« Mes camarades de classe avaient raison : écrire est un mélange de n’importe quoi, en périphérie du réel, loin de la vérité, car elle n’existe pas. Et ces précieux n’importe quoi nous lient les uns aux autres, écrivains aux lecteurs, comme un serment, un contrat dont on ne respecterait qu’un terme : on se croira.
Nous sommes les enfants des romans que nous avons aimés, ils se déposent au creux de nos peines, de nos manques, ils contiennent tout ce qui se dérobe à nous, qui passe sans qu’on ait pu le comprendre, nous sommes faits d’histoires qui ne nous appartiennent pas, elles nous irriguent et nous hantent, nous qui « marchons dans la nuit au-dessous de ce qui est écrit là-haut, également insensés dans nos souhaits, dans notre joie, notre affliction » (Diderot). »
Lola Lafon, Quand tu écouteras cette chanson
Commentaires
Extrait vraiment intéressant. Ainsi que la citation de Diderot, magnifique; j'avoue: je ne la connaissais pas.
N'est-ce pas ? Il me semble que cette citation doit venir de "Jacques le Fataliste".
Il faudrait citer le roman entier :-)
C'est vrai, toutes les pages nous retiennent dans ce roman.
Très bel extrait, si tout est de cette veine, je comprends le succès de ce récit.
Le plus "habité" des récits que j'aie lus dans cette collection jusqu'à présent.
Profonde réflexion, oui, on se croira, un moment du moins, tout en sachant que c'est pas réel....superbe extrait sur la magie que les romans exercent sur nous.
Je pense aussi à une sorte de "pacte de confiance" entre écrivains et lecteurs, dans certains cas.