A la mi-octobre, il arrivait encore à la terrasse en bois de sécher – c’était tellement plus agréable pour sortir et faire le tour des plantes, ramasser les samares du sycomore voisin (ces ailettes qui se déposent partout en abondance), suivies des premières feuilles mortes.
Les asters fleurissaient gaiement en face de mon bureau.
Mina la chatte en profitait pour s’installer près du pot où la clématite avait même refleuri sous un soleil caressant.
Puis le ciel s’est couvert davantage, laissant passer encore assez de lumière pour aviver les couleurs des arbres de l’îlot avant la chute de leurs feuilles. Enfin le vent s’est mis à souffler davantage, renversant les pots trop légers, jusque dans les cimetières parés pour la Toussaint.
Ce sont les mésanges qui sont venues les premières aux nouvelles : quoi ? pas encore de graines ? On a raccroché le silo sous une plante en boule et le lendemain, elles y étaient, les charbonnières, les bleues, à picorer un coup tout en tournant la tête pour surveiller autour d’elles, toujours sur le qui-vive.
Pendant de longues semaines, la lumière du jour s’est ternie, la pluie s’est installée. Jour après jour, les feuilles s’abandonnaient, s’envolaient sous les rafales, se posaient. Impossibles à photographier derrière les vitres perlées, les mésanges prennent leur temps pour manger quand il pleut, comme si elles se sentaient davantage en sécurité.
Bientôt un geai, puis un autre, sont venus voir si par hasard il n’y aurait pas quelque chose pour eux. Allons-y pour suspendre des boules de graisse, entre lesquelles insérer quelques arachides en coque.
C’est le rituel du matin : il n’y a qu’à attendre en s’éloignant des fenêtres pour terminer le thé du petit déjeuner. Et d’un, et de deux, et de trois…
Un geai glouton va jusqu’à s’enfoncer une coque entière dans le gosier pour en attraper une deuxième avant de s’envoler.
Désormais, une fois les allées et venues des geais terminées, les mésanges viennent à deux, à trois ; nous leur offrons les graines, elles nous offrent leurs voltiges. Un ramier opportuniste ramasse aussitôt les miettes, surtout après que les geais, faute d’arachides, reviennent piquer dans les boules à graisse en attendant mieux.
Après avoir revêtu de jour tous les gris de sa palette, il n’est pas encore cinq heures quand un ciel qui s’est déshabillé pour la nuit fait place aux couleurs du couchant. Le temps des nuits froides revient. La terrasse ne sèche plus.
Alors que je cherche quelques photos pour illustrer ce billet de saison, une merveille : un coin de ciel bleu s’élargit, les nuages s’écartent. Ce mardi midi, tout, l’îlot avec ses arbres et ses jardins, ses oiseaux, la terrasse et l’appartement prennent un fantastique bain de lumière qui réchauffe les yeux et réjouit le cœur. A seize heures, le soleil se cache derrière les nuages qui regagnent du terrain. C’est de saison.
Commentaires
tu en parles bien joliment, même si on sent que ce n'est pas ta préférée :-)
Jusqu'en octobre, j'aime l'automne, mais à partir de..novembre... En effet. Le nourrissage des oiseaux y met de la gaieté.
J’admire les personnes qui reconnaissent les oiseaux. J’aime bien ton article un peu mélancolique mais tellement bien écrit comme un poème on se laisse bercer en regardant la nature.
Une petite encyclopédie de la nature et quelques sites m'ont permis d'identifier peu à peu 18 espèces d'oiseaux qui apparaissent régulièrement dans l'îlot. Je n'avais jamais vu de geais d'aussi près avant l'hiver dernier, avec leur plume bleue si reconnaissable. Merci, Thaïs.
Merci Tania pour ton merveilleux billet, avoir la visite des oiseaux est un enchantement et tu as une vue superbe depuis ta terrasse. Que du bonheur.
Bisous et bonne journée ♥
Bonjour, Denise. Ce n'est que la 2e année de nourrissage sur notre terrasse et nous sommes enchantés de ces visites.
Alors moi je pense aux frustrations de ton chat, voir de si près les oiseaux sans pouvoir les attraper.:-))
Ouf pour les oiseaux bien sûr, et un vrai bonheur pour vous. Sont-ils les mêmes chaque année ?
C'est à cause de lui que nous ne l'avons pas fait plus tôt et le spectacle l'intéresse au plus haut point, tu l'imagines bien.
A chaque saison ses bonheurs,Observer le va-et-vient des oiseaux qui visitent ton restaurant et puis attraper le moment de ce ciel rouge-mauve pour finir la journée en beauté.
Douces contemplations automnales à suivre, Tania.
Merci, Fifi. À chaque saison ses bonheurs, belle formule !
