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Une cité étrusque

Une pause dans la cafétéria du Louvre Lens, et puis nous embarquons pour Cerveteri, cité antique au cœur de l’exposition sur Les Etrusques et la Méditerranée (à Lens jusqu’au 10 mars prochain, ensuite à Rome). « Cerveteri était considérée dans l'Antiquité comme "la plus prospère et la plus peuplée des cités d'Étrurie", ainsi que l'écrit l'historien grec Denys d'Halicarnasse. Cette cité, que les Étrusques appelaient Kaisra, les Romains Caere et les Grecs Agylla, est en effet emblématique de la grandeur de la civilisation étrusque : elle a occupé une place centrale en Italie et en Méditerranée tout au long du 1er millénaire avant J.-C. » (Site du musée)

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http://www.louvrelens.fr/-/les-etrusques-et-la-mediterranee

Le parcours chronologique dans l’histoire de cette grande métropole étrusque (à une quarantaine de kilomètres de Rome) se nourrit des grandes fouilles menées au dix-neuvième siècle et de plus récentes. Des vases, des bijoux, de la vaisselle, du mobilier funéraire permettent d’aller à la rencontre de ses habitants et d’un mode de vie. Aux neuvième et huitième siècles avant Jésus-Christ, ils construisaient « des cabanes rondes ou ovales de torchis au toit de chaume » évoquées dans l’exposition par des constructions en carton plissé (je vous recommande le dossier pédagogique pour approfondir le sujet). 

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Les familles les plus riches tiraient profit de l’agriculture et aussi des mines de fer et de cuivre, activités réunies dans ce petit coq qui annonce la première partie de l’exposition : « Histoire d’une découverte ». De belles pièces illustrent l’artisanat du fer : des objets usuels comme un mors de cheval ouvragé ou des coupes ornées qui servaient aux banquets des aristocrates, et des insignes du pouvoir comme ce « lituus » en bronze – sa forme a survécu jusqu’à nos jours dans la crosse des évêques.

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Les trois « lamelles de Pyrgi » en or, découvertes en 1964 dans le sanctuaire de Pyrgi (où se trouvait le principal accès à la mer de Cerveteri), ont suscité l’espoir de déchiffrer la mystérieuse écriture étrusque en comparant le texte gravé sur deux dentre elles à celui en phénicien sur la troisième ; si ce ne fut pas la « pierre de rosette » des étruscologues, c’est tout de même un document essentiel. Bracelets, bagues et autres bijoux exposés plus loin témoignent d’un art de la parure.

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Terres cuites et céramiques occupent une bonne partie de l’exposition : beaucoup de vases aux décors variés, retrouvés dans les tombes, et des figures divines ou humaines, des éléments architecturaux de différentes époques. Les nécropoles ont gardé leur fraîcheur intacte à de grandes jarres en terre cuite. 

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Cruche (oenochoé) décorée sur l’épaule 
de scènes de la guerre de Troie (600 avant JC)

Sur les cruches à bec tréflé, sur les vases – les Étrusques aimaient importer des objets de prestige, notamment des vases grecs –, sont représentés des scènes de guerre ou de chasse, des mythes grecs, des animaux, des feuillages… Trois grandes pierres taillées gardent en relief la trace vivante de deux chiens et d’un cerf. 

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La pièce maîtresse justifie à elle seule la visite : le fameux Sarcophage des époux (sixième siècle avant J.-C.) découvert au milieu du dix-neuvième siècle par Campana, un marquis collectionneur passionné par l’antiquité, et acheté par Napoléon III pour le musée du Louvre. Une banquette invite à s’asseoir pour  l’admirer à son aise, mais c’est sans compter sur la fascination que ce couple antique et souriant, d’une rare harmonie, exerce sur les visiteurs qui s’en approchent.

