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Différente

« La souffrance d’être différente est la véritable formation de Frida. Elle ne songe guère à peindre à ce moment-là. Mais elle vit dans un monde de fantaisie et de rêves, où elle trouve une compensation à sa solitude en faisant apparaître
à volonté, sur la fenêtre de sa chambre, une autre Frida, son double, sa sœur : « Sur la buée des vitres, avec un doigt, je dessinais une porte, écrit-elle dans son Journal, et par cette porte je m’échappais par l’imagination avec une grande joie et un sentiment de hâte. J’allais jusqu’à une laiterie appelée Pinzon. Je traversais le « O » de Pinzon et de là je descendais vers le centre de la terre où « mon amie imaginaire » m’attendait toujours. Je ne me souviens plus de son image, ni de la couleur de ses cheveux. Mais je sais qu’elle était gaie, qu’elle riait beaucoup. Sans bruit. Elle était agile et elle dansait comme si elle ne pesait rien. Je l’accompagnais dans sa danse, et en même temps je lui racontais tous mes secrets. » 
»

 

J.M.G. Le Clézio, Diego & Frida, Stock, 1993.

 

 

 

Commentaires

  • L'illustration est idéale. C'est le tableau qui a guidé votre choix de l'extrait ou c'est en lisant le texte que vous avez pensé à la toile ?

  • ah!!!! cette peinture.. elle est magnifique...
    (Elle ne se trouvait pas à l'expo? Non je ne crois pas...)

  • Quand j'étais petit (si je ne le suis pas resté), la laiterie s'appelait "Marie". Même la chaux des murs était laiteuse... Eût-elle porté le nom de "MariOn" que mon histoire aurait peut-être bifurqué vers d'autres horizons ?

  • @ MH : Tout le mérite en revient à Le Clézio, voici le paragraphe suivant : "Frida ne se séparera jamais de son double. Dans un tableau de 1939 intitulé "Les deux Frida", deux soeurs siamoises assises côte à côte se tiennent par la main, leurs deux coeurs apparents unis par la même artère. L'infirmité progressive, l'enfermement dans la solitude de la douleur ont transformé le rêve d'enfant en fantasme, et donné une valeur presque mythique à cette autre elle-même qu'elle scrute indéfiniment dans son miroir."

    @ Coumarine : Elle n'y était pas (voir ci-dessus), dommage.

    @ JEA : Une laiterie et l'horizon en serait changé?

    @ Colo : Pour toi, ils sont en double.
    Baisers de Bruxelles sous un vent frais.

  • Que j'aime cet extrait! Je n'ai rien lu d'elle, et pourtant elle m'a toujours intriguée. Elle semble sauvage, intense, brûlante, d'une beauté qui fait mal parce qu'elle est audacieuse...

  • Formidable cet extrait pour montrer la puissance de l'imagination et ce que l'on peut y puiser. Le tableau est très troublant après avoir lu le texte.

  • Je rejoins Dominique quand elle est dérangée par cette vision antinomiste du corps humain qui est autant vie que chair et viscère … Les auteurs de pareilles œuvres, frisent la frontière, s’ils ne la franchissent pas résolument, du dérangement mental qui cependant est à l’origine de très grandes œuvres … Poussé à la limite de sa recherche de l’absolu dans son « art », l’auteur peut être poussé à franchir les limites de la raison … l’œuvre n’en reste pas moins géniale pour nous qui n’avons pas les mêmes critères …

  • @ Edmée : soyons sauvages, soyons gaies !

    @ Aifelle : sans imagination, la vie serait-elle supportable ?

    @ Doulidelle : imaginer, déraisonner ? l'art comme expérience des limites, sans aucun doute !

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