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« Il est rare qu’au Paléolithique la représentation humaine semble tentée pour elle-même, et non pour son symbolisme rituel. Quelques exceptions cependant : en Moravie, cinq centimètres de pierre taillée, apparemment selon une technique d’éclat, et qui composent miraculeusement un torse puissant – il fait songer à Maillol –, ou bien en France un minuscule visage d’ivoire, émouvant comme un portrait inachevé (Brassempouy), évoquent de beaux modèles humains, au lieu des habituelles déesses stéatopyges. Mais, après tout, pourquoi l’art primitif ne serait-il que magique ? Pourquoi exclure que l’idée de la beauté pure ait hanté, un jour, quelque sculpteur de l’âge de la pierre ? »

Fernand Braudel, Les Mémoires de la Méditerranée 

Dame de Brassempouy.jpg


Commentaires

  • Le lien sur "stéatopyge" ne marche pas. Dommage.
    Tout à fait d'accord avec la dernière phrase de Braudel. Je n'ai jamais très bien saisi pourquoi nous considérons nos ancêtres comme "inférieurs", en quelque sorte, à nous.

  • Je reprends ici la définition du TLF : "Stéatopygie, subst. fém. Hypertrophie graisseuse du tissu des fesses; développement exagéré des fesses."

  • L'idée que nous nous faisons de la beauté est-elle la même qu'en ce temps ?
    Mais la beauté pure ? Ne surgit-elle pas, de tous temps, quand quand la main, la tête et le cœur travaillent ensemble, comme l'a souligné John Ruskin ?

  • L'idée que nous nous faisons de la beauté est-elle la même qu'en ce temps ?
    Mais la beauté pure ? Ne surgit-elle pas, de tout temps, quand la main, la tête et le cœur travaillent ensemble, comme l'a souligné John Ruskin ?
    (Désolé de me répéter: mes messages s'échappent toujours avant d'en vérifier l'orthographe).

  • Les fresques de Lascaux, et autres lieux, prouvent bien que l'homme fut très tôt séduit par la beauté et soucieux de spiritualité et que la Création est animée par l'intelligence à tous les niveaux.

  • @ Christw : (Cela arrive, pas de problème.) La main, la tête et le coeur ensemble, belle formule, merci de la rappeler.

    @ Dominique : Je t'en souhaite bonne lecture, c'est une mine.

    @ Armelle B. : Du fac-similé de Lascaux, je garde une impression troublante de communication avec les humains qui ont dessiné ces fresques, de les sentir si éloignés et si proches de nous.

    @ MH : Oui !

  • Le "puissant" torse noir dont parle l'auteur est mince et féminin (wiki parle d'une Vénus) et les stéatopyges (Vénus de Willendorf, Lespugue et d'autres encore) sont des déesses. Les grottes de Lascaux et l'art rupestre en général, c'est bien plus tard ; on y trouve des fresques où l'être humain est représenté mi-homme, mi-animal dans des scènes de chasse.
    Donc, divinités ou non... les premières représentations humaines, créées pour elles-mêmes et trouvées sur terre à ce jour, sont des femmes. Comme l'est ce très beau visage. Elles sont réalisées (sans doute) par des hommes, vu que c'est eux qui maniaient les outils.
    Cette autre question mérite également réflexion, qui peut aller dans tous les sens ;-)

  • Merci de rappeler la chronologie, MH, qui donne le vertige parfois. La puissance dont parle Braudel pour ce torse est sans nul doute la puissance de l'expression : ce torse étonnant est plein de vie ! Enfin, sur la part des femmes et des hommes dans la préhistoire, comme tu le dis, cela fourmille de questions.

  • La question et la réflexion peuvent aller dans tous les sens... en effet.
    Je lis ton billet suivant où tu parles de "passage aux métaux", de Jupiter, de la fécondité et de "siècles de connivence sociale"!! Mais le pôle masculin n'était-il pas là dès le début puisque c'est l'homme qui était l'auteur de ces statuettes ?

  • Oui, il parle de la puissance de l'expression en citant les torses coupés de Maillol... mais j'aurais préféré qu'il parle des sculptures complètes de Camille Claudel, hahaha !

  • @ MH : Braudel revient sur le matriarcat et le patriarcat à propos de la religion dans l'ancienne Crète minoenne. Parmi les objets sacrés (végétaux, animaux) retrouvés dans les palais et dans les sanctuaires, il constate l'omniprésence de la déesse-mère qui "dérive directement de ces déesses adipeuses du premier Néolithique crétois (...) dispensatrices de fécondité". Selon lui, l'Egée, "qui a tout reçu à l'origine de l'Anatolie néolithique et non des civilisations denses de Mésopotamie ou d'Egypte, est restée fidèle à la grande déesse féconde des premiers agriculteurs, au lieu d'adopter le multiple panthéon des civilisations plus évoluées, d'où pour la première fois les dieux mâles ont écarté les déesses."

    @ Euterpe : En gros, si j'ose dire, "callipyge" est un compliment (fessier harmonieusement arrondi), "stéatopyge" l'expression d'un excès ("stéato" : graisseux - ce qui rejoint "adipeux"), tu vois ? Où mène la la lecture d'un essai historique... ;-)

  • Emouvant petit visage en ivoire !Un billet passionnant, y compris les commentaires !

  • Je reviens un instant sur ce visage... après tout, il est peut-être bien celui d'un homme. Comparaison (avec d'autres statuettes) n'est pas raison. J'y vois un jeune guerrier couvert d'une capuche-casque ou coiffé d'une certaine manière tribale. La sculpture est achevée et la bouche cousue exprime sa détermination, sans concession.
    Les temps n'ont pas changé.
    Qu'en penses-tu ?

  • Bonjour, MH. Difficile à dire. J'ignore quelles raisons ont mené les archéologues à opter pour une figure féminine, qu'ils avaient d'abord nommée "Tête à la capuche", en effet (cf. lien sur Brassempouy). Le doute est permis, pourquoi pas ?

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