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littérature allemande - Page 17

  • Sans postérité

    Il y a une jouissance particulière à découvrir un classique de la littérature à côté duquel on est passé, on ne sait pourquoi, et dont on devine, dès les premières pages, qu’il est de ces récits intemporels dont la force échappe à la poussière des siècles. L’homme sans postérité (1844) d’Adalbert Stifter, professeur, peintre et écrivain autrichien que Nietzsche comptait parmi les rares prosateurs allemands qui méritent d’être lus et relus, décrit en sept temps l’initiation de Victor, un orphelin désargenté, convoqué à la fin de ses études secondaires par un vieil oncle qui tient à ce qu’il séjourne chez lui avant de se lancer dans une carrière quelconque.

    Cela commence par une joyeuse balade à la campagne de Victor avec des amis, pour l’anniversaire de Ferdinand. « Partout, c’est le printemps, aussi inexpérimenté, aussi ingénu qu’eux. » Pourtant, avant de rentrer chez lui le lendemain matin, Victor confirme à son ami ce qu’il avait déclaré : « Je ne me marierai jamais, et je suis bien malheureux ». Parti à l’aube, après quatre heures de marche, il est accueilli par son chien, le vieux Spitz, et la vieille femme qu’il considère comme sa mère, à qui il a été confié à la mort de ses parents.

    Alors qu’elle lui montre les affaires qu’elle a préparées pour son premier poste, des vêtements, du linge, des livres, et de l’argent qu’elle a économisé pour lui, Victor lâche qu’il n’a « plus de goût à rien ». A bientôt soixante-dix ans, la mère se refuse à le laisser penser ainsi. « On doit se réjouir de tout, oui de tout. Le monde est si beau, il devient même de plus en plus beau aussi longtemps qu’on vit. » Victor doit apprendre à apprécier les choses. Après s’être rendu à pied chez son oncle, comme son tuteur l’y a engagé, il commencera une autre vie, se mariera... Mais Victor refuse l’argent qu’elle veut lui donner, qui lui revient à elle, et à sa fille Hanna, sa sœur de lait. La mère décide de le garder en dépôt jusqu’à leur majorité ; alors ils en disposeront à leur guise.

    « C’est comme hier : les montagnes sont encore là, le soleil les éclaire, et les années ont passé comme si elles n’avaient été qu’un seul jour. » Victor se promène une dernière fois autour de la maison, trouve Hanna au jardin. Le cœur lourd à l’idée de quitter « les seuls qui aient été bons » pour lui, il lui confie son chien et lui offre une petite boîte en argent qu’il tient de sa vraie mère. « Il y a que tout est fini et que je suis l’être le plus seul qu’il y ait sur terre. » Vu que son oncle lui reprend son bien, il s’estime incapable de nourrir un jour une épouse. Hanna pleure avec lui, l’embrasse, et lui offre un portefeuille qu’elle a doublé de soie blanche, pour son voyage. Sous le regard ému de la mère, Victor s’en va au petit matin.

    « Le monde devenait de plus en plus vaste, de plus en plus lumineux ; il s’étendait de plus en plus loin au fur et à mesure que le voyageur avançait. » Trois jours après son départ, le marcheur est rattrapé par un Spitz amaigri, affamé, fidèle. Après les petites montagnes apparaissent les hauts monts, Victor demande son chemin pour Attmaning, puis La Hul. Au col, le garçon d’auberge qui l’a accompagné pour lui en indiquer la direction montre comment atteindre le lac où il pourra se faire passer en bateau sur l’île où son oncle l’attend.

    L’arrivée à l’Ermitage le glace : le vieil homme, méfiant, lui dit d’aller noyer son chien ! Révolté, Victor fait demi-tour, mais ne peut se faire entendre du passeur déjà trop éloigné. Il décide de dormir à la belle étoile quand Christophe, le domestique de son oncle, vient le chercher pour le repas et le rassure pour sa bête. Agapes silencieuses, puis on lui montre les deux pièces qui lui sont réservées, avant de l’y enfermer à clé.

