« Ce rêve, hallucination ou terreur nocturne, m’a hantée à l’âge adulte parce qu’il est si simple, presque abstrait dans sa pureté, et sans pareil dans mon expérience. La majorité de mes rêves d’enfant consistaient en longues narrations capricieuses peuplées de sorcières, d’ogres et de gens que je connaissais, et se passaient dans des rues, des prés, des chambres et des corridors. Le mur défoncé [rêve qu’elle a fait à cinq ans, raconté juste avant] demeure une expression métaphorique efficace à la fois de ma blessure cachée mais omniprésente et de la peur qui, souvent, l’accompagne. J’ai peur que les seuils et les limites ne tiennent pas, que les choses tombent en morceaux. »
Siri Hustvedt, Extraits d’une histoire du moi blessé, 2004 (Plaidoyer pour Eros)
Commentaires
C'était la femme de Paul Auster dont j'ai adoré certains titres, elle, je la connaissais moins, mais j'avais lu un article sur elle, un jour...Et chez une amie des extraits d'Une femme regarde les hommes...Elle y parlait d'art et son écriture m'a plu!
A bientôt Tania. Bon week-end!
L'œuvre de Siri Hustvedt vaut la peine d'être découverte. Auster avait beaucoup d'admiration pour elle. Ils avaient participé ensemble à La Grande Librairie. Bon week-end, Anne.
La dernière phrase dit à elle seule tout son désarroi.
Toute intelligence et sensibilité, c'est une femme qui ose dévoiler ses faiblesses.
Il faudra qu'un jour je découvre Siri Hustvedt. Cet extrait est très beau et on la sent tellement vulnérable...poursuivie même devenue adulte par ce rêve angoissant.
Siri Hustvedt a aussi écrit "La femme qui tremble", sous-titré "Une histoire de mes nerfs" (pas lu). Neuroscientifique, elle se passionne pour la relation entre le psychisme et le physique. A découvrir, oui.