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Littérature - Page 245

  • Tentation du passé

    Avez-vous lu La lune de pluie de Colette (1873-1954) ? Publié en 1940 dans Chambre d’hôtel, ce récit entre dans « le cercle des grandes nouvelles » inauguré avec Bella-Vista (1937). Je ne vous en dirai rien d’autre. Voici le premier des extraits choisis, régalez-vous.

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    « A mes dépens, j’ai eu le temps d’éprouver que la tentation du passé est chez moi plus véhémente que la soif de connaître l’avenir. La rupture avec le présent, le retour en arrière et, brusquement, l’apparition d’un pan de passé frais, inédit, qu’ils me soient donnés par le hasard ou par la patience, s’accompagnent d’un heurt auquel rien ne se compare, et duquel je ne saurais donner aucune définition sensée. Haletant d’asthme parmi la nue bleuâtre des fumigations et le vol des pages une à une détachées de lui, Marcel Proust pourchassait un temps révolu. Ce n’est guère le rôle des écrivains, ni leur facilité, que d’aimer l’avenir. Ils ont assez à faire avec l’obligation de constamment inventer celui de leurs héros, qu’ils puisent d’ailleurs dans leur propre passé. Le mien, si j’y plonge, quel vertige ! »

    Colette, La lune de pluie, Mille et une nuits, 2000, page 14.

  • Un petit trottoir

    « Lundi 25 octobre [1920] (premier jour de l’heure d’hiver)

    Pourquoi la vie est-elle si tragique, si semblable à un petit trottoir en surplomb d’un abîme ? Je regarde en bas ; la tête me tourne. Je me demande comment j’arriverai jamais jusqu’au bout. Mais pourquoi cette impression ? A cet instant où j’en parle, je cesse de la ressentir. Le feu flamboie ; nous devons aller entendre L’Opéra des Gueux, seulement mon impression est là, tout autour de moi. Je ne puis garder les yeux fermés. C’est un sentiment d’impuissance, d’insignifiance. Me voici là, à Richmond, et comme d’une lanterne posée au milieu d’un champ, ma lumière monte dans les ténèbres. A mesure que j’écris, ma mélancolie s’estompe. Pourquoi donc ne pas la noter plus souvent ? Eh bien, ma vanité me l’interdit, je tiens à offrir l’image de la réussite, ne serait-ce que pour moi-même. Mais je n’arrive jamais à la connaître pleinement.

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    Spilliaert, Vertige, 1908

    Cela provient de ne pas avoir d’enfants, d’être loin de mes amis, de ne pas arriver à écrire bien, de dépenser trop pour la nourriture, de vieillir – je me pose trop de questions, je pense trop à moi-même ; je n’aime pas sentir le temps battre des ailes autour de moi. Bon, eh bien travaille ! Oui, mais le travail fatigue vite – je ne puis lire bien longtemps ; écrire toute une heure m’épuise. Ici personne ne vient me faire perdre agréablement mon temps. Et si on le fait, cela me met de méchante humeur. Le trajet de Londres m’impose une trop grande fatigue. Les enfants de Nessa grandissent ; je ne peux plus les inviter pour le thé ni les conduire au zoo. Mon argent de poche ne me permet pas grand-chose. Cependant je suis persuadée que ce sont là des détails sans importance ; et je me dis parfois que c’est la vie en soi qui est tragique pour tous ceux de notre génération. Pas un placard de journal qui ne nous offre le cri d’agonie de quelqu’un. Cet après-midi, c’était McSwiney, et la violence en Irlande, ou bien la grève menace. Le malheur est partout, juste derrière la porte ; ou la stupidité, ce qui est pire. Je ne puis pour autant me débarrasser de mon propre tourment. Reprendre La Chambre de Jacob va, je le sens, ranimer mon courage. J’en ai fini avec Evelyn, mais je n’aime pas ce que j’écris en ce moment. Et malgré tout, comme je suis heureuse !... n’était cette impression que la vie est un petit trottoir en surplomb d’un abîme. »

