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Fraternel

« Enfin, pour la mélancolie, voyez Dürer. Tous les traités d’histoire de l’art le crient. Nul comme Dürer n’a su rendre Job à sa mélancolie. La concurrence est grande pourtant. Songez que le mot même « mélancolie » apparaît dès la deuxième ligne de l’imposant album que Samuel Terrien a consacré à l’iconographie de Job à travers les temps. Dürer y concentre l’essentiel de sa souffrance, loin du spectacle des ulcères. Du moins les situe-t-il à l’intérieur, du côté de ce qui ronge l’âme et le sang. Il suffit de regarder deux panneaux du retable Jabach au Städelsches Kunstinstitut de Francfort et au Wallraf-Richartz Museum de Cologne : Job y est rongé par la mélancolie. Jusqu’à présent, sa passion était identifiée à celle du Christ. Dürer nous le rend fraternel par sa faiblesse même. Soudain il est des nôtres. D’autant que les musiciens lui font cortège, qui espèrent le ramener dans le bonheur. »

 

Pierre Assouline, Vies de Job 

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Albrecht Dürer, Job moqué par sa femme.

 

 

Commentaires

  • Merci Tania.
    Ce regard d'Assouline sur le retable, sur la mélancolie de Job est lumineuse.

  • @ Colo : Merci à toi. Lumineuse aussi, la journée qui s'annonce, froide et transparente.

  • Chère Tania, comment faites-vous pour lire tous ces livres et en livrer une telle quintessence. Je suis très admirative. Je viens de terminer Exit le fantôme (P. Roth). O' vieillesse ennemie. Job le résigné ou job le sage ?

  • @ Zoë Lucider : Chère Zoë, pas un jour sans lire - merci. Pas encore abordé le fantôme de Ph. Roth, mais la musique de "L'Eternité et un jour" d'Angelopoulos me trotte en tête.

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