La marquise de Merteuil à une correspondante inconnue
« Je pourrais scruter assez longtemps les taillis qui entourent mon jardin pour y découvrir, dans le tourbillon des feuilles et des rameaux, entre les taches mouvantes d’ombre et de lumière et dans les trouées toujours changeantes du feuillage, une silhouette à l’aise dans des vêtements lâches dégageant le pied, une femme aux cheveux courts, flottants, qui marche à pas rapides lorsqu’elle en a envie, et qui peut parcourir seule, librement, tous les sentiers ; une femme qui existe dans une autre réalité et pour qui je suis – telle que me voici – aussi étrange qu’une découverte archéologique. »
Hella S. Haasse, Une liaison dangereuse – Lettres de La Haye
La marquise de Merteuil (Glenn Close) de Stephen Frears
Commentaires
Très beau passage, j'ai lu attentivement ton billet précédent, j'ai bien envie de me procurer ce roman. L'idée est originale.
@ Aifelle : Roman ou essai romanesque, il est plein d'observations et de réflexions stimulantes, en effet. Haasse a le chic pour sortir des sentiers battus. Pour info, il existe en format de poche. Bon week-end, Aifelle.
Quand les arbres écrivent l'hypothèse d'une autre vie...
Une autre réalité, cette possibilité de vivre plusieurs vies en une, la création et l'imaginaire.
Excellent week-end.
@ La bacchante : Haasse fait vivre les feuillages et l'imaginaire, oui.
@ Colo : Que serions-nous sans cette folle du logis ? Les éclaircies sont revenues ici, et chez toi, j'espère. Bon week-end à toi aussi.
Étonnant décolleté pigeonnant de Glenn Close. Une époque où on découvrait le sein et on cachait la jambe.
@ Zoë Lucider : Tartuffe s'en serait étranglé ! Etonnante, l'histoire des pudeurs et des modes, en effet. (L'adaptation cinématographique de Frears est un régal, et Glenn Close y est parfaite comme toute la distribution.)
Un grand texte de par l'écriture, à l'opposé de "La Princesse de Clèves" qui ne lui était proche que par une facture aussi remarquable. Nous sommes loin des écrits d'aujourd'hui. Quel délice de lire ces phrases d'une puissante élégance, aux notations si fines, aux déliés si adroits et si perspicaces. C'est tout un monde de grand raffinement qui apparaît là avec ses vices et ses vertus, les uns n'étant pas toujours l'envers des autres. Et la photo de Glenn Close correspond idéalement au personnage. Dommage je n'ai pas vu le film.
@ Armelle B. : Haasse donne envie de relire Laclos - c'est superbement écrit, c'est vrai. (Pas vu le film de Frears ? Une belle découverte à faire en DVD peut-être ?)
Tu connais Quarttet d'Heiner Müller?
@ La bacchante : Eh bien, je ne l'ai jamais lu ni vu, mais le duo Sami Frey - Jeanne Moreau m'a laissée rêveuse. Merci de me le rappeler. Tu as aimé ?
Ni lu ni vu. J'en ai entendu parler aujourd'hui.