J’ai vu des cygnes blancs
Striés de bleu
Couronnés d’or
Et des mouettes endeuillées
Assises au bord
De l’eau claire
J’ai vu des oiseaux noirs
Dont j’ignore le nom
Qui volaient lentement
Au ras de l’étang
Tandis que dans mes yeux
Des étoiles brillaient
Imperceptiblement
Je m’endormais
Sur l’un des bancs
En bois vert du ponton
Jacques Herman, Cygnes blancs striés de bleu
Commentaires
Somptueuse suite (sonate ? ) d'automne. La magnificence de la nature nous lave l'âme et nous en avons bien besoin.
Nature, ressource vitale. Merci d'évoquer ce cher Bergman, Zoë.
Magnifique et si reposant dans un monde si fébrile.
"Un jour nous nous embarquerons sur l'étang de nos souvenirs
Et referons pour le plaisir
Le voyage doux de la vie."
Léo Ferré
http://www.youtube.com/watch?v=bGAJPeF0jlw
Belle harmonie entre le poème et les photos, parfaite pour commencer la journée. Merci Tania !
Ce superbe ensemble me fait penser au poème, un peu long mais qu'importe, de Guillevic.
Sphère
Est-ce qu'on peut dire
Que l'eau est venue d'ailleurs?
Est-ce qu'elle n'est pas
Partout chez elle,
Toujours à demeure,
Le temps d'être là?
Si l'eau est arrivée,
Ce n'est peut-être pas,
Pas seulement,
Pour venir à cette lumière.
C'est plutôt la lumière
Qui est venue d'ailleurs.
Pour faire parler.
Où est maintenant
L'horizon?
Où
Commence l'itinéraire?
Durer, durer,
Dit l'eau.
Et la lumière
N'entend pas
Ou fait semblant.
Bien malin qui dira
Laquelle des deux,
De l'eau,
De la lumière,
Joue au mystère.
Caresse-moi,
Dit l'une.
Caresse-moi,
Dit l'autre.
En attendant.
On pourrait s'arrêter
Dit l'une, dit l'autre.
On pourrait à tout jamais
Se plaire ici.
Mais l'appel
Vous vrille.
Possible,
Dit l'eau,
Dit la lumière,
Aux voisins,
Aux voyageurs.
Possible pour vous
D'aller ailleurs
A travers nous.
Nous parlons,
Disent-elles,
D'un pays
Que nous ne connaissons pas.
Que nous soupçonnons.
Nous soupçonnons
Que c'est en vous
Qu'est ce pays
Dont nous parlons,
S'il faut vous croire.
Filtrez donc cette lagune
Dans vos appareils
Et voyez ce qu'il en reste.
C'est nous,
Disent vers le soir
La lumière et l'eau,
C'est nous,
Le point d'orgue.
Plus que l'éclair agrippant
Le sommet des vagues,
Cette soirée
Devenue point d'orgue
Nous accomplit.
Tout doit toujours Être recommencé,
Nous le savons.
Mais cela fut,
Ces noces,
Et la question
Dans le point d'orgue.
Nous repartirons.
Le temps peut-être que se taise
Le rossignol
Et crie la mouette.
Ne dites pas
Que ce point d'orgue
C'est la fatigue,
Le repos.
Nous savons, nous,
Que le repos
N'est pas possible.
Autre
Est l'extase.
Oui,
Dit l'homme
Près de ce qui est
Encore la mer
Au soleil couchant,
Oui, c'est vous
Qui nous faites rêver
De l'impossible.
Le nuage
Est un compromis
Qui vous échappera.
Dans le présent,
Il vous reçoit.
Dans le nuage
La transparence de l'eau,
Celle de la lumière
Deviennent du blanc
Qui tend au noir.
Voir
Que c'est la lumière
Qui a donné à l'eau
La force
De monter,
De voguer.
Parenté
De l'eau et de la lumière :
Le gel
Qui prend l'une et l'autre
Au petit matin.
Le cri, plus loin,
Peut-être d'un oiseau.
L'eau,
La lumière.
La glace
Est la gaieté
De votre deuil
Aux gouttières des toits.
Merci Tania.
En images et en mots ta page nous fait sentir à quel point la nature nous réconcilie et nous apaise ! J'aime beaucoup ! Belle journée, Tania !
En images et en mots ta page nous fait sentir à quel point la nature nous réconcilie et nous apaise ! J'aime beaucoup ! Belle journée, Tania !
@ Gérard : Oh, merci Gérard pour "L'étang chimérique".
@ Aifelle : Bonne et douce journée, Aifelle.
@ Colo : Amie, quel beau et grand poème, en parfaite correspondance ! Je ne le connaissais pas et le lis dans l'enchantement.
@ Fifi : Merci pour ton passage et belle journée à toi.
"Imperceptiblement je m'endormais...", comme ces mots viennent à point devant la nature qui fane et se retire en elle-même.
Que nos yeux se ferment lentement alors que s'éteignent les feux de l'automne...
Aurions-nous trace en nous de ces mammifères qui hibernent ?
je suppose que les photos viennent de la balade précédente et elles mettent parfaitement en valeur ce poème et je passe un moment moi aussi assise au bord du ponton
Voici un carrefour de la vie qui nous ouvre les yeux afin que nous puissions nous épanouir devant le « Beau » qui existe sur notre Terre. Je suis assuré que beaucoup ont déjà flairé, tout comme moi, la noblesse de ces écrits. Je vous remercie de ces cadeaux.
@ Christw : Sans aucun doute, nous en sommes, et nous avons besoin de lumière. Fermer les yeux sous le soleil, c'est délicieux. Bonne après-midi.
@ Dominique : Oui, Dominique, ce sont des photos prises la semaine dernière au Rouge-Cloître. Et quand j'ai trouvé ce poème - clic, c'était cela.
@ Christian Jean Collard : Bienvenue, Christian. Heureuse que vous appréciiez ce billet poétique.
Quelle belle harmonie entre le poème et la beauté des photos, un enchantement !
Merci, Pâques, à bientôt.
Tout est signe pour qui sait regarder.
Oh ! Parfait. Merci.
Un beau texte. Merci
Un texte qui m'a fait découvrir Jacques Herman, né à Tirlemont en 1948, "artiste peintre, historien, poète et enseignant vaudois." (Wikipedia)
Et bien tu vois je préfère tes photos (surtout la 2e sur ce billet ; elle est tellement belle !) aux toiles que tu présentes plus haut qui sont fantastiques, certes, mais qui ne me parlent pas parce qu'elles évoquent la ville, la prison, des univers compartimentés, les plans des géomètres et des mondes trop éloignés de la nature pour moi.
Cependant l'idée des bouts de toile cousus est géniale et la réalisation admirable.
Ah mais c'est vrai que tu m'avais prévenue sur le billet précédent ! Tu as repéré mes goûts, alors... Gasp, je suis démasquée ! :)
J'aime aussi beaucoup les paysages de Klimt, donc c'était facile de deviner...