« La dernière à se coucher fut la Grand-Mère.
« Quoi – pas encore endormie ? » « Non, je t’attendais », dit Kezia. La vieille dame soupira et s’allongea à côté d’elle. Kezia fourra sa tête sous le bras de la Grand-Mère. « Qui je suis ? » murmura-t-elle – c’était un solide vieux rite à honorer entre elles deux. « Tu es mon petit oiseau brun », dit la Grand-Mère. Kezia émit un petit gloussement confus. La Grand-Mère ôta ses dents, qu’elle déposa dans un verre d’eau à côté d’elle sur le plancher.
Ensuite la maison fut silencieuse.
Dans le jardin, de minuscules hiboux poussaient des cris – perchés sur les branches d’un rubanier. ‘Core du porc, ‘core du porc ; et de la brousse, là-bas au loin, surgissait un jacassement vif et criard – Ha Ha Ha Ha. Ha-Ha-Ha-Ha ! »
Katherine Mansfield, L’Aloès
Commentaires
De beaux extraits. Sa maison d'enfance lui manquait et elle a toujours voulu, adulte, avoir une maison à elle. Elle s'est sentie bien à la Villa Pauline...
Merci, Marie, comme je la comprends.
S'endormir contre grand-mère avec les cris des oiseaux de la nuit, comme dans un conte. Paisible enfance.
Une grand-mère heureusement plus attentive à ses petites-filles que leur mère.