas inutilement. Trouvez la clé. Il y a toujours une clé » – et il a maintenant la certitude absurde et intolérable qu’il n’a été arrêté à dix-neuf ans que pour apprendre comment accomplir une mission qu’on lui confierait en Algérie, treize ans plus tard. Mais cela, il ne peut pas le dire à Tahar. »
Jérôme Ferrari, Où j’ai laissé mon âme
Commentaires
Moi aussi, je l'ai lu dans la foulée du sermon.
Dans la foulée : belle expression pour une lectrice en marche.
J'ai lu ce livre cet été et je le trouve très bon. je suis assez intéressé par ce qu'il évoque, et de bout en bout il est très juste sur ces portraits de militaires.
Bienvenue, Arnaud, merci d'avoir noté ici votre appréciation. Les personnages de ce roman ne se laissent pas oublier, c'est vrai, tant l'auteur leur a donné profondeur, intensité et "justesse", comme vous l'écrivez.