    Dans un paysage d’une « terrifiante beauté », Victor découvre la vie rituelle de son oncle, un homme maigre et chenu d’allure négligée, qui lui laisse quartier libre entre les repas, lui ouvrant la grille d’entrée et la refermant à clé chaque fois. De l’extérieur, le jeune homme découvre la bâtisse et les alentours, le monastère abandonné, l’embarcadère où quatre barques sont cadenassées. Le deuxième jour, son oncle lui montre un portrait de son père à qui il ressemble, un « visage extraordinairement gracieux, franc et insouciant ».

    Sinon, rien ne se passe et au bout de la semaine, Victor demande à son oncle pourquoi il l’a convoqué, car il désire repartir le lendemain. L’homme est étonné – il reste six semaines à son neveu avant d’entrer en service – et refuse. « Alors me voilà prisonnier ? » Victor, furieux, déclare que tous les liens entre eux sont dès lors rompus. Commence une période de découverte approfondie de l’île, de baignades dans le lac. Seule la nature et lui-même, pense Victor, échappent à toute cette vieillesse. Un jour, il se sent observé pendant qu’il nage. Son oncle finit par lui
    adresser la parole aux repas, le conseille sur sa façon de nager, lui suggère de chasser. Convaincus tous deux que « jeunesse et grand âge ne vont pas ensemble », l’oncle et le neveu apprennent peu à peu à se connaître, à défaut de s’aimer. Enfin Victor découvrira les raisons de son séjour à l’Ermitage, dont il repartira changé, et avec de nouvelles perspectives.

    La confrontation entre ces deux personnages est très particulière, un vieil homme qui s’enferme farouchement dans la solitude, un jeune homme qui la craint et se voit soumis à une épreuve dont le sens lui échappe. Une vie sans parents, une vie sans enfants, ce sont des thèmes douloureux que Stifter aborde dans L'homme sans postérité, avec une acuité qui ne laisse pas indemne.

     

  • La mesure du monde

    C’est bien un roman, traduit de l’allemand ; c’est une histoire vraie, du moins pour les faits ; ce sont Les arpenteurs du monde de Daniel Kehlmann (2005), grand succès international. Les scientifiques connaissent depuis longtemps les noms d’Alexander von Humboldt (1769-1859) et de Carl Friedriech Gauss (1777-1855), l’un grand explorateur, l’autre « Prince des mathématiques ». Pour le grand public, Daniel Kehlmann a croisé leurs vies et construit un roman à la fois très documenté et plein d’humour, Die Vermessung der Welt (La mesure du monde), qui les montre à l’œuvre.

     

    Le récit commence en septembre 1828. Sur l’insistance d’Humboldt, chambellan du roi, Gauss quitte pour la première fois sa ville, Göttingen, pour se rendre au Congrès allemand des naturalistes à Berlin, en compagnie de son fils Eugène. « C’était étrange et injuste, dit Gauss, et une illustration parfaite du caractère lamentablement aléatoire de l’existence, que d’être né à une période donnée et d’y être rattaché, qu’on le veuille ou non. » A leur arrivée, Humboldt tente de le convaincre de ne pas bouger, un certain Daguerre cherchant à immortaliser leur rencontre, mais Gauss s’impatiente et met fin à la pose. 

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    Il y a deux Humboldt, en réalité. Retour aux origines. Sur les conseils de Goethe, leur mère devenue veuve assure aux deux frères une solide formation, pour l’un aux lettres, pour l’autre aux sciences, à raison de douze heures de travail par jour avec des spécialistes. L’aîné, Wilhelm von Humboldt, deviendra un éminent linguiste et philosophe. Alexander, le cadet, opte pour l’étude de la vie, par désir de « comprendre l’étrange obstination avec laquelle elle s’étendait sur le globe terrestre ». A une réception chez son grand frère, Alexander rencontre le professeur Lichtenberg qu’il interroge sur ses écrits en cours. Comme celui-ci travaille à un ouvrage « qui ne parlait de rien et n’avançait absolument pas », Humboldt réplique qu’écrire des romans « lui semblait la voie royale pour garder une trace de l’instant présent dans sa fugacité même. »

