« Quel étrange fardeau que de porter les actes de sa mère ? D’avoir partagé – non, écouté – sa jalousie et ses douleurs. D’en avoir trop su et pas encore assez. Il n’y a ni coupable ni victime dans cette histoire. Il n’y a pas d’explication pour les histoires qui se terminent mal. J’ai assisté impuissante à la fin d’un amour qui m’avait servi de modèle, puis de repoussoir. Il n’y a que l’absence si longue, cette difficulté à dire et cette incapacité à se taire. »
Isabelle Spaak, Ça ne se fait pas
Commentaires
Pas d'explication pour certaines histoires qui se terminent mal. Surtout, je le pense, quand on y est impliqué affectivement comme Isabelle Spaak; dans ces histoires familiales où il ne saurait être question, trop hâtivement, jamais sans doute, de condamner l'un ou l'autre que l'on a trop bien connu.
Je suis toujours surpris par ces gens qui jugent formellement une affaire criminelle, de leur fauteuil ou à une table de café. Que savent-ils vraiment ?
Vous avez raison de le souligner : les jugements hâtifs, les condamnations péremptoires font mal et la "vérité" est souvent inaccessible aux témoins, connue des seuls protagonistes. Il est si tentant d'expliquer - peut-être pour se débarrasser des questions sans réponse ? Ce n'est pas l'attitude d'Isabelle Spaak qui cherche avant tout, en remontant dans l'histoire de l'un et de l'autre, à comprendre et son père et sa mère.
"J’ai assisté impuissante à la fin d’un amour qui m’avait servi de modèle, puis de repoussoir."
Comment expliquer en effet qu'un si grand amour puisse se dégrader au point d'en arriver à l'irréparable?
Un enfant n'est pas le médicament de ses parents . Il peut les aimer très fort mais ça n'empêchera pas le dénouement terrible .Incapable par amour de choisir entre son père et sa mère , Isabelle Spaak ne peut donc qu'essayer de comprendre.
Entrer dans leurs histoires intimes , dans leur propre enfance , dans leur passion déchirante ,expliquer les infidélités de son père,l'exaspération et la jalousie de sa mère jusqu'au geste ultime c'est possible intellectuellement ,mais affectivement c'est une autre histoire, une déchirure qui ne peut s'exprimer que par un cri du coeur.
Je n'ai pas encore acheté ce livre mais plus vous citez des extraits et plus "il me parle". Merci beaucoup Tania
La difficulté ne vient-elle pas aussi du fait que l'enfant se sent généralement plus proche de l'un ou de l'autre, et, plus tard, se le reproche ? Tout à fait d'accord, Gérard : écrire aide à penser, mais la douleur... Bonne journée, du temps plus sec ici ce matin.