« En atteignant la voiture, je me préparai à reprendre ma place habituelle, mais la mère dit : « Mets-toi devant. Tu verras mieux. »
Je m’installai donc à côté d’elle et j’observai la même différence qu’entre le milieu du magasin et la vitrine. La route descendait entre les champs, le Soleil était visible au milieu des nuages, et je remarquai les grands arbres regroupés à sept ou huit sur l’horizon alors que l’espace était vide autour d’eux. […]
« Je te suis reconnaissante, Klara. Grâce à ta compagnie, je me suis sentie moins malheureuse.
– J’en suis très contente.
– Peut-être que nous pourrons recommencer de temps en temps. Si Josie est trop malade pour sortir. »
Je me tus, et elle ajouta : « Tu n’y vois pas d’inconvénient, Klara, n’est-ce pas ? A ce que nous faisions une autre promenade de ce genre ?
– Non, bien au contraire. Si Josie ne peut pas venir.
– Tu sais quoi ? Je pense que nous ferions mieux de ne rien dire à Josie. Sur ce que tu as fait là-haut. En l’imitant. Elle pourrait mal le prendre. » Puis, au bout d’un autre moment, elle demanda : « Donc nous sommes d’accord ? Pas un mot à Josie à ce sujet.
– Comme vous voudrez. »
Kazuo Ishiguro, Klara et le Soleil