     

     

    Ayant décidé de voyager, après le projet avorté d’une expédition avec Bougainville, Alexander rencontre Aimé Bonpland, un botaniste qui adore les plantes tropicales. Ils décident de partir ensemble. « Sur la route vers l’Espagne, Humboldt mesura chaque colline. Il escalada chaque montagne. Il préleva des échantillons de pierres sur chaque paroi rocheuse. » A Madrid, ils obtiennent des fonds du ministre Urquijo, amant de la reine, et toute l’aide nécessaire à leur voyage d’exploration – en lui prescrivant contre l’impuissance une liste d’ingrédients tous exotiques. A Teneriffe, ils escaladent des volcans éteints et Humboldt découvre un dragonnier gigantesque. Débarquant à Trinidad, Humboldt décrit à son frère « l’air lumineux, le vent chaud, les cocotiers et les flamants roses » et ajoute « Je ne sais pas quand cette lettre arrivera, mais veille à ce qu’elle paraisse dans le journal. Le monde doit entendre parler de moi. Je me tromperais grandement si je lui étais indifférent. » 

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    Le génie de Gauss se révèle d’abord à son maître d’école, qui lui donne à additionner tous les nombres de un à cent, ce qui devrait prendre un certain temps. Gauss, huit ans, donne vite la réponse – 5050 – en observant que cent et un font cent un, nonante-neuf et deux aussi, etc., soit cinquante fois cent un. Le maître convainc son père de l’inscrire au lycée, puis le jeune homme obtient une bourse, grâce au professeur Zimmermann, conseiller à la cour du duc de Brunswick. Un voyage en ballon lui fait voir la terre d’un point de vue nouveau : des points, des lignes, « la légère courbure de l’espace ». Pour Gauss comme pour Humboldt, « La lumière, ce n’est pas la clarté, mais le savoir ! »

     

    Kehlmann nous entraîne donc à la suite de ces hommes épris de connaissance et d’exactitude. Les aventures de l’explorateur sont plus spectaculaires que les intuitions du mathématicien, mais le romancier nous les rend proches, accessibles malgré leur solitude intellectuelle, faute d’interlocuteurs à leur mesure, et l’excentricité de leur comportement. « Des faits et des nombres, (…) eux seuls pouvaient peut-être sauver l’homme » pense Humboldt en prenant de l’âge. Pour Gauss, deux fois marié, ayant charge de famille et soucis de santé, « on ne marchait plus bien, on ne voyait plus aussi bien, et on pensait si lentement. Vieillir n’avait rien de tragique. C’était ridicule. »

  • Ada et le joueur

    « Et si les arrière-petits-enfants des nihilistes avaient déménagé depuis belle lurette, quittant la boutique de bondieuseries empoussiérées qui nous tient lieu de conception du monde ? » Lycée Ernst-Bloch, Bonn, été 2002. Ada, quatorze ans, renvoyée de sa précédente école, y entre en seconde. Dès le préambule de La fille sans qualités (2004), Juli Zeh, romancière allemande, annonce la couleur : noire.

     

    « Surdouée à l’éducation difficile », Ada n’est pas comme les autres. Très vite, elle passe pour la plus intelligente des filles du lycée et non une de ces « princesses » qui collectionnent les succès. Les professeurs la remarquent. Höfi, l’historien qui mène une guerre permanente à la bêtise, fait même les frais de ses reparties. Les élèves n’osent pas trop approcher Ada au début, d’ailleurs elle préfère se tenir à l’écart.  

