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Tout est dit

« Tout est dit. Écrire ne sert à rien. L’écrivain est l’être le moins utile de la terre. Il sert à tout puisqu’il ne sert à rien. Le monde ne peut rien pour lui. L’écrivain ne peut rien pour le monde. Les livres sont comme le vent. Un livre est la lumière du monde. Il rend les choses plus belles. Il est ce que l’homme, depuis la nuit des temps, fait de mieux. Le vent ne sert à rien. C’est comme la buée. C’est comme le vide. C’est comme le rêve. C’est comme la vie. L’écrivain aujourd’hui ne sert à rien. Il est indispensable comme le beau temps. »

 

Patrick Roegiers, Ecrire ne sert à rien
(La Libre Belgique/Lire, Etre écrivain aujourd'hui, 4/6/2012)

Lumière après la pluie.jpg

 

 

 

Commentaires

  • L'écrivain ne sert qu'à démontrer à quel point la gratuité est source de félicité. Réaliser ce qui n'a aucun prix, quel plaisir.

  • Sylvie Germain :
    - "Ecrire est le plus sérieux des jeux. Dans le territoire du roman, on écrit un peu à la façon dont on joue à la marelle, on pousse les mots de ligne en ligne, de page en page, on avance à cloche-main, et les espaces traversés ne sont pas sans danger."

  • @ Zoë Lucider : Merci, Zoë, pour la justesse de ce commentaire.

    @ JEA : Un jeu indispensable, oui.

    @ La bacchante : Avec ou sans consignes. A bientôt pour lire ton défi du jour.

  • Ecrire ne sert à rien mais ne pas écrire non plus. Ecrire c'est comme respirer. C'est quand on s'arrête qu'on s'aperçoit qu'on manque d'air.

  • @ Gérard : Quel beau prolongement au texte de Roegiers ! N'arrêtons pas, Gérard, bonne journée.

  • Tout est dit et l'on viendrait trop tard ?
    Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage.
    Il n'y a rien de plus utile que l'inutile. Il fait rêver.
    L'écriture n'est-elle pas la découverte d'un monde parallèle ?

  • Tout coule, everything flows, panta rei, rien ne sert à quelque chose, écrire ne sert à rien etc etc... que de mauvaise foi ;-)
    Comme Henri Michaux, Roegiers a quitté la Belgique ;-) et il écrit le mal du pays, son dada, son chagrin. C'est tout de même que ça sert à quelque chose, je ne peux pas croire qu'il n'y croit pas un peu, pareil pour tous les écrivains !! Chacun d'eux a ses dadas et chacun s'y accroche, quitte à s'accrocher "à la gratuité, source de félicité". Ils connaissent sûrement les affres du doute et du vide mais au fond d'eux, ils y croient.
    Ce passage est juste très joli ;-)

  • @ Fifi : Double défense de l'écriture - merci, Fifi.

    @ MH : Merci de réagir, MH. Du moins utile à l'indispensable, Roegiers joue avec les mots, à sa manière provovatrice. Je me souviens de lui avec des cheveux verts, le Baudelaire de "Pauvre B..." au Théâtre de l'Esprit Frappeur !
    Pour le "Belgicophile et belgicophage" (dixit Guy Duplat), voici un lien pour ceux qui voudraient faire connaissance :
    http://www.lalibre.be/culture/livres/article/102189/belgicophile-et-belgicophage.html

  • Je retrouve ceci de Charles Juliet: "... Quand on écrit, on donne à l'autre ce qu'il possède et qu'il ne savait pas posséder. On a tous fait cette expérience en tant que lecteur. Une sorte de plénitude qu'on ressent dans un livre. ..."
    Indispensable livre par l'écrivain qui ne sert à rien...

  • L'écriture comme don, j'y souscris. Vous n'êtes pas le premier à me parler de Charles Juliet, dont je n'ai rien lu encore. Un titre à suggérer ?

  • Il y a bien sûr "L'année de l'éveil" (1989), mais aussi son journal publié chez POL (un peu dans le désordre), on en est au tome 6 je crois. Je vous conseille "L'inattendu" et "Lambeaux" dont j'ai un beau souvenir et que je ne retrouve malheureusement pas. Il y dit beaucoup sur l'écriture.
    L'extrait que je cite est extrait d'un entretien avec Christian Bobin, dans "L'Autre Journal"(1993).

  • Merci beaucoup pour ces titres, Christw. C'est de son Journal que quelqu'un m'avait parlé. Bon dimanche.

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