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écriture - Page 42

  • A vous

    A vous, visiteurs fidèles, à vous, les irréguliers, voire les occasionnels, salut !
    Sept mois après la création de Textes & Prétextes, les statistiques de fréquentation du blog / blogue / bloc-notes (choisissez) ont joliment bondi en sens inverse des cours de bourse. Chaque mois, blogs.lalibre m’indique le nombre de visiteurs différents, je peux ainsi suivre son évolution. Aujourd’hui, pause.
    « Qu’as-tu lu de beau ces temps-ci ? Tu connais  ce bouquin ? Qu’en penses-tu ? » Désireuse de partager mes impressions, j’ai voulu prolonger mes plaisirs de lecture sur la Toile. Après tant de notes et de fiches, prendre le temps d’écrire. Elargir le cercle des échanges.

    Quel amoureux des livres ne s’est jamais laissé à penser qu’il y a dans le tête-à-tête avec un auteur plus d’idées ou de vibrations échangées que dans une journée ordinaire ou une réunion quelconque ? La lecture est une conversation de choix. « Fenêtre par laquelle on s’évade » (Julien Green), « clé qui m’ouvrait le monde » (Beauvoir), le livre « sème à foison les questions » (Cocteau).

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    Lire ne fait pas que nous divertir, lire ouvre à autrui, bouscule, inquiète, émeut, nourrit. « Passé le temps de celles qui sont imposées par l’enseignement – de moins en moins imposées d’ailleurs -, la lecture ne peut plus être que la pratique que nous avons adoptée avec le dessein de nous meubler l’esprit, dans l’ambition d’enrichir nos connaissances et notre mémoire, dans le désir d’entretenir les jardins de l’affectif et de découvrir le théâtre de nos émotions. » résume Hubert Nyssen dans Lira bien qui lira le dernier (Lettre libertine sur la lecture).

    La fréquentation des écrivains – de leurs textes - permet d’entendre d’autres sensibilités que la sienne, de mieux approcher les autres et la réalité du monde. « Réservons le terme de littérature, écrit Maurice Nadeau, à ces œuvres dont André Gide disait qu’elles ne laissent pas le lecteur dans l’état où elles l’ont trouvé. » Loin de moi l’idée de jouer les critiques littéraires ou les critiques d’art.
    Sans attache éditoriale ni journalistique, l’espace de liberté du blogue me permet de traiter de sujets délicieusement inactuels ou d’écrire sur le passionnant aujourd’hui, à mon gré, au hasard des mes lectures et de mes promenades. Je n’écris que sur ce qui me plaît ou m’intéresse, c’est un parti pris.

    Cette note serait incomplète sans un chaleureux merci à ceux qui me font l’amitié d’un commentaire. Ils sont peu nombreux, mais toujours appréciés. Merci à mon amie et sorcière de haut vol, Colo, qui s’est lancée avant moi sur la Toile. Merci à Doulidelle, facétieux pseudo d’un supporter enthousiaste. Merci aux autres commentateurs d’exprimer de temps en temps leur intérêt. A vous qui hésitez à signaler votre passage, je précise que celui-ci peut rester anonyme – un pseudo, des initiales suffisent – et que l’@dresse demandée ne sera pas mise en ligne ni communiquée, c’est un simple outil de sécurisation. Une fois le commentaire rédigé, vous pouvez en demander un aperçu et le modifier.

    A ceux qui seraient tentés de bloguer à leur tour, blogs.lalibre permet de se lancer avec beaucoup de facilité : on complète un formulaire pour s’inscrire, puis on choisit parmi différents modèles. On personnalise par la suite. Nul besoin d’être initié à l’informatique, quoique cela puisse aider. Certains mystères continuent à m’échapper, comme les raisons techniques qui m’empêchent de justifier le texte. Vous aurez remarqué, sans doute, la souris malicieuse cachée dans la marge de droite qui adore grignoter le dernier caractère et m’oblige à certains ajustements.

    Je voulais faire court, j’ai encore fait long.
    A vous.

  • Sur papier bleu

    Le papier était bleu ciel ou bleu lavande, les enveloppes bleu clair, bordées de stries rouges et bleues. La lettre arrivait « par avion » d’Espagne, du Liban, d’Afrique, d’ailleurs. C’était le temps des correspondances. L’écriture annonçait la signature. L’enveloppe légère encore fermée faisait déjà chaud au cœur.

    Le commentaire d’une amie me les a rappelées, ces belles lettres d’une écriture régulière et soignée qui m’arrivaient de Beyrouth. Via les petites annonces du journal Tintin, je m’étais lancée avec enthousiasme dans un échange international. Un Libanais de mon âge – douze, treize ans si je ne me trompe - m’envoyait de belles lettres de son pays qu’il aimait à me faire découvrir. Il composait des poèmes aussi et glissait de temps en temps dans l’enveloppe une fleur séchée, un fin tissu brodé. Puis la guerre a éclaté au Liban – combien de fois a-t-on entendu cela, combien de fois s’est-on senti plein de compassion pour les habitants de ce beau pays auxquels ses voisins refusent une paix durable ? Plus aucune enveloppe au timbre libanais, plus aucune nouvelle d’Antoine M. Il lui était arrivé le pire, sans doute, à mon jeune correspondant du pays du cèdre.

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    Aujourd’hui encore, des mains forment des phrases, jouent avec les mots, envoient des nouvelles, en prennent des vôtres, vous offrent la toujours agréable surprise de quelques lignes au dos d’un paysage, d’une reproduction achetée dans un musée ou à une exposition. L’époque est au court. Les lettres sur papier bleu ou blanc ou crème, elles, se font rares. Dans un tiroir, mes propres blocs de papier à lettres, vergé ou ordinaire, dorment depuis des années, supplantés par les cartes postales.

    Mais les correspondants fidèles n’ont pas disparu. S’ils prennent moins souvent la plume, ils font crépiter les claviers. La messagerie sur Internet, si pratique pour les contacts professionnels, si agaçante avec ses intrusions de mauvais goût, a renouvelé d’une façon formidable les échanges privés. A côté des habitués voire des accros du téléphone, il reste des légions de scripteurs enchantés de la facilité et de la vitesse avec lesquelles ils peuvent s’écrire, se répondre, garder le contact, s’envoyer des photos, des articles ou encore clavarder. Une vraie fête ! Pour ma part, j’en compte davantage de Vénus que de Mars, mais n’en allait-il pas de même pour les messages sur papier bleu ?

    A celles et ceux qui aiment s’écrire, le champ des correspondances s’est magnifiquement élargi. Certaines courriellent d’un continent à l’autre sans jamais s’être rencontrées ailleurs que sur la Toile. D’autres y entretiennent la flamme de l’amitié. A chaque fois, une fenêtre s’ouvre.