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Une petite fontaine

« Sous la fenêtre il y avait un potager luxuriant dont les yeux se rassasiaient, avec ses choux, ses haricots, ses planches de laitues, les grosses feuilles de ses citrouilles rampant sur le sol. Une aire de battage, ancienne et mal aplanie, dominait la vallée d’où montaient déjà les brumes légères d’un ruisseau perdu dans les profondeurs. Tout le coin de la maison de ce côté-là était enclavé dans une orangeraie. Et d’une petite fontaine rustique, à demi étouffée sous les roses trémières, coulait un mince filet d’eau tout brillant.
– J’ai mortellement envie de cette eau-là, déclara Jacinto, très sérieux.
– Moi aussi… On pourrait descendre au jardin, non ? Et on passerait par la cuisine, pour savoir où en est le poulet.

Nous retournâmes sur la terrasse. Mon Prince, un peu réconcilié avec l’inclémence du destin, cueillit un œillet jaune. Et par une autre porte, basse, aux solides chambranles, nous plongeâmes dans une pièce jonchée de gravats, sans toit, couverte seulement par de grosses poutres, d’où s’envola une bande de moineaux. »

 

Eça de Queiroz, 202, Champs-Elysées

 

Eça de Queiroz couverture.jpg

 

Commentaires

  • Il est vrai que le désir de campagne se fait de plus en plus virulent chez les citadins me semble-t-il. La promiscuité incontournable des grandes villes est devenue épuisante. Encore que si on est fortuné on puisse se ménager des aires de tranquillité.

  • @ Zoë Lucider : La fortune de Jacinto, tournée en ville vers les nouveautés technologiques et tous les raffinements du luxe, va trouver à la campagne une autre destination, plus écologique et sociale. Notez qu'Eça de Queiroz, ici le chantre de la nature retrouvée, a tout de même terminé sa vie à Paris.

  • "Civilisation, culture, nature, ville" et "satire" : tags parfaits... et en lisant l'extrait, le choix est facile mais il donne aussi la nostalgie du jardin d'avant où nos petits paradis n'étaient pas menacés, où la faune et la flore étaient intactes et où on prenait le temps de les respecter.

  • @ MH : Contente de vous retrouver, MH. Au rayon de la nostalgie, ces bandes de moineaux qui s'envolaient du jardin de mon enfance... (Aujourd'hui je ne les vois plus guère en ville, mais bien sur les aires d'autoroute.)

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