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    Encre de Gao Xingjian (Prix Nobel de littérature en 2000)
    http://www.homabooks.com/general/books/east_asia/china/1007.php

     

    Vivant avec sa mère dans un malentendu permanent – pour lire à l’aise, Ada s’enferme dans la salle de bain, seule pièce qu’elle puisse fermer à clé pour faire barrage aux questions maternelles –, elle se construit une nouvelle existence au lycée. Son premier copain, Olaf, l’entraîne dans un groupe de musiciens, les Oreilles. « Les autres élèves se tenaient à distance, un peu comme si Ada et les Oreilles étaient un bosquet de bouleaux plantés au centre d’un parc boueux. » Smutek, le professeur d’allemand, grand admirateur de L’homme sans qualités de Musil, projette de le faire lire à ses élèves, au moins des extraits. Depuis qu’il l’a vue courir, il cherche aussi à intégrer Ada au groupe de sport qu’il entraîne pendant son temps libre.

     

    L’année suivante, dans la classe supérieure arrive Alev El Qamar, mi-égyptien, un quart français, et qui fascine tout le monde quand il parle. « La quête du sens est un narcissisme », « Le temps est la seule chose qui manque vraiment aux hommes », « Ne rien faire et ne rien vouloir est la seule façon d’honorer dignement le dieu du temps » : Alev a le sens de la formule. Enfin quelqu’un d’intéressant, se dit Ada.

     

    Les professeurs aussi ont des problèmes et des états d’âme, à l’école, chez eux, comme Smutek et sa femme en désaccord à propos de leur Pologne natale. Il rêvait d’emmener son groupe d’élèves à Vienne, mais se heurte au directeur, déjà furieux qu’il ait obtenu sans lui la rénovation de la piste de sport. Ils se contentent donc de Dahlem, où la belle Mme Smutek est du voyage, Höfi aussi. A table, après une randonnée, les conversations tournent autour de la perte des valeurs, de la religion. Provocateur, Alev se situe carrément du côté du diable. Ada, elle, voit sa vie comme une course : « Je me mets parfois sur la bande blanche qui sépare les couloirs de la piste (…), j’ imagine que cette bande est une arête étroite, la crête allongée d’un massif montagneux, et qu’à ma gauche et à ma droite il y a un précipice profond de mille mètres.  (…) La vie n’est rien d’autre qu’un déplacement permanent  sur cette bande. »

     

    Un soir, Ada sort courir dans la nuit. Près d’un étang gelé, elle surprend « une fée des glaces prenant son bain de minuit. » La glace a craqué sous les pas de Mme Smutek, qui n’arrive pas à s’extraire de l’eau. Ada la sauve et la ramène à l’auberge de jeunesse. C’est après ce premier événement dramatique qu’Alev, pour qui le diable est « No-thing », ni le bien ni le mal mais leur absence, lance à sa camarade une prophétie en trois points. Si elle se réalise, acceptera-t-elle de travailler avec lui ? « Quelque chose en elle avait décidé depuis longtemps de devenir ce qu’Alev souhaitait. Même si ce n’était rien. » 

     

    De retour au lycée, les deux complices dictent désormais leurs règles au cours de Smutek. Celui-ci, satisfait de leurs travaux brillants sur Musil, ressent néanmoins un malaise ; il sent que ces deux-là ont une idée derrière la tête. Alev convainc Ada de jouer avec lui, car « le jeu était l’unique domaine où l’homme pouvait trouver une vraie liberté ». Smutek, qui apprécie Ada sans doute plus qu’il ne faudrait, sera la victime de leur jeu pervers. Son collègue Höfi l’avait pourtant mis en garde contre cette « bande de nihilistes ». Professeurs et élèves entrent dans la tourmente.

     

    Ce gros roman étonnant et cynique donne envie de relire le chef-d’œuvre de Musil, L’homme sans qualités (1930-1933). Les liens sont nombreux et pas uniquement formels, comme les longs titres donnés aux chapitres. Entrées en matière « météorologiques », mélange de réflexion et de narration, interrogation philosophique. Beaucoup de tension. Vous avez aimé le suspense du Maître des illusions de Donna Tartt ? Vous dévorerez La fille sans qualités avec la même fringale.

