Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Une compagne

« Qu’est-ce que la solitude ? Une compagne qui sert à tout.

Elle est un baume appliqué sur les blessures. Elle fait caisse de résonance : les impressions sont décuplées quand on est seul à les faire surgir. Elle impose une responsabilité : je suis l’ambassadeur du genre humain dans la forêt vide d’hommes. Je dois jouir de ce spectacle pour ceux qui en sont privés. Elle génère des pensées puisque la seule conversation possible se tient avec soi-même. Elle lave de tous les bavardages, permet le coup de sonde en soi. Elle convoque à la mémoire le souvenir des gens aimés. Elle lie l’ermite d’amitié avec les plantes et les bêtes et parfois un petit dieu qui passerait par là. » (25 mars)

Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie

tesson,dans les forêts de sibérie,journal,2010,lac baïkal,ermite,solitude,russie,culture


Commentaires

  • Chacun a en soi sa petite forêt de Sibérie (et son petit dieu ;-) celle-ci doit se trouver sur la planète du genre humain, bouffé par ses préoccupations de groupe, aie, aie, aie... oui, je vous le dis : nous sommes tous appelés mais les élus se font rares, vive la cabane ;-)

  • @ MH : Amen. Bonne après-midi, MH.

    @ JEA : Pour un repas, je préfère néanmoins compagnie plus visible.

  • "Pour avoir si souvent dormi, avec ma solitude,
    Je m'en suis fait presqu0une amie, une douce habitude..."
    "..elle sera à mon dernier jour, ma dernière compagne.."
    une pensée pour G. Moustaki.

  • « L’homme libre possède le temps. » L'homme libre ne devrait rien posséder, pas même le temps. Expérience limite mais expérience luxueuse du choix. Beaucoup d'êtres sont seuls, d'une sale solitude née de l'échec et de l'abandon. Il y a la solitude des esthètes, celle des délaissés.
    J'imagine bien cependant que ce livre est riche. L'expérience de la cabane est sans doute déterminante, même si sa chérie n'a pas eu envie d'attendre...

  • Je partage vos objections sur cette expérience, Zoë, et Tesson lui-même en reconnaît les limites. Autre réalité, en effet, que la solitude choisie, confortable, et celle de l'abandon ou de l'isolement involontaire.
    Busnel pousse un peu l'auteur dans ses retranchements (voir le lien proposé par Colo), y compris concernant "sa chérie" comme vous dites.

  • Vertu inestimable de la solitude librement dans la nature: créer un lien d'amitié avec elle.
    Sans pour autant que la solitude devienne trop amie,la mélodie de Moustaki me remonte aussi...

  • N'est-ce pas un rêve d'enfant de vivre dans une cabane, mais pas trop longtemps , juste le temps de faire "comme si" ? Seul? Pas vraiment car on sait qu'on retrouvera un petit lit douillet quand on le décidera.
    La vraie solitude c'est celle du coeur ou de l'esprit, celle de la déchéance ou de la maladie .
    Ca contraste terriblement avec ce qu'a vécu Jack London qui s'est isolé dans "le peuple de l'abîme" et qui a failli ne jamais en revenir.

    Dans un monde si bruyant et si hystérique où il est bien difficile de se retrouver avec soi-même ne voit-on pas surgir de plus en plus ces marchands de rêves qui vous proposent le temps d'un soir ou d'un week-end , de vivre dans une cabane perchée en haut d'un arbre?

    Choisir de s'isoler est peut-être un rêve d'enfant trop gavé de choses virtuelles ?

    J'ai vu le documentaire de Tesson. J'ai bien aimé les paysages et la splendeur de la nature, sa dureté aussi, mais il m'a laissé comme un "doux" malaise.
    Excellent week-end Tania

  • Il y a la solitude de luxe, celle des esthètes ; il y a celle que l'on accorde naturellement au mot, c'est-à-dire celle des délaissés mais il existe aussi une certaine solitude qu'exige le sens religieux, quel qu'il soit et où il se trouve.

  • @ Christw : "Nous sommes en général plus isolés lorsque nous sortons pour nous mêler aux hommes que lorsque nous restons au fond de nos appartements." (Thoreau, cité par Kelen) Danger de la misanthropie.

    @ Gérard : Merveilleux rêve d'enfant tout de même, non ? Peut-être ai-je trop peu montré dans le billet précédent les souffrances et les doutes de Tesson, qui ne baignait pas dans l'euphorie permanente.
    J'ai aussi senti un décalage entre le texte et l'image (comme répondu à Aifelle avant-hier) et une contradiction entre sa volonté de "retraite" et, comment dire, les "produits dérivés" de son expérience. Ce recours à l'image fausse-t-il la portée du texte ? La question est posée, mais il ne me paraît pas simple d'y répondre.
    Très bon week-end, Gérard.

  • Je pense aussi que le retraite est nécessaire de temps à autre. La transcrire d'une manière ou d'une autre est très certainement un exercice difficile, en images encore plus.
    Je ne juge pas Tesson, bien au contraire, je vis moi-même à la campagne où je peux m'isoler de tout quand je veux. C'est peut-être une manière d'essayer de retrouver ce qui faisait la force de nos ancêtres lointains dans leurs cavernes, leurs craintes et leurs effrois aussi, de retrouver une hiérarchie des valeurs que nous avons noyées sous des couches de superficiel.
    Aujourd'hui il fait un temps "mi-figue mi-raisin", propice à la l'isolement, à la rêverie.
    Bonne journée Tania

  • "Peindre, c'est entrer en religion", a dit je ne sais plus quel peintre, mais pas moi ;-)

  • Même temps à Bruxelles, assez venteux. De votre campagne à ma ville, ou l'inverse, plus besoin de pigeon voyageur pour se faire signe.

  • @ MH : En feuilletant votre galerie 2011-2013, je reste intriguée devant "Incipit" - un nouveau début ?

Écrire un commentaire

Optionnel