    Mercredi 10 novembre [1920]

    « J’ai fait un bout de chemin en suivant le bord du trottoir, sans tomber en bas. De nombreuses occupations m’ont forcée à marcher d’un pas vif, et puis, faisant un effort, j’ai acheté un manteau et une jupe et commencé mes mondanités de l’hiver chez Mrs. Samuel Bruce, entre Katie et Elena encore une fois, pour encore une fois entendre et dire les mêmes choses. […] »

    Virginia Woolf, Journal

     

  • Virginia 1919-1922

    Dans le deuxième tome de son Journal, Virginia Woolf commence en janvier 1919, peu avant ses 37 ans, à « dresser un bilan de (ses) amitiés et de leur présente condition, ainsi que du caractère de (ses) amis », pour celle qui à 50 ans « s’installera pour composer ses mémoires à partir de ces cahiers ». Combien sont-ils ? Il y a ceux de Cambridge, « associés à Thoby » (son frère décédé) ; ceux de l’époque Fitzroy Square (où elle a emménagé après le mariage de sa sœur) ; ceux qu’elle appelle les « têtes-de-loup »... Elle cite des noms, en écarte d’autres provisoirement.

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    Lytton Strachey par Vanessa Bell (1911)

    Lytton Strachey, qui a publié l’année précédente Eminents Victoriens, est en tête de liste. Celui qui « caressa un instant l’idée de l’épouser » (appendice) est un ami intime depuis la mort de Thoby. Ils passent parfois des mois sans se voir, ne s’écrivent plus comme au début quand ils avaient tout à découvrir l’un de l’autre, mais elle note : « quand nous nous voyons enfin, nous n’avons pas à nous plaindre » ou « rien n’est plus simple et plus intime qu’une conversation avec Lytton. » Elle l’admire, estime qu’il vaut mieux que ses livres – en s’accusant d’être jalouse, peut-être, de sa célébrité.

    Virginia sait décrire à merveille le temps qu’il fait. Le 30 janvier : « Le froid est tel aujourd’hui que je me demande si je vais pouvoir continuer mon analyse. Un jour pareil, il faudrait être d’émeraude ou de rubis massif pour produire une flamme, au lieu de se dissoudre en atomes gris dans la grisaille universelle. » Le bilan des amitiés reste en plan, elle ne revient à son Journal qu’à la mi-février : elle a couru les agences de placement pour trouver une cuisinière, mais se doit de mettre par écrit « un de (ses) Grands Jours ».

    Le voici : la veille, à l’exposition du peintre Sickert « la plus agréable et la plus vraiment picturale d’Angleterre » –, elle a rencontré Clive Bell qui l’a présentée « au jeune Nevison » (un peintre) avant de l’emmener en tête à tête au restaurant : « Nous avons causé ; vibré à l’unisson ; joué aux tourtereaux » – « comme un duo d’instruments à cordes ». Clive n’apprécie guère son roman La traversée des apparences, mais loue excessivement « La marque sur le mur » (nouvelle imprimée par la Hogarth Press en 1917) et ils ressortiront sur Regent Street au crépuscule, très gais.

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    La Giuseppina, the Ring, par Walter Sickert (1903-1905)

    Son amitié pour Katherine Mansfield, depuis le début, « repose presque entièrement sur des sables mouvants » : Virginia se sent proche d’elle, éprouve une affection mêlée de curiosité envers cette rivale en écriture, dont la mauvaise santé perturbe souvent leur correspondance et leurs rendez-vous. Au retour d’un thé chez Nessa & Clive à Gordon Square, fin mars, en repensant au passé, elle écrit : « Peut-être sommes-nous tous plus heureux ; et en tout cas plus sûrs de nous-mêmes, et par conséquent plus tolérants les uns envers les autres. » Quand elle perçoit un changement chez quelqu’un qui a pris une décision, franchi un certain stade, elle repense à l’expression de Conrad : « Conrad ne dit-il pas qu’il y a une certaine ligne d’ombre entre la jeunesse et l’âge adulte ? »

