« Il n’y a pas de portes. Il n’y a pas de jours. Le seul sens possible (pour le moment ?), c’est de remonter vers le passé. Et le jugement est sans fin, non pas parce que quelque divinité vous juge, mais parce que vos actions sont tout le temps jugées, de façon obsédante, par vous-même. »
Philip Roth, Indignation
Valentin Serov, Autoportrait (vers 1885)
Commentaires
un bel extrait, tania - cela me réconcilierait presque avec philip roth que j'ai lu il y a très longtemps et auquel j'ai peu accroché - sans doute manquais-je de maturité
un extrait qui donne envie
j'aime beaucoup ce portrait
@ Niki : Ses romans ne sont pas tous de la même veine, "La tache", par exemple, m'a semblé bien supérieur à "La bête qui meurt".
@ Dominique : Bien que Serov soit très éloigné du monde de Roth, j'ai choisi cet autoportrait de ses vingt ans pour sa force expressive - heureuse que tu l'aimes.
Ah ! (soupir) Peindre aussi bien que Serov, quelle grandeur.
Souvenir ému de sa "Jeune fille aux pêches" à la galerie Tretiakov.
Il existe des individus qui ne jugent jamais leurs propres actions et passent leur temps à se fabriquer d'autres portes, d'autres coupables, de façon obsédante et sans fin. Mais peut-être est-ce là aussi une manière de se donner un "seul sens possible". Qu'en penses-tu ? (Ravie de découvrir ce peintre russe, ses portraits sont splendides.)
J'ai aodré "La tache", il y dépeint l'Amérique dans toute sa splendeur...l'humour est redoutable et je ris toute seule rien qu'à l'évocation de ce roman ! Dommage qu'il arrête d'écrire, mais on le comprend bien quand on lit l'interview.
J'ai d'abord pensé en lisant ce passage que c'était une pensée de personne âgée que Roth attribuait à son jeune héros - mais dans le contexte, cette phrase s'insère dans une rumination de Marcus après sa mort, cet autre temps irréversible.
Heureuse de te retrouver, bonne soirée, MH.
Cette citation est très forte ainsi que le portrait qui va avec mais, en effet, comme le dit MH, tout le monde ne passe pas son temps à se juger, j'ai l'impression, même si je n'ai pas été dans la tête de ces présumées exceptions pour vérifier.
La critique est plus facile que l'autocritique, c'est ce que tu veux dire ? Ou bien qu'il ne faut pas s'enfermer dans le jugement permanent ? Ici c'est le propos d'une personnalité inquiète, "de façon obsédante" comme l'écrit Roth.
Il a un temps pour la critique, un temps pour l'encouragement :-)
L'un sans l'autre n'est, ni réaliste, ni bénéfique. J'aime ce beau portrait qui accompagne l'extrait de Philippe Roth !
Bien sûr, Fifi, merci pour ton commentaire. Il semble que cet autoportrait de Serov soit apprécié par tous.