« « Le voilà, dit Loki, inutilement. C’est Mimas. »
Des sons surgissent et s’échappent de la bouche de Nick, des syllabes qui veulent dire, en gros : Oh nom de Dieu c’est pas possible. Cela fait des semaines qu’il voit des arbres géants, mais jamais un monstre pareil.
Mimas : plus large en diamètre que la vieille ferme de son arrière-arrière-arrière-grand-père. D’ici, tandis que le couchant les drape, la sensation est primitive : le darshan, une exposition en face à face avec la divinité. L’arbre s’élève tout droit comme une butte rocheuse du désert et oublie de s’arrêter. Vu d’en dessous, ce pourrait être Yggdrasil, l’Arbre-Monde, qui a ses racines dans le monde souterrain et sa cime dans le monde céleste. A huit mètres de hauteur, un tronc secondaire surgit de l’étendue du flanc, en une branche plus grosse que le Châtaignier d’Hoel. Deux autres troncs bifurquent plus haut. Le tout ressemble à un exercice de cladistique, l’Arbre de Vie, l’Arbre de l’Evolution : une grande idée qui éclate en une famille de branches nouvelles, tout là-haut au fil du temps long. »
Richard Powers, L’Arbre-Monde.
Yggdrasil, peinture attribuée à Oluf Bagge (Edda, 1847), Wikimedia Commons