    Nuit et Jour est prêt pour la publication. Chaque fois, c’est la même crainte de n’être pas aimée, que son texte ne soit pas apprécié, elle se sait susceptible et vulnérable. Le Journal reprend les commentaires, positifs ou non. Son écriture est plus fluide, ses pages plus longues. Elle développe davantage, n’écrit plus tous les jours, saute une semaine parfois : « Jeudi 10 avril. Un grand trou. Comment le justifier, je ne le vois guère. Je me suis donné beaucoup de peine pour un article sur les romans, destiné au Times, et peut-être est-ce ce qui m’a fait passer toute envie de me servir de mes doigts ; et puis, ces derniers jours, j’ai été totalement plongée dans Defoe – et pour écrire ceci, je vole dix minutes à Roxana. Il me faut lire un livre par jour, de façon à me mettre à mon article samedi – telle est la vie de l’écrivassière. »

    « Quelle sorte de journal aimerais-je écrire ? Il devrait être comme un tissu lâche qui ne ferait pas négligé, assez souple pour épouser toutes les choses graves, futiles ou belles qui me viennent à l’esprit. J’aimerais qu’il ressemble à un vieux bureau profond, ou à un vaste fourre-tout dans lequel on jette une masse de choses dépareillées sans les examiner. » En tout cas, pas de censure, elle est bien décidée à « aborder absolument n’importe quel sujet ».

    Magnolia en fleur. Foule de près « détestable ». Près de vingt ans que sa mère est morte. Au retour d’Asheham, où leur bail cessera en septembre : « Ah, comme nous avons été heureux à Asheham ! ce fut un moment d’harmonie parfaite. » A une soirée, la toilette d’Ottoline, « rayée de vert et de bleu comme la mer de Cornouailles ». Et le bonheur en mai quand Lytton vient prendre le thé et la complimente : « il n’y a pas de meilleur critique vivant que moi », « j’ai inventé une prose nouvelle », « j’ai renouvelé la phrase » !

    Parfois, la dépression guette : « Il y a dans le courant de la vie un flux et un reflux, qui l’explique ; mais quant à ce qui provoque ce flux et ce reflux, je ne sais. » Je ne reviens pas sur les circonstances de l’acquisition de Monk’s House (voir Le jardin des Woolf), la vie dans leur nouvelle demeure et les aménagements occuperont bien des pages du Journal. Pourtant quelque chose manque, elle en est consciente : « N’envierais-je pas à Nessa sa maisonnée débordante ? Peut-être, par moments. Julian commence à porter ce qui est presque de vraies culottes de garçon ; tout est florissant et humain là-bas. Peut-être ne puis-je éviter de remarquer un contraste qui m’échappe totalement lorsque je suis en plein travail. »

    Le travail ne manque pas aux Woolf et cela leur plaît : articles, critiques, revues, conférences, impression, il leur faut beaucoup travailler pour maintenir leur train de vie (leurs maisons, un minimum de domesticité, la presse) et être « le couple le plus heureux d’Angleterre ». Mais ce qui importe avant tout à Virginia, c’est la création : elle a tant de plaisir à écrire La Chambre de Jacob ! Viendra le moment où elle mettra le frein au travail de critique, trop contraignant ; elle s’en libérera. Un jour d’été, elle note deux résolutions : « premièrement, exercice modéré au grand air. Deuxièmement, lecture de bons livres. C’est une erreur de croire que la littérature peut se faire à partir d’une matière vive. Il faut sortir de la vie. »

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  • Mon pavillon

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    "Devant le pavillon de gauche à droite : Angelica Bell, Vanessa Bell, Clive Bell,
    Virginia Woolf, Maynard Keynes et les jambes de Lydia Lopokova"

    « Mon pavillon est abattu ; le nouveau est en cours de construction dans le verger. Il y aura de larges portes en façade ; et une vue directe sur Caburn. Je pense dormir là en été. » En décembre, le nouveau pavillon, avec un nouveau fruitier à l’étage était terminé. Pour onze livres, une petite terrasse de briques fut ajoutée en 1935, et devint le lieu de prédilection pour rassembler les amis dans des chaises longues, pour bavarder, prendre le thé et regarder le jeu de boules.

