Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L'aîné

boualem,sansal,rue darwin,roman,littérature française,algérie,famille,identité,passé,mère,culture« Quelque chose s’était brisé, qui avait disparu depuis longtemps en vérité, j’avais seulement tardé à le voir et à le reconnaître. Avec maman s’éteignait ce sentiment très fort chez moi qui m’a toujours fait dire ces mots avec émotion et même de la transcendance : mes frères, mes sœurs, ma famille. J’étais l’aîné, je me sentais investi. Parfois ce sentiment me pesait et je me disais que moi aussi j’avais une vie, ma vie, et que je pouvais m’y consacrer entièrement, égoïstement, sans en mourir de honte. Nous étions dispersés dans le monde depuis longtemps, nos liens avaient eu le temps de se distendre, de se rompre, et je ne le voyais pas. Je vivais sur une illusion, une autre histoire, et peut-être ne faisais-je que me conformer à la loi de l’espèce. Je crois bien en définitive que j’ai seulement aidé maman à porter l’immense amour qu’elle vouait à ses enfants. J’ai dû sentir, à un moment ou à un autre, que ce poids était en train de l’écraser. Alors, j’ai aimé mes frères et mes sœurs d’un amour de forçat, si fort que j’en ai oublié de vivre. »

Boualem Sansal, Rue Darwin

Commentaires

  • Émouvant extrait ! Merci Tania ! Un livre à découvrir ♥
    J'ai retenu aussi la citation en réponse à Anne :" "Nous aimerions tous nous croire venus de nulle part ailleurs que de nous-mêmes, que chacun de nos gestes nous appartient. Mais ensuite nous découvrons que nous appartenons à l'histoire et au destin d'une longue lignée d'êtres qui auraient souhaité eux aussi être libres." (Patti Smith)

  • Merci & bonne journée, Fifi.

  • Le propre de l'amour: "oublier de vivre" tant on aime les autres.
    Quant à l'aîné, je me souviens d'une enquête des allocations familiales, il y a plus de 25 ans de ça; on démontrait chiffres à l'appui, comme la place dans la famille jouait un rôle; rien n'est innocent, mais en même temps, il n'y a pas de fatalité, que de paradoxes dans une vie d'hommes!............

  • J'en suis persuadée, la place qu'on occupe dans la fratrie joue un rôle : il me semble qu'il y a plus de pression en première place qu'à la dernière, mais comme tu l'écris, il n'y a pas de fatalité là-dedans. Bonne journée, Anne.

Écrire un commentaire

Optionnel