  • Le sens de l'histoire

    Quel lecteur du Liseur de Bernhard Schlink (1996) ne se souvient d’Hanna, la troublante initiatrice d’un garçon de quinze ans ? Des séances de lecture précédant leurs ébats amoureux ? Et de son terrible secret, révélé peu à peu lors du procès d’anciennes surveillantes ?

    Dans Le Retour, également traduit de l’allemand par Bernard Lortholary, en 2006, réapparaissent les questions obsessionnelles de l’auteur sur l’histoire et la justice, les rapports humains, les secrets du passé, le sens à donner à son existence. Et l’Odyssée d'Homère, qu’il résumait déjà dans Le Liseur comme « l’histoire d’un retour au pays », prend ici toute son ampleur de livre matriciel.

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    Peter Debauer commence par évoquer les vacances qu’il passait auprès de ses grands-parents au bord d’un lac suisse, les journées paisibles aux rituels répétés. Son grand-père féru d’histoire lui racontait avec talent les grandes batailles ou les erreurs judiciaires. Les soirées, sous une lampe basse, ils les passaient tous les trois à lire ou à écrire. Ses grands-parents s’occupaient d’une collection de « romans pour le plaisir et le divertissement de qualité », corrigeaient des manuscrits ou des épreuves, rédigeaient eux-mêmes à l’occasion.

    Bien qu’il fût interdit au garçon de les lire – on lui conseillait des ouvrages plus intéressants -, il finit un jour par parcourir quelques feuillets au dos du papier de récupération qu’on lui donne pour prendre note à l’école. Il s’agit d’un soldat allemand, Karl, prisonnier des Russes, qui réussit à s’évader. Rentré en Allemagne après bien des difficultés, celui-ci retrouve sa femme en compagnie d’un autre homme et de deux enfants. Mais il manque des pages et Peter Debauer n’aura de cesse de connaître la fin du récit. Tout le roman de Schlink tourne autour de ce retour non élucidé, d’où le titre, lié aussi à une quête plus personnelle.

    Le garçon n’a pas connu son père, mort à la guerre, et sa mère élude les questions à son propos. Après des études de droit, un voyage à San Francisco, Peter se décide à travailler pour une maison qui édite des manuels d’enseignement, dans une ville voisine. C’est là qu’il reconnaît au passage l’immeuble de grès rouge décrit dans l’histoire du soldat. (Bernhard Schlink se montre toujours précis en décrivant les façades, les meubles, les objets, et sans doute, comme dans cette histoire, sont-ils empruntés à la réalité.)

    En regardant un jour les aventures d’Ulysse au cinéma, Peter comprend tout à coup la structure sous-jacente aux aventures de Karl : ce sont les péripéties de l’Odyssée, transposées dans une autre époque. A force de penser à cette histoire, Debauer finit par sonner au premier étage de l’immeuble reconnu. Une jeune femme, Barbara Bindinger, l’accueille, l’écoute, sans trouver dans les souvenirs de sa famille quoi que ce soit qui puisse l’aider à résoudre l’énigme du soldat Karl. Mais ils se plaisent, décident de se revoir, se découvrent des goûts communs. Une histoire d’amour commence, peut-être.

    Il faudra quelques coups de théâtre - du hasard ou du romancier – pour permettre au héros de découvrir les circonstances réelles de sa naissance, d’une part, et le mettre sur la piste d’un certain John De Baur, juriste enseignant à Columbia, auteur d’un essai, The Odyssey of Law – L’Odyssée du droit, d’autre part. Peter le lira, partira pour New York, s’inscrira sous un faux nom à ses cours, jusqu’à participer à un séminaire expérimental révélateur, qui mettra fin à sa « quête du père » dans des circonstances dramatiques.

    La dernière page du Retour tournée, je n’ai eu qu’une envie, celle de relire Le Liseur. Les liens entre les deux œuvres sont multiples. Schlink pose, dans l’une comme dans l’autre, des questions fondamentales pour un écrivain allemand contemporain, mais aussi pour chacun de ceux qui,  préoccupés par leurs rapports avec autrui et avec le monde, sont heureux de partager pour un temps les interrogations d’un personnage de roman.