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Et s’il fallait choisir autre chose pour vous persuader d’aller à la rencontre de l’art étrusque « toujours à mi-chemin du vivant et du sacré, du cérémonial et du convivial, du réalisme direct et d’une forme parfois ensorcelante de primitivisme » (Danièle Gillemon, Le Soir),  il y a ce monumental sarcophage dit « du Magistrat », avec les personnages qui le longent, le défunt sculpté sur le couvercle dans une pose naturelle, comme endormi, un livre (en tissu) derrière la tête (qu’on découvre à travers une vitre aménagée dans la cloison à l’arrière). 

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Fragment du décor architectural (sanctuaire de Pyrgi),
tête de la divinité Leucothée, 4
e siècle avant J.-C.

Ou, moins spectaculaire, mais inoubliable, la tête en terre cuite de Leucothée (quatrième siècle avant J.-C.), Ino devenue divinité protectrice des marins et naufragés et déesse des mers calmes : ses cheveux qui flottent, son regard, sa bouche dessinent un magnifique visage de femme.

Commentaires

  • D'après tes photos les pièces sont bien présentées, et la collection à l'air riche, nous avons la chance à Lyon d'avoir un musée assez bien pourvu et c'est toujours un plaisir de partir ainsi dans le temps

  • Très intéressant ! Je suis assez fascinée par le sarcophage des époux et la tête en terre cuite de Leucothée qui ressemble tant à la première tête en terre que m'a fille a réalisée. Merci.

  • @ Dominique : Je connais si peu Lyon, j'aimerais y passer un jour assez de temps pour découvrir ses musées, notamment celui des tissus.

    @ Danièle : Si vous ne l'avez pas fait, cliquez sur le dossier pédagogique - Leucothée s'y trouve en couverture, une bien meilleure photo. Votre fille sculpte ? La terre cuite a une douceur bien à elle.

  • C'est cela. J'avais tellement envie de revoir ce "Sarcophage des époux" au coeur d'un très beau roman de José Luis Sampedro que je vais relire, "Le sourire étrusque".

  • Le dossier pédagogique est superbe et vraiment intéressant, merci de le renseigner...plaisir de redevenir élève!

    Relire Sampredro, bonne idée.
    J'aime particulièrement les objets en fer, merci pour tout!

  • les étrusque, avec les celtes, mes préférés dans l'histoire des civilisations antiques disparues :)

  • Belle expo. Je me souviens d'avoir vu à Paris, il y a une vingtaine d'années, une exposition également sur les Etrusques, mais impossible de me souvenir dans quel musée !

  • J'ajoute un lien vers tes billets sur les Etrusques, notamment sur l'exposition de Tongres.
    http://www.canalblog.com/cf/search.cfm?q=%C3%A9trusques&bid=634460&searchbtn=Rechercher

  • @ Colo : Je ne sais pourquoi je n'ai pas lu ensuite d'autres livres de Sampedro ni pourquoi ils ne sont pas tous traduits en français - un titre à me conseiller ?

    @ Niki : Qu'est-ce qui rend la civilisation étrusque si attachante ? Sa taille "humaine" ? Elle laisse une impression d'harmonie entre les hommes et avec la nature.

    @ Marilyne : Il y a en ce moment une belle expo au Musée Maillol à Paris - "Etrusques. Un hymne à la vie", pour info.

  • J' ai visité l' année dernière la nécropole de Cerveteri et Tarquinia dans le nord de Rome . Magnifiques tumulis peints , et orfèvrerie à granulation de toute beauté . Peut-être y êtes vous allée ? Je vous recommande . Belle soirée .

