« Sur le guéridon, au centre du hall, était posé un grand vase en cristal rempli d’arums blancs. Arezou ouvrit une porte sur la droite, pénétra dans le corridor qui menait aux chambres, passa devant trois portes closes : la pièce de la télévision, sa chambre de jeune fille, le bureau de son père. Quand ils avaient fait construire cette maison, son père avait dit : « Un bureau ? Mais, madame, pourquoi faire ? Moi, je travaille à l’agence. » Mah-Monir, qui feuilletait un magazine, avait relevé la tête en regardant fixement son mari : « Toutes les maisons nobles ont un bureau ! Nous aussi, nous en aurons un. » Son père avait éclaté de rire : « Alors, nous voilà nobles ! Eh bien ! Va pour un bureau ! » Mah-Monir avait jeté sa revue de décoration sur la table : « Toi, tu es devenu noble, moi, je le suis de naissance. »
Zoyâ Pirzâd, On s’y fera
Commentaires
Quelle répartie! Sereine dirait-on, de cette sérénité qui vient de la conviction...
Exactement. Sa fille a de qui tenir.
Noblesse du coeur, en fait ?
Ah, avoir un bureau.....
Bon dimanche !
N'est-ce pas, Marie, quel bonheur ! Bon dimanche.
Oh c'est beau!!
Tu connais le mot de Talleyrand, pourtant noble jusqu'au bout des ongles:
"Dans la particule, ce qui compte, c'est la partie tête"!
Ah ah!
Excellent. Ce qui me trotte en tête, ce sont les vers du Roman de la Rose lus en classe :
"Et si quelqu’un me contredit
Qui se vante de noblesse
Et dise que les gentilshommes,
Ainsi que le peuple les nomme,
Sont de meilleure condition
Par noblesse de naissance
Que ceux qui cultivent les terres
Ou qui vivent de leur labeur,
Je réponds que nul n’est noble
S’il n’est attentif aux vertus,
Ni vilain sauf par ses vices
Par lesquels il paraît insolent et niais.
Noblesse vient des qualités de coeur.
Car noblesse de lignage
N’est pas noblesse qui vaille
Si la bonté du coeur y faille.
Aussi, en eux doit reparaître
La grandeur d’âme de leurs parents
Qui conquirent la noblesse
Par leurs grands exploits.
Et quand du siècle ils trépassèrent
Toutes leurs vertus emportèrent,
Laissant aux héritiers l’avoir;
Car plus ne purent d’eux avoir :
Ils ont l’avoir et plus rien autre,
Ni noblesse ni valeur,
A moins qu’ils ne soient nobles
Par l’intelligence ou par la vertu."
Jean de Meung
(retrouvés chez https://geudensherman.wordpress.com/lit-ma-fr/ma-1250-1350/le-roman-de-la-rose/ )
ça ressemble à quelqu'un que je connais bien ;-)
Un sujet universel !