[…] Vous avez organisé et développé des éléments de ma méthodologie narrative, que je m’étais contenté d’évoquer de manière désorganisée : à savoir que mon point de départ est l’image, et que le récit développe une logique interne de l’image elle-même. Vous faites remarquer à juste titre que ce processus logique, lorsqu’il est porté à son extrémité, s’éteint et s’annule dans un troisième moment : le moment de la contemplation.
[…] En bref, ce à quoi je tends, la seule chose que je voudrais pouvoir enseigner, c’est une manière de regarder, c’est-à-dire d’être au cœur du monde. Au fond, c’est la seule chose que puisse enseigner la littérature. »
Extraits de la Lettre 196 à François Wahl – Paris, de Turin, 1er décembre 1960 in Italo Calvino, Le métier d’écrire. Correspondance (1940-1985)
Commentaires
Il dit , il parle de quelque chose d'essentiel: le regard. Les gens voient, mais n'apprennent pas à regarder; il faut voir les gens lors d'une exposition......L'autre chose essentielle: l'écrivain au cœur du monde. OUI! Mais sans imposer sa façon de regarder, de voir; aujourd'hui trop de pseudos artistes nous FORCENT à penser comme eux.. Ils nous donnent leur point de vue comme étant le seul valable.
Bonjour, Anne. Ton commentaire appelle irrésistiblement la phrase de Proust : "Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition [...]".
A bientôt, l'Artisanne.
Une manière de regarder, une manière d’être au cœur du monde.., des « multiples » mondes, c’est exactement ce à quoi on devrait tous tendre.
C'est cela. Bonne journée, Mh.