  • Voyons, je vois que "La vieille sirène" est traduit, tu peux lire ceci pour te faire une idée de lui et de son oeuvre:
    http://www.liberation.fr/livres/1995/03/16/sampedro-ni-trompettes-la-vieille-sirene-et-le-sourire-etrusque_126886

  • C'est toujours une grande émotion de pouvoir admirer ces oeuvres que des artistes ou artisans etrusques ont façonné il y a plus de deux millénaires. Magnifique collection avec un petit faible moi aussi pour le sarcophage. Très bonne soirée Tania

  • pour moi c'est surtout la position des femmes dans la société étrusque - elles étaient les égales des hommes, ce qui est tout de même assez rare dans le contexte de l'époque - c'est d'ailleurs l'une des nombreuses raisons invoquées par les romains pour anéantir cette société "pervertie" (en oubliant bien sûr que les romains étaient des expansionnistes belliqueux, qui voulaient asservir tous les peuples et s'emparer de leurs richesses - tout ce que l'on doit soi-disant aux romains est tout ce qu'ils ont copié de civilisations plus intelligentes qu'eux)

  • @ Brasseur Michelle : Non, je n'y suis pas allée (je ne connais Tarquinia qu'à travers le roman de Duras !) - un voyage à faire, certainement. Belle journée, Michelle.

    @ Colo : Merci pour l'article et la suggestion, j'espère que de nouvelles traductions vont suivre.

    @ Gérard : Heureuse de vous lire, Gérard. Oui, l'art étrusque nous touche comme s'il n'était pas si lointain, il nous semble presque familier. Passez une bonne journée.

    @ Niki : Merci de le rappeler, cela rejoint mes impressions.

    @ Marilyne : Avec plaisir.

  • Bonjour

    Il y a bien des choses à dire sur les étrusques, leur religion, leur organisation sociale ou leur rôle dans l'histoire des technologies. Mais il est faux de croire que les >Romains ont voulu les exterminer ou les assimiler plus que d'autres.
    On trouve des étruscophones au premier siècle de notre ère : la foudre frappa une statue de César et fit fondre le C en bronze qui était à l'initiale de son nom. Un devin interpréta la chose ainsi : Il reste à César 100 jours à vivre (le C fondu) et il deviendra Dieu, puisque Aesar en étrusque veut dire Dieu. L'empereur Claude, grand intellectuel, personnalité attachante et gestionnaire moyen avant rédigé un de lingua etrusca, malheureusement perdu. Et on sait que dans l'armée de Julien l'Apostat il y avait encore des haruspices étrusques. Ils ont malheureusement disparu dans les tourbillons de sable et les flèches parthes du côté de Ctésiphon.

  • j'ai commis; il y a près de trente ans un mémoire universitaire sur les étrusques et leur langue. A l'époque on espérait trouver une Pierre de rosette étrusco-latine ou etrusco-grecque. L'espoir fut déçu.

  • Splendide, Tania ! Une civilisation si mal connue et des oeuvres si belles : le sarcophage, bien sûr, ces belles pierres rectangulaires et l'extraordinaire tête ! Dommage que Lens soit si loin !

  • @ Hadrien des ombres : Dans ce cas, vous connaissez bien les fameuses "lamelles de Pyrgi".

    @ Annie : Merci, Annie. Dans ce cas, bonne exploration des ressources du site et surtout du beau dossier pédagogique illustré.

  • Oui, je les connais un peur. Elles ont servi notamment à éclaircir le terme Zilath que l'on retrouvait dans l'expression Zilath mechl Rasnal.
    On savait que le Zilath était un puissant. Mais sans plus.
    Par ailleurs on a les bornes frontières avec l'inscription Tular Rasnal qui correspond à Fines Etruscorum, les fontières des étrusques.
    Sur les tablettes de Pyrgi, Zilath se trouve en face du phénicien MLk, racine trillitère sémite qui signifie Roi/Seigneur. On la retrouve chez le Dieu Moloch ou dans les prénoms Malik ou Malika.
    Bref le Zilath semble être un roi (ou un magistrat) de premier plan puisuq'il correspond au titre de souverain. Rasnal signifie Etrusque (confirmé par Suétone) et Mechl (au génitif) signifie sans doute peuple ou nation.

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