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Arcachon, Villa Teresa

Le début de La Ville d’hiver vous a plu ? Ce roman de Dominique Bona date de 2005 (le dernier paru). On la connaît souvent davantage par ses biographies (Camille et Paul Claudel, Colette, entre autres) et ses essais sur l’art, mais elle est aussi une romancière, membre de l’Académie française depuis 2013.

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Dans la Ville d'hiver (photo ELLE)

La Ville d’hiver, c’est un quartier d’Arcachon où Sarah séjourne en février dans une villa prêtée par une amie, « une folie de la Belle Epoque » qu’elle aurait pu trouver kitsch et prétentieuse, qui la séduit pourtant : « Sarah la découvrit d’abord avec curiosité, à la manière dont un touriste visite un site du temps passé. Mais, très vite, le sentiment d’une intimité croissante s’était imposé, lui donnant l’illusion d’y avoir déjà habité. »

La villa Teresa est louée tout l’été, d’habitude on ne la chauffe pas en hiver. L’amie n’y vient plus depuis la mort de sa fille à Arcachon. Elle a veillé à ce qu’il y règne une température confortable. « La température extérieure n’en paraissait que plus clémente. Une douceur délicieuse empêchait de croire à l’hiver. » La Ville d’hiver, sur les hauteurs, au milieu des pins, avait été construite pour les tuberculeux qui venaient y chercher « le miracle de l’air de l’océan ».

Très vite, la résidente s’interroge sur la maison, sur cette Teresa, la première à en avoir pris possession. Sarah « s’était fait une vie sans attaches » : ni enfant ni compagnon (depuis peu). Vincent, photographe, plus jeune qu’elle, « était retourné aux corps des jeunes filles qu’il traquait sans trêve ». Elle aimait leurs étreintes, ne l’avait pas retenu. La revue d’art pour laquelle elle travaillait depuis quinze ans venait d’être rachetée, d’où ces vacances « impromptues ».

L’après-midi, elle se promène, lit les noms des rues qui serpentent entre des parcs, ceux des villas, d’anciens prénoms de femmes pour la plupart, puis descend vers la ville basse, le bord de mer. Une nuit, elle entend chanter un air d’Aïda sans comprendre comment la voix de Maria Callas parvient jusqu’à elle.

La vaste bibliothèque de la villa Teresa n’est pas classée, la plupart des ouvrages sont en anglais. Elle y cherche des livres sur Arcachon, déniche quelques guides récents. Sarah aime « les vieux livres, les vieux rideaux, les tentures – tout ce qui évoquait une vie d’autrefois. » L’Histoire la passionne, elle est diplômée de l’Ecole du Louvre, s’intéresse à tous les arts. Dans cette ville « fleuron architectural » du XIXe siècle, où elle pensait trouver un abri, la voilà à nouveau reliée « à un monde ancien » et aux « ombres » du passé.

Quand elle s’enquiert dans une librairie d’autres ouvrages qui la renseigneraient davantage sur la Ville d’hiver, on lui propose une biographie de D’Annunzio qui a vécu longtemps à Arcachon. Comme elle dit se méfier du poète « ultradécadent » et fasciste, le libraire lui recommande l’ancien maire et pharmacien, un ami bibliophile, Bernard Maréchal, chez qui des chercheurs vont regulièrement consulter sa collection d’archives en tous genres.

Sarah ne sait pas encore que la jeune fille au profil de statue qu’elle a remarquée dans la librairie puis au cinéma est la fille du sexagénaire, « parfait gentleman à l’anglaise », chez qui elle va se rendre pour voir s’il possède quelque document sur la villa Teresa. Sa visite chez le collectionneur valait la peine : l’homme est intéressant et lui met entre les mains une fiche reprenant l’historique de la maison construite en 1885 pour le baron Iffla Horus – mais rien sur Teresa.

La Ville d’hiver distille une atmosphère mystérieuse et mélancolique. Les recherches de Sarah l’amènent tout de même au fameux D’Annunzio, poète et grand séducteur. Promenades, découverte de la ville, lectures, tout nourrit la curiosité que cette pause solitaire « en Arcachon », comme on disait, permet à Sarah de suivre à son gré. Elle s’intéresse à une Russe qui fut sa maîtresse, la Goloubeff, une femme ardente en qui elle se projette un peu, elle qui a toujours préféré les étreintes sensuelles et passionnées aux relations routinières.

