« Maintenant que mon père m’a déposée et qu’il est rassasié, il lui tarde d’allumer sa clope et de s’en aller. C’est toujours pareil : il ne reste jamais longtemps une fois qu’il a mangé, contrairement à ma mère qui discuterait la nuit entière jusqu’au lendemain matin. Du moins, c’est ce que prétend mon père, même si je n’ai jamais vu ça de ma vie. Pour ma mère, le travail est sans fin : nous, la fabrication du beurre, les repas, la vaisselle, nous lever et nous préparer pour la messe et pour l’école, sevrer les veaux, engager les ouvriers pour labourer et herser les champs, faire durer l’argent et régler le réveil. Mais cette maison-ci est différente. Ici, il y a la possibilité, et le temps de réfléchir. Il y a peut-être même de l’argent à dépenser. »
Claire Keegan, Les trois lumières
Commentaires
Je me souviens très bien de la surprise de la petite quand elle arrive dans ce milieu si différent du sien.
Bel extrait. Le temps de réfléchir est un luxe et on l'ignore !
@ Aifelle : Différent par tant d'aspects, oui.
@ Witchy : Merci de souligner ce passage, qui m'a frappée aussi.
J'ai mis des liens vers tes articles sur le Musée La Boverie. Bon week-end Tania et à bientôt.
Un très bel extrait d'un roman que j'ai presque complètement oublié.
@ Un petit Belge : Merci à toi & bon week-end aussi.
@ Valérie : Je n'ai pas trouvé de billet à ce sujet sur ton blog, je ne sais dans quelle mesure le roman t'avait intéressée ou non - peut-être pas si tu ne t'en souviens pas.
J'avais beaucoup aimé ce livre !
Il ne récolte que des éloges, en tout cas dans la presse, et le plus souvent sur les blogs. J'ai lu tes trois billets sur Claire Keegan, tu connais déjà bien son univers.