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Approches amoureuses

Comment présenter Jean-Pierre Otte ? Dans la préface de L’Amour au jardin (1995), Jacques Lacarrière le décrit comme « un homme profondément et patiemment instruit du secret des sens et des saisons, un homme qui serait et qui est en fait un jardinier d’amour. » Otte dédie ce livre à sa « femme-jardin, ce fruit dans lequel on distingue encore la fleur. » 

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« L’étonnante tromperie de l’orchidée-abeille » est le premier d’une vingtaine de textes – en prose, oui, mais ciselée, musicale, sensuelle – autant d’approches amoureuses au plus près de l’intimité des plantes, des insectes et autres bestioles résidant au jardin que l’écrivain a observés au jeu de la reproduction. Le joueur, c’est lui : tour à tour faux bourdon, fleur, papillon, escargot, il s’insinue dans les organes si raffinés du microcosmique. « Est-ce bien raisonnable ? Peut-être pas, mais c’est sournoisement enivrant. » (Claude Roy, Le Nouvel Observateur)

« L’orchidée-abeille s’est donc attachée, dans ses laboratoires minces et secrets, à distiller un parfum d’une composition toujours plus complexe, jusqu’à réussir à produire et reproduire à volonté l’odeur forte de l’abeille en ses jours amoureux. La confusion est totale pour le faux bourdon : il répond à l’attraction olfactive, reconnaît la forme à l’orée de la fleur, et subit un dernier stimulus, tactile cette fois, en s’enfonçant convulsivement dans la fourrure brune et douce du labelle. »

Violette, primevère, muscari, passiflore, iris, arum… « Dans l’espace du jardin, tout devient vibrations, allégresses, impatiences. » Au printemps, écrit Jean-Pierre Otte, « le jardin n’est plus qu’un champ de copulation, un lieu de débauche, une chorégraphie de l’amour prompt ou, au contraire, délicat, étiré, subtil. » Il y a du Flaubert chez cet écrivain patient, précis, un véritable styliste.

L’été, lorsque « la clameur serrée des cigales est à son comble », il s’interroge : « Cette exaltation sonore, qui n’aurait de sens qu’en elle-même, nous plaît. Faut-il une utilité, une explication à tout ? Pourquoi la Nature n’aurait-elle pas le goût de la gratuité, des élans d’esthétisme, des dépenses désintéressées de musiques, de couleurs et de rites ? »

L’Amour au jardin nous invite au spectacle : « noces d’écume » des escargots, limaces amoureuses ajustant leur dard, assauts en apparence anarchiques des crapauds, « enlacements », « entrelacs subtils » des orvets qui s’accouplent. Otte ne cherche pas la concision mais la justesse dans la description, l’action même, et son audace anthropomorphique offre le plaisir des mots aux parades du désir.

Amour et sexualité s’affichent dans presque tous les titres de cet écrivain belge, né en 1949, installé en France depuis trente ans. Jean-Pierre Otte, aussi conteur et peintre, et sa femme Myette Ronday proposent sur leur site, « Plaisir d’exister »,  spectacles et conférences, retraite ou atelier d’écriture au mas d’Arnal (Lot). 

Dans Strogoff, paru l’an dernier, Otte revient sur sa jeunesse et parle avec tendresse de « sa grand-mère, férue de botanique », et de « son grand-père, libre penseur passionné d'étymologie » (fiche de l’éditeur) – une autobiographie où j’irais volontiers butiner un peu.

* * *

En partance pour le Midi, je vous ai préparé quelques billets de lecture. Pas sûre de pouvoir là-bas répondre à vos commentaires, mais j'aurai certainement du plaisir à les lire.
A bientôt,

Tania

Commentaires

  • Je conserve précieusement ses livres car ils sont de ceux qui ne prennent par une ride

    Bon séjour dans le sud

  • beau séjour dans le Midi, j'espère que les cigales te réjouiront encore un peu en cet été finissant

  • Claude Roy avait bien raison de dire que c'était sournoisement enivrant..passes de bonnes vacances! :)

  • Je me demande pourquoi je n'ai jamais lu cet auteur .. je note Strogoff pour commencer. Très bonnes vacances, ensoleillées j'espère.

  • Quand le blog est seul, je me sens moins enclin à laisser un commentaire. Je note Otte... et vous souhaite de bien profiter des vacances.

  • Je ne connais pas cet auteur mais je vais le lire. Je vous fais confiance. Bon séjour dans le Sud. Encore dans le Var ?

  • Tout ce qui concerne le jardin et la botanique m'intéresse. Aussi je prends note de ce livre. Merci d'être constamment une source si diverse d'intelligence et de culture.

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