Ce matin le ciel était d'un beau rose. Je l'ai admiré parce qu'ils se sont faits rares cette années ; la pluie a tout balayé, comme chez toi. C'est un joli spectacle ce ballet d'oiseaux sur ton balcon, des habitués sans doute. Chez moi je ne vois que des corneilles et des pigeons, je me demande où sont passés les piafs ou autres.
Merveilleux spectacles du ciel. Des pigeons, seuls les ramiers viennent faire du ramassage ici. Comme les corneilles, ils boivent dans la coupe d'eau. Une corneille essaie bien parfois de se poser entre deux barres, comme les geais, mais elle renonce vite.
Je ne nourris pas volontairement les oiseaux (j'ai un chat rapide et à l'extérieur) mais les merles apprécient les petites baies rouges des arbres et les mésanges font de l'équilibre dans les althéas défleuris et déplumés, mais pas taillés, sans doute graines et insectes sont là?! Un peu trop tôt pour les rouges gorges, les rouge queues continuent à frimer, trop rapides... Les oiseaux, cela fait plaisir!
Ah la vie au jardin, j'imagine bien ton plaisir à l'observer. Les rouges-gorges sont rares ici, j'en vois parfois un dans l'arbre derrière chez nous, en hiver. Un rougequeue se pose ici de temps à autre, plus farouche que le couple de merles.
Une saison qui t'offre des merveilles vues de ta terrasse. Les oiseaux ne se trompent pas qui savent qu'ils vont être bien accueillis. Je suis épatée de voir ces geais s'approcher autant de tes fenêtres car chez moi en pleine nature, ils ne viennent pas près des maisons (peut-être parce qu'ils ont assez à manger dans la forêt proche ?). J'en ai d'autres heureusement qui viennent aussi aux mangeoires. Ton ciel final est une merveille, c'est bien vrai que déjà à 16 heures la lumière baisse d'un coup, nous entrons dans les jours les plus courts il nous faut hiberner ! Merci pour ce joli billet
Depuis quelques années, nous apercevons des geais dans l'érable sycomore derrière chez nous. Je n'imaginais pas non plus qu'ils viendraient si près. Leur petit déjeuner vient de commencer. Bonne journée, Manou.
Oui, pour moi, c'est un rituel aussi; j'ai une mangeoire derrière la vitre de ma cuisine et les graines sont restées au chaud derrière le volet pendant la nuit, je regarde les oiseaux accourir: Mésanges et sitelles surtout, j'adore les sitelles, elles me font sourire. Je prends le petit déjeuner en les regardant, puis je sors dans le jardin approvisionner les mangeoires dehors: boules, graines, 4/4...C'est la vie du jardin, même sous les mangeoires, je vois les merles, les moineaux, L'été, je suis ravie d'entendre les oiseaux dans les arbres, les buissons, leur frou- frou...Le bonheur simple! Bon week-end, Tania!
C'est toi qui m'as encouragée à passer au nourrissage, Anne, tu en avais parlé dans un commentaire. J'ai vu pour la première fois une sittelle en forêt cette année, un bel oiseau ! 4/4 ?
Bon week-end à toi aussi.
Un billet bien mélancolique mais aussi léger. Oui, l'hiver s'annonce vraiment, même dans ma région plus au sud que la tienne... Un temps propice à la lecture et, quand il n'y a pas trop de pollution lumineuse, à la contemplation des étoiles.
Le dernier mois de l'automne est sans doute le plus mélancolique, avec ses journées trop courtes et le retour du froid. Mais quand on est à l'abri des catastrophes et des guerres, il n'y a pas matière à se plaindre. Juste chercher, comme tu l'écris, d'autres sources de lumière.
Comme toi, je n'aime pas novembre et j'attend avec patience la remontée des jours. Le nourrissage ici commence un peu plus tard. Il y a encore beaucoup de graines à picorer et quelques mésanges tiennent conciliabule dans un arbre, toujours le même et à heures fixes. Merci pour ce beau texte
C'est comme si les oiseaux étaient venus eux-mêmes donner le signal du nourrissage. Pour la première fois, aujourd'hui, un pinson des arbres est venu se poser aussi. Bon week-end, Zoë.
Quel beau billet qui fait plaisir qui incite à mettre le nez à la fenêtre merci
Les merveilles toutes simples du quotidien... Merci, Dominique.
Magnifique billet Tania, je suis surprise que tu aies des geais qui arrivent sur ta terrasse en pleine ville. L'ilot arboré doit y être pour quelque chose.
Nous n'avions plus d'oiseaux cette année vers les mangeoires jusqu'à ce que nous ayons réalisé... que le chat du voisin faisait des descentes (ou plutôt des montées) en notre absence.
Problème résolu, oiseaux revenus !
J'en ai été surprise moi-même, ils reviennent tous les matins et c'est un tel plaisir de les observer !