« Il y a un envoûtement à la lecture des vieux papiers. A condition de pouvoir s’y consacrer, le temps s’arrête, les soucis s’éloignent ; il se crée une mystérieuse intimité avec des personnages qu’on n’a pas connus mais qui finissent par prendre une place plus importante que les vivants. » Tout en flânant dans le présent ou le passé d’Arcachon, Sarah va découvrir aussi la face cachée d’un bibliophile et les liens secrets qui le relient à l’une ou à l’autre de ses amis. La Ville d’hiver a abrité bien d’autres amours que celles du poète et aussi des drames.

Commentaires

  • Je n'ai pas lu celui- là, mais la biographie des Heredia (Les yeux noirs?) et puis une autre; j'aime ce charme. Arcachon aussi a ce charme d'un début de siècle d'avant la guerre.
    Je suis admirative que tu lises autant!

  • Merci de citer cette biographie que je n'ai pas lue. (Pas un jour sans lire, cela reste d'actualité.)

  • Merci pour ce cadeau du matin Tania !
    C'est un bonheur ce partage de lecture que tu offres, cette plongée dans une époque pas si lointaine avec semble-t-il des zones d'ombres dans cette Ville d'hiver....
    Belle journée et Bises.

  • Avec plaisir, Claudie. L'ambiance de cette intrigue m'a plu, davantage qu'à la première lecture même, il y a des années.

  • Certainement, j'aimerais aussi voir ce quartier de près.

  • Bonne lecture, Niki.

  • On pourrait organiser un week-end "amis de ton blog" à Arcachon. Dans ton lien je vois une villa Figaro qui ferait notre affaire. Qu'en penses-tu?

  • Ah, j'irai voir cette villa. Un rendez-vous à Arcachon ? Disons après les grèves ? ;-) Bonne soirée, Colo.

  • Merci, Eimelle.

  • Je ne connais pas du tout cette côte là et je ne savais pas que Dominique Bona avait écrit des romans. Le genre de livre à emporter si l'on y fait un séjour.

  • Certainement, et même avant si on en a envie.

  • Il me semble, Edmée, que ce roman devrait te plaire.

  • Ville d'hiver, ville d'été, Arcachon a un charme fou, nous y sommes allés il y a quelque mois, mon arrière grand mère avait une maison dans la ville d'été qui a fait la joie des promoteurs immobiliers :

    http://www.arcachon-nostalgie.com/img/Villas/FiorDAliza.htm

    Je comprends cet amour pour le passé, la beauté ancienne, les vieux livres et les vieux papiers même si en prenant de l'age, je tente de "m'alléger". Je n'ai pas encore eu l'occasion de lire un livre de Dominique Bona, j'ai vu celui-ci il me semble sur les rayonnages de la bibliothèque... Merci Tania, Doux dimanche. brigitte

  • Oh, une belle demeure, merci pour le lien photo ! Bonne lecture, il y a certainement plein de détails qui te parleront.

  • La plume de Dominique Bona est agréable à suivre.

  • Bonjour Tania, je note, je note.

    Comme tu t'en doutes, je connais bien la Ville d'Hiver d'Arcachon avec ses belles maisons qui nous font rêver. Il m'est arrivé de faire découvrir ce quartier à des touristes et j'ai, dans mes archives, plein de photos en détail de ces belles résidences aux noms enchanteurs.
    La Ville d'Hiver surplombe la baie d'Arcachon et la ville d'été et les deux sont reliées, depuis un parc où subsiste le souvenir du Palais Mauresque dévoré par le feu par un petit ascenseur extraordinaire.
    Je te souhaite , certes avec du retard, une excellente année.

  • Aussi j'aimerais ton avis aussi sur ce roman, si tu l'as lu, et le lien vers tes billets sur Arcachon, si tu en as écrit. Merci & belle année, Aliénor.

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