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  • Couleur absolue

    Soutine Femme au bain.jpg« Le peintre l’avait cherchée, la couleur absolue, l’avait cajolée, mais jamais sous sa forme pure, jamais la couleur non bigarrée. La pureté ne l’a jamais séduit. Il multiplie les intrusions, y glisse subrepticement de fines stries et fibres sanglantes, des boucles et de tendres loopings, de minuscules fleurs mauves, des veinules bleues, comme si chaque vêtement blanc était une peau somptueuse. Cela lui rappelle doucement la couleur aimée du lait. 
    Le col, les poignets de chemise de l’idiot du village ? Le surplis de l’enfant de chœur, le tablier des pâtissiers de Céret et de Cagnes, la robe de cérémonie de la petite communiante ? Sa Femme au Bain, les jupons blancs remontés bien haut, absorbant en eux tous les reflets de l’eau et toutes les couleurs ? L’apogée de la couleur absolue non bigarrée ! N’y a-t-il pas un tableau de Rembrandt qu’il aime particulièrement, et qu’il imite avec envie ? Hendrickje se baignant dans une rivière. Une femme qui entre dans l’eau et remonte sa robe blanche, découvrant ses cuisses. »

    Ralph Dutli, Le dernier voyage de Soutine

    © Chaïm Soutine (1893-1943), Femme au Bain, vers 1931,
    huile sur toile, 113 x 72,5 cm