« Nous avons pris l’habitude de passer nos fins de semaine à la campagne. Puis, pour ne pas avoir à loger dans une auberge, nous avons acheté une maisonnette à 50 kilomètres de Paris. Nous faisions par tous les temps des promenades de deux heures. Tu avais une connivence contagieuse avec tout ce qui est vivant et tu m’as appris à regarder et à aimer les champs, les bois et les animaux. Ils t’écoutaient si attentivement quand tu leur parlais que j’avais l’impression qu’ils comprenaient tes paroles. Tu me découvrais la richesse de la vie et je l’aimais à travers toi – à moins que ce ne soit l’inverse (mais ça revient au même). Peu après notre emménagement dans la maisonnette, tu as adopté un chat gris tigré qui, visiblement affamé, attendait toujours devant notre porte. Nous l’avons guéri de la gale. La première fois qu’il a sauté spontanément sur mes genoux, j’ai eu le sentiment qu’il me faisait un grand honneur. »
André Gorz, Lettre à D. Histoire d’un amour
Valerius De Saedeleer (1867-1941), La maison de mon voisin (détail)
Commentaires
je reconnais ce sentiment :-)
C'est émouvant cette "connivence contagieuse avec tout ce qui est vivant".
@ Adrienne : Je m'en doute. Bon week-end, Adrienne.
@ Colo : Oui, un passage très sensible.