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    "Le bureau de Virginia. Les chemises cartonnées portent des étiquettes écrites de sa main, des dossiers de travail pour ses romans"
    Photo © Caroline Arber

    La livraison qui sauva la vieille femme d’un débat sans fin avec Virginia sur l’existence de Dieu était une grande caisse contenant « un vaste bureau » qu’elle avait acquis pour six livres et 10 shillings. « Ce n’est pas un bureau ordinaire, comme vous pourriez en trouver un à Londres ou à Edimbourgh, et qu’on voit chez tout le monde quand on va déjeuner ; celui-ci est accueillant, plein de caractère, fiable, discret, très réservé. »

    Caroline Zoob, Le jardin de Virginia Woolf

  • Le jardin des Woolf

    Même si on n’a rien lu d’elle, Le jardin de Virginia Woolf est un magnifique album à offrir aux amateurs de jardins et de fleurs – et un cadeau merveilleusement choisi pour qui aime Virginia Woolf, encore merci chère Colo. Caroline Zoob, ancienne conservatrice des lieux, signe cette « Histoire du jardin de Monk’s House » abondamment illustrée. Les photographies de Caroline Arber, les plans du jardin et des plates-bandes avec leurs légendes détaillées, les bouquets, sont un régal à part entière.

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    Le jardin des Woolf : tous deux l’ont désiré, aimé, tous deux en ont récolté les fruits, mais le jardinier, c’est Leonard Woolf qui écrira après la mort de Virginia : « Je sais que V. ne traversera plus le jardin, depuis son pavillon, et pourtant je regarde dans cette direction et je l’attends. » L’acquisition de Monk’s House (Rodmell, Sussex) est une belle histoire. Le bail de leur maison d’Asheham terminé, ils n’imaginent ni l’un ni l’autre de ne plus pouvoir quitter Londres pour la campagne dès qu’ils le peuvent. A Lewes, Virginia visite seule, en juin 1919, la « Maison Ronde », partie d’un ancien moulin, la trouve à son goût : son offre est acceptée.

    Quand elle y retourne avec Leonard, ils voient une affiche en passant : « Monk’s House, à Rodmell, maison ancienne de trois mille mètres carrés de terrain, à saisir » – « juste ce qu’il nous aurait fallu », aurait dit Leonard, que la « Round House » n’enthousiasme pas. Virginia reprend sa bicyclette le lendemain pour Rodmell, décidée à faire preuve d’objectivité : les pièces sont petites, Monk’s House manque de confort, mais les arbres chargés de fruits, les fleurs, le potager, la vue sur « l’éteignoir gris du clocher » l’emballent. A la vente aux enchères, le premier juillet, ils emportent la partie, elle « le rouge aux joues » et lui « tremblant comme la feuille ».

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    Monk's House : Le salon vert

    Dans une lettre, Virginia W. annonce : « notre nouvelle adresse est désormais Monk’s House, dotée de niches pour l’eau bénite et d’une superbe cheminée [deux niches flanquent la cheminée] ; mais la grande affaire, c’est le jardin. Je ne vous en dis pas plus, il vous faudra venir, vous asseoir sur l’herbe avec moi, ou vous promener sous les pommiers, ou grappiller des fruits – cerises, prunes, poires, figues, et des masses de légumes. C’est notre nouvel enfant chéri, je vous préviens. »

