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Cruelle idéologie

« Je quittai Symons plus conscient de la cruauté irréfléchie qui se cache dans la magnanime affirmation bourgeoise que chacun peut parvenir au bonheur par le travail et l’amour. Ce n’est pas que ces deux choses soient invariablement incapables de procurer ledit bonheur, seulement qu’elles ne le font presque jamais. Et lorsqu’une exception est présentée comme une règle, nos infortunes individuelles, au lieu de nous sembler des aspects quasi inévitables de l’existence, pèsent sur nous comme des malédictions particulières. En niant la place naturelle réservée au désir et à l’erreur dans la destinée humaine, l’idéologie bourgeoise nous refuse la possibilité d’une consolation collective pour nos mariages maussades et nos ambitions non exploitées, et nous condamne à des sentiments solitaires de honte et de persécution dus à notre inaptitude obstinée
à devenir ce que nous sommes. »

 

Alain de Botton, Splendeurs et misères du travail (IV. Orientation professionnelle)

 

Smits Jacob Profil de jeune homme.jpg

 

Commentaires

  • «… affirmation bourgeoise que chacun peut parvenir au bonheur par le travail et l’amour » est devenu très ringard … et pourtant … après une « longue » vie passée dans le travail et l’amour … je n’ai pas raté ma vie et « octogénaire » je continue le travail … et l’amour et je me demande par quoi on peut les remplacer dans sa quête du bonheur ! ? … Quant à la « place réservée au désir et à l’erreur dans la destinée humaine » tout en acceptant leurs inévitables et permanentes « intrusions », elles ne peuvent que nous conforter à ne pas nous laisser « envahir » par elles …

  • @ Doulidelle : Quelle chance nous avons ou nous avons eue d'exercer une profession qui réponde à nos aspirations et dans laquelle nous épanouir ! Je reconnais ton caractère positif à aller de l'avant, envers et contre tout, bravo.
    L'extrait d'Alain de Botton m'interroge néanmoins, il invite à une grande compréhension et à la reconnaissance d'autrui dans toutes ses dimensions, y compris celles qu'il n'a pu ou su réaliser, mais qui font néanmoins sa richesse.
    Dans le même ordre d'idées, j'aime citer cette phrase de Georges Perros : "Ce qu'est un homme dans la vie m'importe peu. C'est son envie d'être autre chose qui m'excite."

  • @ Tania : Détrompe-toi, je n’ai pas eu ta chance « d’exercer une profession qui réponde à mes aspirations » … Le métier de financier-comptable que je pratique toujours est celui que je n’aurais jamais exercé, si la vie m’en avait laissé le choix … mais je me suis efforcé d’y trouver un plaisir intellectuel à bien le faire et à le perfectionner de trouvailles inédites … Cet acharnement à la qualité du travail m’a valu la promotion de chef du personnel et directeur administratif d’une société importante de Belgique qui comptait plus de cinq cents personnes …

    Quant à la phrase de Georges Perros, qui ne s’intéresse pas à ce qu’est un homme dans la vie et qui est « excité » par l’envie qu’a celui-ci d’être autre chose … j’avoue que le mot « envie » (Désir de jouir d’un avantage, d’un plaisir égal à celui d’autrui – Petit Robert) … me dérange s’il s’arrête au « désir », je préférerais « l’ambition » qui est plus dynamique … (qu’en pense le prof. de français) … , parce que c’est bien de cela qu’il s’agit … l’envie est un vice qui fait partie des sept péchés capitaux et est absolument négatif en ce sens qu’il est improductif parce que sans suite …

  • @ Doulidelle : Le "nous" n'était pas de mise, excuse-moi, on ne devrait jamais l'utiliser.
    Une citation que tu apprécieras peut-être davantage, de Louis Jouvet : "Une vocation est un miracle qu'il faut faire soi-même." (L'envie dont parle Perros, ce serait plutôt toutes ces potentialités que l'on porte en soi, et qui accompagnent en mineur nos entreprises, et sans doute les enrichissent.)

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