    Ni électricité, ni eau courante, ni salles d’eau, cabinet au jardin… Virginia a déjà vendu des bijoux pour payer ses médecins et infirmières, les débuts sont très rustiques, on tire l’eau à la pompe. « Durant cinq ans, Virginia et Leonard se lavèrent dans la cuisine, derrière un rideau, et dans une bassine en fer blanc. » Mais au jardin, Leonard est dans son élément : il nettoie, désherbe, taille, fait des plans. Virginia chaule les murs de la maison de couleurs vives : rouge grenade pour la salle à manger, jaune vif dans les toilettes dehors, salon en vert vif (sa couleur préférée).

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    Virginia et Leonard Woolf dans leur jardin de Monk's House
    (leur photo préférée de Caroline Zoob © Famille Keynes)
     

    Les photos des Woolf dans le jardin de Monk’s House montrent leur bonheur d’y vivre, leur entente. Au fur et à mesure de l’argent gagné, ils vont le transformer, l’embellir, acheter un bout de champ voisin pour préserver leur vue et leur intimité. Allées de briques, terrasses – notamment la « terrasse aux meules » qui intègre les meules des anciens propriétaires –, bassin aux poissons rouges… Leonard devra engager quelqu’un pour se faire aider.

    Virginia l’aide comme elle peut, tient l’échelle, fait des confitures. Elle aime écrire dans la cabane à outils, ce qui est impossible par temps froid. Plus tard, elle aura son pavillon de travail « sous l’arbre près du mur du cimetière ». Ils adorent tous deux s’installer au jardin, y recevoir leur famille, leurs amis, jouer aux boules.

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    Le pavillon de travail de Virginia Woolf à Monk's House ("Du temps de Virginia, il était moitié moins grand.
    La partie à droite de l'arbre fut ajoutée après sa mort et reçoit désormais une exposition sur la maison.")

    Caroline Zoob, dans Le jardin de Virginia Woolf, raconte et décrit chaque partie du jardin, les achats de plantes, les aménagements, le décor, les meubles, la lumière selon les saisons, au fil des années. Les variétés de plantes et d’arbustes sont nommées précisément. Son texte est émaillé de citations issues des écrits personnels du couple. Celui-ci surnommait les deux ormes qui se dressent au bord de la propriété « Leonard » et « Virginia ».

    La conservatrice de Monk’s House durant sept ans raconte aussi ce que devient le jardin « après Virginia », la relation platonique de Leonard Woolf avec Trekkie Parsons-Ritchie qui partageait sa passion pour l’horticulture et le persuadera d’installer une serre contre la maison, dans les années 50, en plus des serres du verger, pour cultiver des espèces exotiques qui lui rappellent Ceylan, et à elle l’Afrique du Sud. Leonard Woolf ne voulait pas que la maison devienne un sanctuaire, il l’a léguée à Trekkie. Celle-ci la confia à l’université du Sussex, qui y logeait des universitaires – « Saul Bellow fut horrifié par le confort primitif de la maison au point de ne pas y passer une seule nuit. »

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    La chambre de Virginia Woolf à Monk's House (carreaux de la cheminée de sa sœur Vanessa Bell,
    "avec un phare, un petit cutter aux voiles rouge sang et des touches du vert de Virginia")

    Mais le jardin en a souffert et Nigel Nicolson, le fils cadet de Vita Sackville-West, œuvra au rapprochement entre l’université et le National Trust. Avec l’aide de ceux qui l’avaient connue du vivant de Virginia et Leonard, la maison de Monk’s House a été « interprétée » dans ce sens avant d’être ouverte en partie au public : photos, tableaux, tissus reproduits, peintures recomposées, objets leur ayant appartenu. « Ce qui manque, sans doute, c’est le fouillis chaotique de livres, papiers, et les assiettes de nourritures pour chiens et chats posées sur l’escalier, dont se souviennent presque tous les visiteurs des Woolf à Monk’s House. »